Gazette du Festival des Arcs 2020
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Le Festival des Arcs m'a gentiment donné la possibilité de voir l'intégralité de son programme en ligne, je vais donc me faire une orgie de films jusqu'au 26 décembre. Vous pouvez vous-même regarder des films en ligne, soit en les payant à l'unité (4€), soit en achetant un pass intégral (25€). Pour cela allez sur le site du Festival. A noter que vous pouvez accéder à l'excellente sélection de courts-métrages gratuitement.
Beaucoup de promesses alléchantes dans les différentes section. J'essaierai de voir tous les films en compétition, dont le très attendu Quo vadis, Aida ?, qui a déjà triomphé à Arras.
Allez, c'est parti.
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12 décembre
Le film d'ouverture, Slalom (4/5), qui devait sortir le 16 décembre, est un premier film au contenu très balisé et linéaire, mais dont la force tient dans l'interprétation de Noé Abita (l'inoubliable Ava, du film éponyme) et de Jérémie Renier, formidables tous les deux. Ce premier film de Charlène Favier, à la mise en scène fluide et acérée, est une franche réussite.
After love (4/5), premier film du britannique Aleem Khan, est également une oeuvre très solide, qui ouvre dignement la compétition. Sur un sujet un peu rebattu (la découverte de la double vie d'un homme par sa veuve), il réussit à être profondément émouvant, grâce à une interprétation exceptionnelle de l'actrice Joanna Scanlan et à une photographie lumineuse qui magnifie les décors naturels de part et d'autre du Channel. Le film était dans la sélection de la Semaine de la Critique 2020, et on comprend pourquoi.
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13 décembre
Grosse journée aujourd'hui qui commence avec (encore) un premier film : Preparations to be together for unknown period of time (3/5) de la hongroise Lili Horvat, qu'on a vu actrice dans White god, de Kornell Mundruczo. Une histoire d'amour originale, réalisée classiquement et solidement, servie par une bonne actrice qui est pratiquement de tous les plans : Natasa Stork. La réalisatrice parvient à maintenir son récit tout au long du film sur une étroite ligne de crête, située entre la romance et le suspense psychologique. Une curiosité à découvrir.
J'enchaîne avec The whaler boy (4/5) de Philipp Yuryev. Ce film nous entraîne vers le détroit de Bering, juste en face de l'Alaska. On suit la vie quotidienne d'un adolescent de l'extrême-orient russe, qui fantasme sur une jeune femme qui vend ses charmes sur internet. Sans être révolutionnaire, le film propose une immersion tout à fait dépaysante et pleine de charme dans un endroit du monde qu'on ne voit pas si souvent au cinéma.
Nightlife (3/5) est une comédie allemande de Simon Verhoeven, déjantée et sympathique, qui mêle avec vivacité romance, buddy movie, mafia russe et tableau de la vie nocturne berlinoise, passablement agitée, comme chacun sait. Plaisant, le film change radicalement ma vision du cinéma allemand !
Enfin pour clore cette riche journée Cigare au miel (1/5), de Kamir Aïnouz, est ma première vraie déception. A travers ce portrait d'une jeune fille issue d'une famille bourgeoise, d'origine berbère et laïque, la réalisatrice essaye d'embrasser trop de thématiques : l'éveil à la sexualité, la nostalgie du bled, un tableau des écoles de commerce, le poids des traditions qui justifie un viol. La mayonnaise ne prend pas, et les personnages ne sont ni sympathiques, ni intéressants. Une réalisation insipide au service d'enjeux insignifiants.
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14 décembre
Last days of spring (3/5), de Isabel Lamberti, est une fiction tournée dans un bidonville de Madrid, avec des acteurs non professionnels. Ce film attachant nous fait découvrir la vie d'une famille pauvre qui vit dans ce quartier, alors que la maison qu'elle occupe va être démolie. Il se situe à mi-chemin entre fiction et documentaire, et l'intérêt ténu qu'il présente est tout entier contenu dans cette ambiguïté.
Hors compétition, Gaza mon amour (2/5), présenté à Toronto et à Venise, m'a déçu. Il juxtapose deux histoires sans grand rapport (un pêcheur d'un certain âge trouve un bronze antique, et il cherche à se marier avec une femme de son âge qui travaille dans un magasin de vêtement). Le film, plan-plan, est assez roublard pour passer pour le film "qui montre Gaza sous un autre jour", avec tous les attributs du film d'auteur pour festival. Mais aucune émotion n'y circule.
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15 décembre
L'affaire collective (4/5) est un formidable documentaire roumain sur le tragique incendie du Colectiv Club, discothèque de Bucarest, et sur la gestion calamiteuse des suites de cet évènement par le gouvernement roumain, qui entraîna sa chute. Même si le sujet peut paraître rébarbatif, le film est passionnant et donne à voir de véritables "justes", politiques et journalistes, filmés au plus près de leur action. Les rebondissements sont dignes d'un synopsis de film de fiction.
Autre film en compétition, Shorta (3/5) est un film danois qui lorgne du côté de La haine ou des Misérables. On suit un duo de policiers pris dans le piège d'une cité, sans véhicule et sans aide, lors d'un épisode insurrectionnel. C'est prenant, efficace, un poil maladroit par moment mais globalement plutôt réussi.
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16 décembre
On pourra reprocher beaucoup de chose au film bosniaque Quo vadis, Aida ? (5/5) : son aspect rouleau compresseur qui ne s'embarrasse pas de fioritures, sa sécheresse accusatrice, sa progression accablante, ses maladresses scénaristiques. Il n'en demeure pas moins que le résultat est d'une efficacité rare et qu'on ne peut qu'être emporté par cette expérience de cinéma, dont le réalisme intransigeant frappe au coeur.
Avant-dernier film en compétition, Vaurien (4/5), premier film de Peter Dourountzis, montre comment on peut tomber amoureux du pire criminel. Son ton décalé, ses ellipses subtiles, son ambiance agréable et son casting impeccable rendent le film très sympathique, même si son synopsis peine un peu à tenir la distance d'un long-métrage. Pierre Deladonchamps est fantastique et c'est un énorme plaisir de retrouver Ophélie Bau aussi rayonnante que dans Mektoub, my love. Le film fait partie de la sélection Cannes 2020 et sort en janvier.
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17 décembre
Le dernier film de la compétition est pour moi un pensum un peu barbant. Apples (2/5) est le prototype du film mené par l'intellect plutôt que par le coeur ou les yeux. On y suit l'itinéraire d'un homme touché par une mystérieuse maladie épidémique qui rend ses victimes amnésiques. Dans un décor grisâtre, notre homme, qui ne sourit jamais, suit un traitement expérimental qui consiste à vivre sa vie... en la prenant en photo.
Le réalisateur, Christos Nikou, fait partie de la nouvelle vague du cinéma grec ayant émergé dans les années 2010. Il a été assistant réalisateur sur Canine de Lanthimos, mais il n'a pas la nervosité joueuse de ce dernier, et on s'ennuie beaucoup en regardant son premier film, par ailleurs intéressant dans sa conception et sa réalisation. Encore un film de festival typique (Telluride, Venise, Toronto).
Le dernier film vu ne marquera pas les esprits. Thou shalt not hate (2/5) de l'italien Mauro Mancini est fondé sur une fausse bonne idée : un médecin juif ne fait pas les gestes qui sauvent quand il découvre que son patient a une croix gammée tatouée sur la poitrine. Le film est fastidieux, multiplie les pistes sans en choisir aucune, et au final est assez ennuyant. Cela m'étonnerait qu'il soit diffusé en France.
Palmarès
Le palmarès me convient parfaitement, les films qui m'ont le plus plu sont récompensés (à l'exception de Vaurien) :
A l'année prochaine !
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