Le grand soir
Il y a quelque chose de profondément déplaisant dans ce film du duo Delépine /
Kervern. Un manque de respect envers les personnages, le scénario, les spectateurs, le mouvement punk et même le cinéma.
Rien ne fonctionne, tout est artificiel dans ce pensum : les acteurs sont grotesques (Dupontel se rend copieusement ridicule à plusieurs reprises / je veux bien dire Dupontel, non son personnage), les différentes scénettes se résument le plus souvent à l'expression d'une idée grossièrement filmée.
Exemple : je vais filmer deux conversations qui se superposent, je vais utiliser les écrans de surveillance dans mon film, je vais filmer un pendu dans un manège...
Pour donner un peu d'épaisseur à leurs poncifs, Delépine et Kervern pratiquent le guest dropping comme d'autres le name dropping : ils invitent donc Didier Wampas, Bouli Lanners, Brigitte Fontaine, Yolande Moreau, Barbet Schroeter, et même ce gros plouc poujadiste qu'est devenu Depardieu.
Il y a dans tout cela une suffisance béate, un air de précieux ridicules qui consiste à se croire Depardon quand on cadre un paysage de zone commerciale.
Quand au message du film, quel est-il ? Qu'il faut se libérer des chaînes de la consommation en jetant les caddies de supermarchés dans les champs et en précipitant une botte de foin enflammée vers la caméra. Révolutionnaires au petit pied, contempteurs chroniques et mesquins, les réalisateurs nous ennuient. Quand aux vrais punks, il se retourneront dans leur tombe historique en voyant leur mouvement grossièrement caricaturé par ces tristes guignolades.
Le grand soir, film le plus laid de 2012 ? C'est probable.
Delépine / Kervern sur Christoblog : Mammuth
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