Homeland
Aux derniers Emmy awards, sortes d'Oscars pour les séries, Homeland a écrasé la concurrence (notamment Breaking bad, Mad men, Boardwalk Empire et Games of throne) en remportant les récompenses suprêmes dans les principales catégories : meilleure série, meilleur acteur et meilleure actrice.
Homeland est un remake de la série israélienne Hatufim, et une fois n'est pas coutume, le créateur de cette dernière, Gideon Raff, fait partie de l'équipe aux manettes de la version US.
Le canevas de départ est diabolique : un marine retenu prisonnier huit ans en Iraq est retrouvé sain et sauf. Parallèlement, une fuite indique qu'un prisonnier a été retourné et travaille désormais pour Al-Qaida : est-ce lui ? Carrie Mathison, agent de la CIA, en est persuadée, mais elle est bien seule.
Disons-le tout de suite, Homeland ne brille pas par son originalité. Elle ne possède pas le caractère profondément arty et novateur de Mad men, ni la mise en scène déjantée et clippesque de Breaking Bad. Nous sommes plus ici dans la succession historique d'une glorieuse ancêtre, 24h chrono. Le personnage de Carrie est aussi engagé, aussi instable et aussi peu respectueux des règles et des convenances que celui de Jack Bauer. Les réflexions sur la sécurité de l'Amérique, sur le terrorisme de l'intérieur sont du même acabit. La valse hésitation sur la culpabilité, l'existence de taupe, les comportements à double fonds, le retournement d'un camp à l'autre : tout cela rappelle furieusement l'émotion qu'avait procurée la saison de 24h en 2001. La montée graduelle du suspense jusqu'au dernier épisode où il devient quasi-insoutenable, après des périodes plus tranquilles d'exposition des personnages, est aussi un trait commun avec la série qui révéla Kiefer Sutherland.
Dans cette première saison, le point le plus fort de la série réside probablement dans l'interprétation magistrale de Claire Danes, qui crève l'écran. Tour à tour émouvante, séduisante, malade, moche, fatiguée, violente, abattue, énergique, elle semble vraiment habiter son personnage comme rarement une actrice a pu le faire dans une série. En face d'elle, Damian Lewis, déjà vu dans Band of brothers, est parfait lui aussi. D'ailleurs c'est tout le casting qui emporte vraiment la série vers des sommets, plus que le scénario ou que la mise en scène, très quelconque.
On attend du coup impatiemment la saison 2, qui doit trouver son propre chemin (la série israélienne ne comportait qu'une saison), mais dont on se dit qu'elle est riche en potentialités, tant la saison 1 tisse habilement toute une série d'intrigues différentes (la relation de la femme de Brody avec Mike, les doutes de la fille de Brody, l'identité de la taupe, le passé de David Estes, etc).
La saison 2 est en cours de diffusion sur Showtime aux USA, il faudra attendre un peu pour connaître la suite.
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