Le premier venu
Jacques Doillon est un grand cinéaste.
Et comme cela faisait 4 ans qu'il n'avait rien produit, tout le monde attendait son nouveau film avec impatience.
Le sujet : une jeune fille (étudiante et parisienne probablement) passe une nuit avec une petite frappe de la Somme. Elle se fait violer, ou pas, la chose est ambigue. Mais en tout cas elle
décide de suivre son amant (violeur ?) d'un soir et de l'aimer, quoi qu'il arrive, quoiqu'il en coûte. S'en suivent 2 heures de marivaudages verbeux, assez élégantes, mais aussi par moment un peu
vaines.
Problème principal : les acteurs, dans une distribution particulièrement hétérogène.
Gérald Thomassin (qui était le petit criminel de Doillon il y a 18 ans) est un diamant brut, mais sa vie est un peu à l'image de son rôle (drogue, désinvolture) et on se demande toujours quelle
frontière entre l'homme et l'acteur. Clémentine Beaugrand est très mignonne au début, mais à force de regarder le bout de ses pieds en se dandinant, on se demande si le personnage a été vraiment
écrit, ses attitudes sont souvent incohérentes.
C'est d'aillleurs globalement le reproche principal qu'on peut faire au film, par rapport à ceux de Rohmer ou de Mouret, qui sont également très "écrits", c'est que la cohérence interne des
personnages ne saute pas aux yeux.
Guillaume Saurrel, quel bel acteur !, est le seul gars normal du coin, mais en tant que flic, est ce bien crédible qu'il n'agisse pas alors que l'agent immobilier a disparu ? Enfin Jany
Grarachana, le père de Costa, semble tout droit sorti de Bienvenue chez les Ch'tis, comme, dans une moindre mesure, Gwendoline Godquin et son accent à couper au couteau. Ils sont tous les deux un
peu en déphasage par rapport au triangle amoureux.
Par tranche de 10 secondes le film peut être génial. En quelques secondes et quelques mimiques d'un acteur, Doillon peut faire passer une palette incroyable de sentiments. Sur la durée de deux
heures, la sauce ne prend pas car le scénario est vraiment, vraiment trop improbable.
Les paysages de la baie de Somme, baignés par une lumière rasante de fin d'hiver, s'accordent bien au film : marécageux, beaux, ringards.
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