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Christoblog

Le décalogue (6 à 10)

6 : Tu ne seras point luxurieux

Evidemment on pense à Fenêtre sur cour. Et la référence à Hitchcock n'est pas si bête, car comme le grand Alfred, Kieslowski est expert en dissection de sentiments. Ici un jeune garçon observe la vie sexuelle débridée d'une jeune adulte et tombe amoureux d'elle. Il se rencontrent. Que va t'il se passer ? D6 explore la frontière entre l'amour et le sexe, le désir de vivre et la pulsion de mort. La virtuosité de Kieslowski rend une fois de plus les personnages de cette histoire inoubliables. L'opus est sorti au cinéma sous le titre (trompeur) de Brève Histoire d'Amour.

7 : Tu ne voleras pas

C'est l'opus qui m'a le moins convaincu. Une mère qui a eu un enfant très jeune a grandi auprès de sa propre fille, à qui on a menti durant toute son enfance en lui disant que sa mère était sa grand-mère. La grand-mère a donc "volé" la fille de sa fille, mais celle dernière va reprendre son bien. L'intrigue est plus simpliste que d'habitude et la virée à la campagne que propose cet épisode est un peu décalée. Mais la grand-mère qui n'éprouve aucun scrupule à déposséder sa fille restera comme un des personnage les plus noirs de tout le cycle.

8 : Tu ne mentiras pas

Très beau. Une conférencière rencontre sa traductrice américaine, qui s'avère être une petite fille juive qu'elle a croisé au moment de la guerre. Elle aurait pu la sauver, mais elle ne l'a pas fait : pourquoi ? D8 rappelle un peu D1 par sa complexité et sa variété : l'épisode où la vieille femme erre dans la cour d'immeuble puis les appartements squattés est kafkaïen, il y a plein de détails bizarres, comme ce tableau qui ne tient jamais droit. Et un moment vertigineux où un élève soumet à sa classe, comme "exercice philosophique", le dilemme constituant la trame de D2.

9 : Tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin

D9 commence par un coup de tonnerre, par la grâce d'un montage saccadé : un homme apprend qu'il restera pour toujours impuissant. Il a une femme jeune et séduisante. Il lui conseille de prendre un amant. A-t-on le droit d'être jaloux, quand on est impuissant ? Les premières minutes sont un concentré de mise en scène kieslowskienne : jeux de reflets, de transparence, jeux de focales, de lumières, travellings latéraux... D9 se présente ensuite comme un épisode particulièrement dense psychologiquement, un peu sur le mode de D2. On y vit un des moments les plus troublants de tout le cycle avec un regard caméra particulièrement saisissant, qui démasque à la fois le mari et le spectateur voyeur.

10 : Tu ne convoiteras pas les biens d'autrui

Le Décalogue se termine en beauté avec un épisode très fort, porté par deux acteurs excellents, dont le futur acteur de Trois couleurs : blanc, Jerzy Stuhr. Deux frères héritent de leur père (entraperçu dans D8) une collection de timbres qui vaut une fortune. Dans la collection figure une série de deux timbres autrichiens très célèbres, dans laquelle manque le rose. Il n'existe qu'un exemplaire de ce timbre mythique dans toute la Pologne et son propriétaire l'échange contre .... un rein. Péripéties, changements de ton inhabituels, D10 est un des moments forts du Décalogue.

L'ange

Dans chaque épisode, sauf D10, apparaît un homme blond, souvent dans les moments les plus importants, quand les personnages sont confrontés à des moments décisifs. Il est assez facile à détecter, sauf dans D7 ou il apparaît au loin, sur le quai de gare, au moment où l'héroïne prend le train. Par rapport à ce qui figure dans les bonus, je crois l'avoir vu à un autre endroit : en peintre, dans la prison de D5.
Ouaip, c'est un jeu.
Il y en a un autre : repérer dans chaque épisode les personnages des autres épisodes. Dans les derniers, il est facile de reconnaître les personnages des premiers, dans l'autre sens, c'est plus dur.... à moins de re-regarder le Décalogue à l'envers.

Décalogue 1 à 5

Commenter cet article

P
ça fait longtemps que je me dis qu'il me faut les revoir... j'avais adoré en tout cas !<br /> et je ne savais pas pour l'ange...<br /> j'adore le cinéma de kieslowski, toujours hyper précis et intense...
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