Vengeance
J'aime bien Johnnie To. Son dyptique Election 1 et 2, vu il y a deux ans, était vraiment
excellent et faisait penser au meilleur Scorsese par son ampleur dramatique, la complexité de ses personnages et l'intensité de sa dramaturgie.
Vengeance commence bien, par une séquence assez caractéristique du style de To : parfaitement maitrisée, maniant l'ellipse superbement. Quand notre Johnny
à nous arrive, c'est à dire juste après, ca se gâte. Oh, ce n'est pas qu'il est spécialement mauvais, mais comment dire : on croit à son personnage comme on croirait à Danny Boon dans un biopic
de Sartre.
Et son accent n'arrange rien. L'intrigue se développe ensuite filandreusement : l'ex tueur à gage venu à Macao venger sa fille perd peu à peu la mémoire, progressivement il ne sait plus qui il
doit tuer, ni pourquoi. En soi, le sujet est intrigant, et même peut-être passionant. Le problème c'est que les quelques mimiques de Johnny (moue satisfaite en cuisinant les pâtes, digne de la
palette de Don Camillo) casse la magie. Le film aurait été bien plus fort avec un acteur du cru, c'est sûr.
To paraît lui même peu inspiré, sombrant par moment dans un maniérisme pompier sans intérêt, nous ménageant des scènes ridicules (la désignation des tueurs par quelques mots piqués dans le
journal, la séance de tir sur le vélo). On a même droit à un passage ridiculement new age dans lequel Johnny en immersion dans la mer, et sous la pleine lune, voit tous les morts venir le saluer.
Tristement Johnny devient meilleur lorsque son personnage perd sa mémoire : n'y voyez pas malice de ma part.
Les gun fights sont filmés poussivement, sans imagination, comme du sous John Woo. Bref, vous pouvez passer votre chemin et éviter cette première déception cannoise.
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