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Christoblog

Articles avec #harris dickinson

Babygirl

Babygirl, dès ses premières scènes, n'hésite pas à manipuler d'énormes clichés.

Par exemple : comment montrer que le jeune stagiaire joué par Harris Dickinson est à la fois nonchalant et arrogant ? En lui faisant mâcher du chewing-gum et en dénouant sa cravate, bien sûr. Comment montrer que l'âge commence à peser sur le personnage de Romy, joué par Nicole Kidman ? Et bien c'est simple : les soins de chirurgie esthétiques sont peu efficaces et leurs dégâts sont visibles (bien que discrets, on ne bouscule tout de même pas la star) !

Et ainsi de suite, pendant les longues 114 minutes que durent le film. Tout est surligné, surjoué et maladroit. Les aspects sado-masochistes du film, souvent mis en avant, sont ridicules et tout à fait anecdotiques (il s'agit principalement pour Romy de laper du lait en imitant un chien : wouaf wouaf wouaf, on en rit presque). 

De ce Cinquante nuances de Grey arty, à la mise en scène chic et choc qui lorgne du côté des 80's, il n'y a rien à sauver, si ce n'est peut-être l'incroyable capacité du film à se faire passer pour ce qu'il n'est pas, à savoir un brûlot féministe et sensuel, socialement signifiant, alors qu'il n'est qu'une pochetronade grossière autour d'un adultère bien commun.

A éviter.

 

1e

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Sans filtre

Au fil des films, Ruben Ostlund semble abandonner ses ambitions initiales (une noirceur qui tirait vers le questionnement métaphysique) pour s'orienter vers la pochade avinée, sous couvert de farce aimablement caustique.

Il bricole ici avec un brio matois trois films en un. Le premier se résume quasiment à une conversation agitée entre deux jeunes gens très superficiels (elle influenceuse, lui top-modèle). C'est très fin, et Ostlund est doué pour souligner tous nos petits travers en très peu de scènes, découpées au scalpel. Couple, rapport entre sexes, réseaux sociaux, culte de l'apparence : les cibles sont faciles à dézinguer et la charge n'est pas originale, mais toujours aussi précise.

Le deuxième film est le coeur de Sans filtre : la croisière abuse, pourrait-on dire. Tantôt drôle, parfois lourdingue, avec une longue séquence pleine de vomi et de défécations. Une scène vaut à elle seule le déplacement, le concours de citation de Lénine et Marx entre le capitaine américain communiste et le capitaliste russe. Il faudra aimer le burlesque pour apprécier.

La troisième, une sorte de Koh-Lanta dans laquelle les classes sociales s'inversent, m'a beaucoup moins convaincu. Cette partie m'a semblé pataude et prévisible, même si certains éclairs font mouche.

En résumé, Ostlund reproduit sa recette spéciale Palme d'Or avec succès, en changeant simplement de cible : c'était l'art contemporain dans The square, c'est le capitalisme ici.

Sans filtre (quel titre étrange au passage...) est donc plaisant et on s'amuse raisonnablement en le regardant, sans que l'on puisse déduire quoi que ce soit des intentions ou idées de son auteur. Toute lecture politique du film pourra être contestée, voire inversée. Quant aux émotions, inutile d'en chercher ici.

Le prochain projet du Suédois concernerait un voyage en avion qui tourne mal. Rendez-vous à Cannes 2024 ?

Ruben Ostlund sur Christoblog :  Snow therapy - 2014 (****) / The square - 2017 (**)

 

2e

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