César doit mourir
Contre tout attente, j'ai pris un énorme plaisir à regarder le nouveau film des
frères Taviani, cinéastes cultes rescapés du siècle dernier.
Je m'attendais à un documentaire sur des prisonniers jouant Shakespeare en prison, mais le film est bien plus que ça.
Il nous plonge dans la trame même de la pièce (c'est à dire qu'on est passionné par l'histoire de Brutus, Antoine, Cassius et des autres) tout en y insérant constamment des éléments du making of : casting préliminaires, états d'âmes des acteurs (vrais ou faux ?), engueulades, répétitions dans les cellules...
Le film parvient de cette façon à restituer toute la magie du cinéma et du théâtre, sur un mode qui rappelle les jeux de miroirs de Vous n'avez encore rien vu. S'il y parvient si bien, c'est aussi grâce aux acteurs, incroyables tronches, mais aussi formidables interprètes, complètement habités par leur rôle.
Le film est brillant jusque dans sa sublime photographie en noir et blanc (le présent de la représentation est filmé en couleur alors que le long flash black qui constitue la majeure partie du film est en noir et blanc).
Si ce n'étaient quelques maladresses un peu lourdes, comme les derniers plans par exemple (qui rappellent bizarement les fautes de goût qui émaillent également le Resnais), l'oeuvre des Taviani serait parfaite, associant la force brute des amateurs (on songe aussi aux danseurs des Rêves dansants) au génie du dramaturge anglais et au savoir-faire des réalisateurs.
Un Ours d'or mérité à la Berlinale 2012.
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