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Articles avec #en voyage

J'ai croisé Agnès Varda passage Pommeraye à Nantes

Varda2-copie-1

Dans le cadre du Voyage à Nantes, manifestation culturelle intégrée à l'échelle d'une ville, je me promenai cet après-midi passage Pommeraye, quand je tombai sur Agnès Varda, facilement reconnaissable à sa curieuse chevelure bicolore.

 

"Agnès, mais que fais-tu donc ici ?"

 

Bon, alors, au tombereau d'incultes lillois ou marseillais qui échoueraient sur ce blog, il me faut préciser :

- qu'Agnès Varda fut l'épouse du (éternellement) regretté Jacques Demy Pommeraye

- que le passage Pommeraye, outre qu'il soit un passage couvert comme peu de villes européennes peuvent s'en targuer (avec un dénivelé de 9m40 qui plus est), est un must de l'imaginaire nantais et français, faisant partie intégrante du patrimoine artistique mondial

 

Donc, dans ce lieu emblématique, Agnès aurait pu me répondre qu'elle proposait une installation reconstituant le magasin de téléviseur que tenait Michel Piccoli dans le chef d'oeuvre de Demy Une chambre en ville. Et effectivement, tout y est : cette infâme couleur verte, quelque part entre Babar et Ireland forever, ces télévisions éventrées, plusieurs extraits du film (cf ci-dessous le visage halluciné de Piccoli), et une installation de 6 téléviseurs présentant des choses confuses et importantes que vous aurez l'occasion de détailler si vous venez à Nantes.

 

Plus haut, Agnès Varda a conçu une installation extrêmement touchante sur les squatts. C'est brillant et intelligent, en plus d'être beau, à son image.

 

Voilà, maintenant, au boulot, vous n'avez plus qu'à venir à Nantes.

 

Varda3

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Exposition Kubrick à la Cinémathèque

Lisa et Louise Burns. Collection Christophe L.Visiter une exposition sur Kubrick, c'est un peu comme imaginer la musique de Mozart en regardant un piano.

Cela ne donne un aperçu que très lointain du génie de l'artiste et des qualités de son oeuvre (rythme, catharsis, mouvement...).


On se sent donc archéologue lorsqu'on pénètre dans l'exposition, muni de sa truelle conceptuelle et de son petit marteau mémoriel, empli de la curiosité malsaine et agréable de celui qui va pénétrer dans un tombeau jusque là inviolé.

 

Premier choc : les objets de tournage. Leur matérialité brute s'impose à nous et ils fonctionnent comme des madeleines de Proust. Ainsi, les robes des petites filles de Shining, exposées dans une vitrine bizarrement éclairée, glacent le sang.

 

Deuxième choc : les objets utilisés par Kubrick pour préparer ses tournages. Ils montrent avec une évidence incontournable que le cinéaste était un maniaque obsessionnel de premier plan, comme on en voit peu. Photo de repérage où le cadrage est indiqué au millimètre près, plan d'une rue pour Eyes wide shut sur lequel Kubrick a scrupuleusement indiqué le type et le nom de chaque magasin, maquette de la salle de commandement de Docteur Folamour ou du labyrinthe de Shining, tout est minutieusement préparé et aucune place ne semble laissée au hasard.

 

Troisième choc : les très belles salles consacrées aux films non tournés, aux rêves de films. On découvre ainsi les décors d'AI (finalement réalisé par Spielberg), les essais de costume de l'actrice principale pour Aryan papers, et surtout le matériel préparatoire pour ce que Kubrick disait devoir être (la modestie ne l'étouffait pas) le plus grand film jamais réalisé, son Napoléon. Il faut voir cet immense papier ou chaque petit carreau de 5 millimètres représente 72 secondes d'un film qui devait durer pratiquement 4 heures, avec indication pour chacun d'entre eux de la scène concernée. Ou le meuble qui contient des milliers de petites fiches colorées rassemblant les notes que Kubrick prenait sur Napoléon. Vertigineux, inquiétant. 

 

Quatrième choc : l'évidence que Kubrick sentait parfaitement son époque. A la fois pour la heurter (Docteur Folamour en pleine guerre froide, Lolita et Orange mécanique censurés dans plusieurs pays) ou la devancer (les innovations technologiques comme cet objectif inventé pour filmer les scènes éclairées de simples bougies dans Barry Lyndon, les photos magnifique du photographe Weegee, l'implication de grandes marques dans le design de 2001, l'Odyssée de l'Espace).

 

L'expo ne donne donc pas à « sentir » les films, mais en projetant leur reflet intellectualisé sur l'écran de notre mémoire, elle nous donne envie de nous replonger dans l'oeuvre, histoire de vérifier que cette précision d'horloger engendre bien au final l'émotion dont on a gardé le souvenir.

 

4e

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Ghibli Museum, Mitaka, Japon

Ghibli 1J'y étais (la preuve à gauche).

D'abord, il faut réserver sa place de France, par le biais d'une agence spécialisée. ensuite il faut se débrouiller pour trouver le bon train au départ de Tokyo (Chuo line) qui part de la bonne gare (Shinjuku) vers la bonne direction. Puis s'arrêter au bon endroit (Mitaka, à 20 minutes de la capitale) et trouver enfin le bus. Tout un parcours initiatique pour les vrais fans de Miyazaki : pénétrer dans l'antre du créateur de Totoro se mérite.

Ce qu'on visite est bien un musée, et non les studios eux-mêmes.

L'ambiance est très cohérente avec les oeuvres du maître : passage un peu mystérieux où les adultes doivent se pencher pour accéder à des pièces minuscules, escaliers de fer forgé, ascenseurs apparents, vitraux vieille Europe représentant si on les regarde de plus près les dessins animés du studio.

Au rez-de-chaussée on voit des installations spectaculaires et belles qui montrent comment fonctionne un dessin animé à l'aide de stroboscopes (sacrée persistance rétinienne !).

A l'étage ce sont les oeuvres du studio Ghibli qui sont évoquées à travers des dessins préparatoires, des aquarelles (magnifiques !), des planches peintes, des storyboards (eh oui, vous êtes vraiment là au coeur de la création). Le tout est présenté dans des pièces simulant les bureaux ou ateliers des artistes : cendriers débordants, nombre de livres sur l'Europe occidentale impressionnant, maquettes de machine volante, anciennes gravures, nuanciers, pots de verre remplis de centaines de crayons de couleur, etc.

Les tout petits trouvent des aires de jeu où s'amuser, dans le chat-bus de Totoro par exemple, transformé en peluche géante.
 
L'architecture est sympa, faite de recoins, de fresques bizarres, et de plein de détails à rechercher : petits personnages Ghibli 2dissimulés, lézard peint sur un mur...

Dans une vraie de salle de ciné on voit un court-métrage inédit reprenant les personnages et le monde de Totoro : les chat-bus se transforment ici en TGV, en mille et une pattes, en Air-chat-bus, conduisant jusqu'à un félidé monstrueux caché au sein d'une forêt (presque) impénétrable et dont le visage à l'expressivité de la grand-mère dans Le voyage de Chihiro. 

L'orage menace, on nous interdit de nous rendre sur la terrasse (cf photo ci contre, vous remarquez les robots métalliques issus si je ne me trompe pas du Château dans le ciel), donc j'achète des peluches de Totoro (la star absolue du musée) et une maquette du fameux avion de Porco Rosso : un Savoia S 21 un peu trafiqué. Vous pouvez aussi acheter une réplique du fusil de Nausicaa pour la modeste somme de ... 2000 euros.

C'est beaucoup plus petit et plus beau que Disneyland, et mille fois plus classe.

 

4e

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