Rude boy
Rude boy est une sorte de film culte. Tourné en 1980, il est un peu l'ancêtre de ce qu'on appellerait aujourd'hui une docu-fiction. Il nous présente la vie de Ray, raté quasi
intégral, alcoolique, travaillant dans un sex shop, et qui a des idées plutôt raciste. Ray devient un peu par hasard roadie des Clash, mais brille par son incompétence (il a du mal avec les
écrous) et sa capacité à draguer les filles dans les concerts.
Le scénario est donc inintéressant au possible mais le film vaut d'être vu pour deux raisons :
1 - Il nous présente un tableau passionnant de l'Angleterre de la fin des années 70. On a un peu oublié aujourd'hui combien l'extrême droite (le National Front) était présente, et comment
Thatcher a surfé sur cette tendance pour accéder au pouvoir : les images d'archive montrant ses discours sont exemplaires. On a aussi oublié combien la vie semblait morne et à quel point le
mouvement punk était vraiment révolutionnaire dans ce contexte.
2 - Voir les Clash en début de carrière, zonant de salle miteuse en hôtel cheap, est quelque chose de fascinant. Le groupe dégage une impression d'énergie brute comme probablement aucun autre ne
l'a jamais fait. Car derrière le génial et regretté Joe Strummer (ses 2 improvisations au piano montrent combien ce gars était possédé par la musique), c'est un gang nerveux comme un electro-choc
qu'on voit dans des scènes de concert stupéfiantes. Un Mick Jones génial (ah cette interprétation, seul au micro, de Stay Free), un Paul Simonon monté sur des échasses d'épileptiques et un Topper
Headon s'entraînant sur un punching ball comme si sa vie en dépendait. Un commando de mecs secs comme des brindilles, arborant des T-shirt des Brigades Rouges sans savoir exactement ce qu'elles
sont, qu'on croirait branchés sur le 220 volts et semblant foncer dans une Angleterre quasi fasciste comme un TGV insouciant.
Le plus grand groupe du monde ?
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