Le tableau
L'animation française confirme d'année en année sa bonne
santé. Après Michel Ocelot, Jacques Rémy Girerd, et Sylvain Chomet (entre autres), voici donc le nouveau film d'un réalisateur rare : Jean François Laguionie, 72 ans.
Nous sommes dans un tableau. Trois sortes de personnages : les Toupins (qui sont tout peints), les Pafinis (qui ne sont pas finis) et les Reufs (au stade de l'esquisse). Le début du film, qui nous présente les rapports entre ces trois castes, est passionnant. On sent que ce monde est riche en métaphores de divers types (les classes sociales, la discrimination raciale, le passage de l'enfance à l'âge adulte).
Ce qui enchante également, c'est l'incroyable talent de coloriste que révèle le film. Certains plans sont d'une beauté irréelle.
Dans un deuxième temps, trois personnages vont chercher à s'échapper du tableau pour retrouver le peintre, et faire en sorte que chacun puisse être terminé. Si cette quête réserve quelques très beaux plans (comme la chute hors du cadre), on pourra la trouver un peu plus lassante, et moins originale que la première partie. Le rythme du film dans sa partie médiane souffre donc d'une chute de régime, qui rend plus évident l'aspect rustique de l'animation elle-même.
La fin manque un peu de sel : changer de couleur pour changer de classe parait un raccourci un peu simplificateur, voire douteux, si on l'applique aux couleurs de peau humaines (je n'ai pu m'empêcher de penser à Michael Jackson). D'une certaine façon j'aurais préféré pour la beauté du geste que les Pafinis mettent un point d'honneur à rester Pafinis (ce que fait d'ailleurs la jeune fille qui s'échappe à la fin du film).
Ces petites réserves ne doivent pas vous empêcher d'aller voir ce film étonnant et plastiquement très réussi, qui vaut le coup d'oeil.
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