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Christoblog

Articles avec #pablo larrain

Maria

En se concentrant sur les derniers jours de la Callas, Pablo Larrain poursuit son exploration de la psyché de grands personnages féminins, après Jackie Kennedy et Lady Diana, en évitant toujours soigneusement les pièges grossiers du biopic.

Son style opératique, toujours d'un goût très sûr et magnant avec élégance l'emphase aussi bien que la litote, trouve ici l'occasion de s'exprimer avec justesse. Nous sommes littéralement dans la tête de Maria, avons avec elle d'étranges visions, revivons quelques moments clés de sa vie et ressentons cette dissociation progressive de l'esprit, du corps et de la voix.

Angelina Jolie est époustouflante d'élégance, Pierfrancesco Favino et Alba Rohrwacher sont formidables en domestiques souffre-douleurs énamourés de leur maîtresse, il faut dire captivante.

Le film possède certes un caractère un peu artificiel et compassé, mais ce style se marrie très bien au sujet, transformant l'agonie lente de la star en une sorte de marche funèbre d'une grande beauté : on appréciera l'exercice si on se laisse griser par les relents capiteux de la mort qui approche pour s'emparer d'une beauté déjà en partie disparue. 

 Pablo Larrain sur Christoblog : No - 2012 (***) / El club - 2015 (****) / Neruda - 2016 (***) / Jackie - 2016 (**)

 

3e

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Jackie

De film en film Pablo Larrain s'affirme comme un réalisateur non seulement hyper-doué, mais aussi de plus en plus bankable

Après ses premières productions chiliennes plutôt austères et politiques, le voici qui tourne maintenant avec une star américaine un film américain sur une icône américaine.

Le résultat est toujours aussi séduisant esthétiquement et aussi audacieux dans sa structure : on suit Jackie Kennedy dans les 48 heures qui suivent l'assasinat de son mari, par le biais de nombreux flashbacks insérés dans une interview postérieure.

Si le début du film m'a bluffé par la qualité de sa photo, la composition saisissante de l'actrice et la précision méticuleuse de la reconstitution, j'ai trouvé au fur et à mesure du film que Larrain peinait un peu à renouveler le propos de son récit. Le film, aussi beau et réussi soit-il, finit par donner une impression de redite et entraîne sur la fin un peu de lassitude.

Jackie reste cependant un morceau de cinéma remarquable, bien que moins ambitieux que Neruda et moins déstabilisant que El club, les deux dernières oeuvres du réalisateur chilien.

 

2e

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Neruda

Projet d'une ambition folle, mêlant un propos politique d'une précision extrême (déroutant pour le néophyte) et une maestria en terme de réalisation qui laisse pantois, Neruda pourra abandonner sur le bord de la route plus d'un spectateur. 

Il faut en effet s'accrocher pour ne pas se perdre dans le découpage tarabiscoté du film, qu'on l'envisage dans sa totalité (le film n'est qu'une immense rêverie lacunaire qui met en scène une création de Neruda) ou à l'intérieur de chaque séquence (la même conversation peut être poursuivies par les personnages dans des lieux différents).

Le résultat est une marqueterie délicate et éthérée, aux aspects tantôt fantomatiques (les flous, les surexpositions), tantôt rutilants (les travelings circulaires, les couleurs chaudes, les décors dans la maison).

C'est presque miraculeux que de ce fatras grouillant et brillant ressorte une image nette de Neruda, assez iconoclaste : cynique, dur avec les femmes, distant.

La toute fin du film, avec son onirisme plutôt "bon marché", gâche un peu à mon sens l'esthétique spectaculairement réussie que le film affichait jusque là.

 

3e

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El club

Pablo Larraín s'affirme de film en film comme un immense réalisateur.

Avec ce petit bijou, tourné en vitesse entre deux projets plus importants, il nous scotche littéralement à notre siège.

Le début du film est sidérant : quatre prêtres catholiques sont retirés dans une maison en bord de mer, gardés par une soeur.

Qu'ont-ils fait ? Sont-ils prisonniers, malades ou en retraite ? On est littéralement happé par les tronches des acteurs et la mise en place de l'histoire. La mise en scène est magistrale, la photographie somptueuse, avec ses nuances de surexposition blanchâtre et son aspect éteint. On sent en quelques plans à quel point Pablo Larrain est doué pour installer une ambiance et raconter une histoire, en réussissant une parfaite osmose entre le jeu de ses acteurs (remarquables), les images pleines de force, la musique suggestive (classique dépouillé ou jazz aérien) et la profondeur des sentiments en jeu.

Après un début captivant mené sur un rythme d'enfer, l'arrivée d'un nouveau père dans la petite communauté va changer la tonalité du film, qui devient alors plus instrospectif, puis plus baroque. La fin est totalement inattendue. 

Cette oeuvre dépouillée va chercher haut dans les cintres de la foi des turpitudes qui pourront choquer les spectateurs : il ne faut probablement en conseiller la vision qu'aux aventuriers cinéphiles amateurs de sensations fortes. Pour ceux-ci, la jouissance esthétique sera extrême.

 

4e

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No

No est un film à l'esthétique très surprenante (format carré, image un peu sale façon Super 8). Une fois passé le moment de surprise que cause ce parti-pris osé, on entre pleinement dans le film, et au fil de son déroulement il faut reconnaître que l'aspect particulier de No contribue en partie à son charme.

Ceci étant dit, un aspect visuel "normal" assurerait sans nul doute une bien plus grande diffusion au film.

Le sujet de No est à la fois original et captivant : comment un jeune publicitaire innovant arrive à faire gagner le Non lors du référendum organisé par Pinochet sous la pression internationale, en 1988.

C'est vif, alerte, et, en matière de pub, passionant comme les meilleurs cas exposés dans Mad Men. Le film est littéralement porté par un Gael Garcia Bernal magnétique, par ailleurs coproducteur du film. On est tout du long pris par le suspense de la campagne (encore plus quand, comme moi, on ignore les circonstances de cet épisode historique). L'affrontement des deux camps par spots télévisés interposés est palpitant.

Le film suprend aussi agréablement par l'aspect réaliste de ces reconstitutions, en particulier de manifestation, et par la qualité d'interprétation de tous les seconds rôles.

Un beau moment de cinéma, un cinéaste (Pablo Larrain) à découvrir.

 

3e

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