Fruitvale station
Fruitvale station fait partie de ces films dont on connait la fin dès le début : alors qu'on voit le personnage principal noir se lever dans les premières scènes, on sait qu'il sera mort le soir même, suite à une bavure policière commise par un policier blanc.
On pourrait croire qu'à partir de ce postulat le film soit d'un grand ennui, sorte de réquisitoire plombé de bons sentiments (le film est directement inspiré par un fait réel)
Il n'en est rien. Le mérite en revient avant tout au jeune réalisateur Ryan Coogler, qui filme avec une attention exceptionnelle ces personnages. Bien que les moyens du film soient à l'évidence très réduits, il s'en dégage une force de tragédie grecque, qui sublime son aspect documentaire : on croit voir le destin, le fatum, en marche sous nos yeux. C'est à la fois très excitant et très émouvant.
La description de la famille dans lequel évolue le personnage principal, joué par l'excellent MB Jordan (acteur dans la très bonne série The Wire) est magnifiquement réussie. Sa femme est parfaite, et sa mère encore plus. L'autre point fort du film est l'efficacité redoutable de son montage, sa capacité à faire monter progressivement la tension d'une façon impitoyable.
Fruitvale station, dont l'originalité est quasiment nulle, parvient donc à émouvoir à l'extrême par la grâce d'une alchimie un peu mystérieuse, qui a néanmoins enthousiasmé public et jury partout où il a été projeté : Grand prix du jury à Sundance (mais ce n'est pas du tout un film "typé" Sundance), Prix du regard vers l'avenir à Un certain regard à Cannes, Prix du public et Prix de la révélation Cartier à Deauville.
Je le conseille vivement.
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