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Christoblog

Articles avec #frederick wiseman

National gallery

Je suis un grand amateur du cinéma de Frederick Wiseman, le plus grand documentariste vivant, avec Raymond Depardon. Aussi ai-je foncé bille en tête découvrir son National Gallery à la dernière Quinzaine des Réalisateurs.

Passer près de trois heures dans un musée peut sembler a priori inquiétant, et soporifique. L'expérience s'avère pourtant aussi déroutante et passionnante qu'effectuer une excursion dans la forêt vierge.

Bien sûr on parle ici un peu de peinture, et les conférenciers sont vraiment fantastiques, à l'image de la première intervenante, qui dramatise toutes ses interventions. Mais des restaurateurs nous y font aussi découvrir des strates de peinture inconnues, qui sont autant de digressions magiques (les rayons X chez Rembrandt !).

Plus curieusement, nous faisons la connaissance du Directeur, capable de tacler un collaborateur en une phrase, ou de partir en vrille à propos du Duc d'Orléans (premier aristocrate à cuisiner lui-même, c'est un des nombreux enseignements du film).

Wiseman, fidèle à son habitude, se plante là et filme tout ce qu'il voit. On aura donc droit à des ébénistes, des journalistes, des danseurs, des débats houleux sur la stratégie commerciale à adopter, des doreurs à la feuille, des commissaires, des panneaux publicitaires "Picasso", des visages de visiteurs, de l'arrivée du Marathon de Londres, etc...

On réfléchit sur le fait que "penser que piquer l'image d'un chaton peut faire souffrir un chaton" est l'essence de la peinture. Vous me suivez ? National Gallery est un film qui fait du bien, un film qui vous rend (encore) plus intelligent. 

Frederick Wiseman sur Christoblog : Boxing Gym  (***) 

 

3e

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Boxing gym

Boxing gym est un documentaire minimaliste : Frederick Wiseman, le réalisateur, film frontalement l'intérieur d'une salle d'entraînement dédiée à la boxe, sans chichis et sans fioritures. Techniquement les moyens sont très limités (éclairages naturels, cadrage à l'épaule...), et les partis pris de mise en scène sont radicaux : si des extraits de conversations sont captés, jamais les personnes filmées ne s'adressent directement à la caméra.

Le résultat est très intéressant, d'un double point de vue : esthétique et éthique.

Esthétique : les innombrables exercices ressemblent à de la danse. La géométrie d'un élastique tendu en diagonale d'un ring, la chorégraphie de plusieurs paires de pieds, la beauté étrange des différents appareils de torture utilisés, un gros plan sur des gants : chaque scène possède une beauté formelle indéniable, et l'ensemble finit littéralement par hypnotiser. J'ai pensé plusieurs fois à des cérémonies religieuses devant les sortes de transes que montre le film : derviches tourneurs au Texas...

Ethique : c'est l'aspect tout à fait étonnant du film. Alors que la salle de boxe devrait être le lieu où la violence et l'agressivité se concrétisent, voilà que par un étonnant renversement de perspective, elle devient une sorte de parangon de démocratie égalitaire. Sous la coupe d'un manager génial, doux et compréhensif, la petite salle est un microcosme dans lequel tous se valent. Riches (très riches) / pauvres (très pauvres) / Noirs / Blancs / Hispanos / jeunes (très jeunes) / vieux (très vieux) / hommes / femmes / gros / minces / pros / amateurs / malades (épileptiques, asthmatiques) : tout le monde aide tout le monde et respecte tout le monde.

Boxing gym, outre le fait d'être un excellent documentaire, est aussi une merveilleuse leçon de vie. A voir absolument en complément de Fighter.

 

3e

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