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Christoblog

Articles avec #sergey dvortsevoy

Ayka

Ayka est une plongée en apnée dans une Moscou glauque et boueuse, une sorte de toboggan sordide dans lequel on se laisse glisser sans opportunité de faire marche arrière ou même de freiner, un canto doloriste dans lequel une Madonne orientale tente de ne pas subir un calvaire qui paraît pourtant inévitable.

Par bien des aspects, Ayka pourra rebuter : certains lui reprocheront une accumulation de malheurs plus dégueulasses les uns que les autres, d'autres trouveront que le style caméra à l'épaule pour suivre une pauvre victime a été à la fois initié et conclu par les Dardenne avec Rosetta.

Il y a pourtant dans ce film bien des éléments intéressants pourvu qu'on ne soit pas trop sensible aux hémorragies internes et à l'injustice : une façon de filmer proche de la virtuosité, une urgence fiévreuse qui capte à merveille l'âme russe et son âpreté, une interprétation exceptionnelle qui a valu à Samal Yeslyamova le prix d'interprétation féminine à Cannes et enfin l'impression que chaque minute peut être la dernière de sa vie si Ayka prend la mauvaise décision.

Dur mais beau.

Sergey Dvortsevoy sur Christoblog : Tulpan - 2009 (**)

 

2e

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Tulpan

Le personnage principal de Tulpan est la steppe kazakhe.

Le paysage dans lequel se déroule le film est en effet fascinant : plus plat, je ne crois pas que ce soit possible.

La ligne d'horizon, parfaitement horizontale, sépare exactement deux mondes : celui d'en-bas, monotone, dans lequel une yourte apparaît de loin en loin, un cauchemar pour le chef opérateur, car rien n'accroche le cadre, et celui d'en haut, plus changeant, avec ses orages, ses nuages, ses tornades.

Asa est un jeune homme qui revient d'un séjour dans la marine pour habiter chez sa soeur, son beau-frère, et leurs 4 enfants. Pour s'installer il lui faut un troupeau, pour avoir un troupeau il lui faut une femme. La première disponible s'appelle Tulpan, elle habite avec ses vieux parents à une journée de tracteur. Hélas, les oreilles d'Asa ne plaisent pas à Tulpan...

Le film vaut plus par son ambiance que par son scénario. La façon dont les personnages sont isolés dans l'immensité est poignante, la puissance de la nature y est directement sensible, comme en mer. On se rend parfaitement compte de l'interdépendance des êtres humains entre eux, et de leur lien fusionnel avec les bêtes du troupeau.

Asa qui n'a ni yourte, ni femme, ni troupeau n'arrive pas trouver sa place. Dans l'intimité de la yourte familiale où chacun dort côte à côte, il gêne. Il n'est pas compétent en tant que berger. Dans cet environnement impitoyable l'inutilité sociale est elle tenable ? Asa partira-t'il à la ville, à 500 km de là ? restera-t'il ? Voilà en résumé l'enjeu de la deuxième partie d'un film intéressant, même si certaines de ses scènes auraient gagné à être légèrement raccourcies.

 

2e

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