Somewhere
Sofia Coppola filme très bien l'ennui. Si bien qu'on finit par s'ennuyer ferme en regardant son film.
Résumons nous : un acteur hollywoodien qui a tout (Ferrari, alcool et blondasses a gogo) ne trouve pas beaucoup de sens à sa vie. Sa fille de 11 ans avec qui il va vivre quelque temps lui fait
sentir ce qu'il a raté. Voilà. C'est tout. (Ici baillez).
On a connu Sofia Coppola (un peu) plus subtile que dans ce film. Illustration : premier plan fixe sur un circuit de voiture, la Ferrari noire sort et entre dans le champ une dizaine de fois.
Baillez. Encore plus lourd : pour illustrer l'incommunicabilité entre le père et sa fille, le film fait crier au père "Excuse moi de ne pas avoir été là" alors que ce dernier se trouve sous un
hélicoptère qui envoie les décibels comme 10 groupes de heavy metal. Et tout est à l'avenant. Autre tic insupportable : les répétitions de scène (je joue à la Wii, puis je rejoue, je me
douche, puis je me redouche, je me trompe de nom en baisant une fois, puis deux, je reçois un message d'insultes, puis un deuxième, puis un troisième). Re-baillez.
Allez. Je lance la vacherie attendue (je ne serai pas le seul) : il fallait probablement avoir couché avec le président du jury (Tarantino) pour avoir le Lion d'Or cette année. C'est d'autant
plus triste que ces dernières années Venise s'était distingué par la sûreté de ces choix (par exemple le magnifique The Wrestler en 2008).
Finalement, Sofia Coppola filme le milieu qu'elle connaît avec les moyens de ce même milieu : le résultat n'est pas dérangeant (comme peuvent l'être les romans de Bret Easton Ellis par exemple),
il est simplement vain et auto-parodique, comme un collage raté de ses trois films précédents.
Bien sûr, certains esthètes pugnaces aimeront. Je peux deviner ce qu'ils écrireront. Ca ressemblera à ça :
Sofia Coppola réussit parfaitement à donner cette sensation de vide qui emplit petit à petit l'esprit du personnage principal par une succession de vignettes
originales et poétiques, qui flottent dans le temps comme autant de bulles irisées. La jeune Cléo apporte une gravité virevoltante dans ce vide abyssal et le remplit comme elle remplit l'espace
de la patinoire par ses arabesques et celui de la piscine par ses singeries expressives, et bla, et bla... je pourrais continuer comme ça pendant une heure.
Mais au final (l'homme gare sa Ferrari en plein désert et part, seul, marchant sur la route tel un lonesome cow-boy post-moderne) croyez moi : vous re-re-baillerez !
Sofia Coppola sur Christoblog, c'est aussi Marie Antoinette.
Commenter cet article