Vénus noire
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Vénus noire est une nouvelle démonstration du fait que les bonnes intentions ne font pas les bons films. Certes, l'histoire que raconte Kechiche est intéressante, bien que très connue de ceux qui suivent un peu l'actualité : il s'agit de la dégradante exploitation d'une femme noire africaine aux attributs sexuels sur-développés.
Dégradation qui emprunte à tous les modes : exhibitionnisme, examen indécent par des scientifiques, prostitution, vente du cadavre. L'histoire se déroule au XIXème siècle et trouve un épilogue à la fin du XXème avec la restitution du corps à l'Afrique du Sud.
Le cinéma de Kechiche est puissant, dense et même dans certaines scènes (les deux premières par exemple) virtuose. Sa manière unique de capter les regards et les expressions des figurants est remarquable.
Son problème, comme dans ses précédents films, est de ne pas réussir à canaliser complètement cette énergie. Du coup, le film présente un certain nombre de points faibles et de déséquilibres véritablement gênants. Certains aspects sont complètement ratés, par exemple les décors lointains de Paris et Londres qu'on dirait peints par un enfant de 10 ans, ou l'idylle bucolique et platonique entre Sarah et le jeune naturaliste, qui tombe complètement à plat.
Les tics habituels de Kechiche gênent aussi (mouvements de caméra incessants, très gros plans sur les visages), même si le réalisateur s'est assagi depuis L'esquive. Et surtout, après un bon départ, l'intérêt pour le destin de la Vénus s'étiole progressivement, probablement par un effet de répétition de certaines scènes qui deviennent lassantes. On en vient à culpabiliser de ne pas éprouver de compassion pour cette pauvre fille ! L'horreur se banalise quand elle est répétée à ce point : Kechiche aurait probablement gagné en impact en raccourcissant son film d'une heure.
Le jeu de la jeune Yasmina Torrès, particulièrement opaque et inexpressif, n'aide pas à générer de l'empathie.
Vénus noire renvoie constamment à Elephant Man, le magnifique film de David Lynch, et bien sûr, souffre cruellement de la comparaison.
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