La fille de nulle part
Film étonnant, porteur de beaucoup de promesses, puis s'écrasant sur la conscience du cinéphile comme une
crotte d'oiseau sur un pare-brise de voiture, le dernier film du sulfureux Jean-Claude Brisseau est un épiphénomène critique classique. On s'extasie devant ce qui est original, parce que c'est
original. Du coup le film a obtenu le Léopard d'or à Locarno.
La fille de nulle part a été tourné avec un budget dérisoire et les anecdotes de tournage ne manquent pas. Vous savez, celles qui font style fauché mais doué, du genre : "Le film a été tourné dans l'appartement de Brisseau" ou "Les travellings étaient réalisés avec une poussette".
Le fait est que les limites techniques du film sont évidentes : prises de son catastrophiques à l'extérieur, effets surnaturels un peu bricolés. Mais le pire est sans nul doute le jeu de Brisseau en tant qu'acteur, qui est véritablement terrible : il récite son texte comme un élève de 5ème en apprentissage. Au début du film, on imagine que cela fait partie d'un dispositif qui viserait à inventer une sorte de croisement entre les dialogues de Mouret et le style Ruiz, mais cela s'estompe rapidement pour devenir simplement énervant.
Quant au fond du film, il intrigue au début : une jeune fille SDF entre dans la vie d'un professeur de maths veuf à la retraite, qui est en train décrire un livre sur les croyances. L'arrivée de la jeune fille s'accompagne de phénomènes surnaturels que le vieil homme refuse de considérer comme tels. Malheureusement, les élucubrations métaphysiques de Brisseau révèlent petit à petit leur inconsistance, et le scénario part progressivement en quenouille pour échouer lamentablement dans les pires poncifs.
Bien essayé, mais raté.
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