La belle endormie
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La belle endormie est construit autour d'un fait divers qui a divisé l'Italie : l'histoire d'Eluana Englaro, jeune fille plongée dans le coma depuis 17 ans, que son père a décidé de "débrancher", provoquant la colère du Vatican et moult débats, y compris au Parlement, tenté de légiférer en urgence.
Marco Bellocchio ne montre à aucun moment Eluana ou sa famille, mais construit une fiction ample et romanesque autour de plusieurs personnages en rapport avec cette affaire, mais sans liens entre eux : un sénateur, sa fille, un couple de frères dont un est bipolaire, un médecin, une droguée, une actrice dont la fille est également dans le coma (splendide Isabelle Huppert).
On suit avec intérêt l'évolution de tous ces personnages, qui en quelques jours traversent plusieurs états d'âme, et doivent faire face à des décisions fondamentales, de plusieurs types.
Même si les histoires sont d'intérêt très inégal, j'ai été franchement séduit par la mise en scène de Bellocchio (on pense parfois à l'Almodovar de Parle avec elle, évidemment), et par l'intensité qu'il réussit à donner à certaines scènes. Alba Rohrwacher m'a tapé une fois de plus dans l'oeil, son interprétation est à la fois fine et dense.
Le film est aussi clairement politique, et profondément critique envers l'influence de la religion catholique. Certaines scènes sont édifiantes, comme celle dans laquelle on voit les sénateurs suivre les débats de leur sauna, comme directement sortis de la Rome antique.
Bellocchio parvient à évoquer bien d'autres sujets que l'euthanasie, et réussit un film bancal, singulier, un peu trop éparpillé, mais finalement aimable.
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