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Christoblog

Pieta

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/92/85/95/20483394.jpg Pieta, Lion d'or au dernier festival de Venise, est un film sparadrap.

Vouliez-vous en oublier le propos, l'ambiance ou le souvenir, que le film de Kim Ki-Duk vous poursuivra au plus profond de vos nuits, sans rémission. Car le film est ainsi : sec, aride, violent comme un coup de poing, peu aimable, comme du Pialat trash à la sauce coréenne, un objet qu'on pense détester avant de se rendre compte, avec horreur, qu'il a pris possession de votre âme.

Deux mots du pitch, avant d'aller plus loin, et sans spoiler, ce qui serait suprêmement dommageable (mais dire cela c'est déjà spoiler) : Kang-do recouvre des dettes. Il n'hésite pas à estropier ses victimes pour cela, afin qu'elles touchent une assurance (et parfois, comble de l'horreur, avec leur bénédiction). Un jour une femme se présente, qui est la mère de Kang-do, et entreprend de le sauver du mal...

Le film est remarquable de plusieurs points de vue. D'abord sa photographie, d'une beauté sur-réelle, qui rend les horreurs décrites presque aimables. Pieta, c'est un peu Léonard de Vinci qui illustre Sade ou Bataille. La mise en scène de Kim Kim-Duk est souveraine, aérienne, précise, cruelle. Le jeu des deux acteurs principaux est absolument magistral : lui est charismatique avec sa lippe boudeuse et sa lente transformation, elle est rayonnante. Quant au scénario, il est d'une complexité étonnante, la seconde visite à chacune des victimes s'avérant beaucoup plus ambigüe qu'il n'y paraît.

Ajoutez à cela l'incroyable génie des décors qui caractérise le film, et le tableau saisissant d'un quartier de Séoul qui se meure, et vous obtiendrez une pièce marquante du cinéma coréen contemporain.

Le film, qui ne présente aucune image gore, est considéré par certains comme extrêmement violent (témoins ces vagues de spectateurs bon chic bon genre quittant la salle à Deauville lors d'une fameuse scène qui s'avérera - ironie du script - autre chose que ce qu'elle paraît être, mais ceux qui ont quitté la salle ne le sauront jamais). Il ne l'est que par ce que nous pensons, nous spectateurs, de ce que nous voyons. Où est la bassesse, où est la raison, où sont les tords des uns et les raisons des autres ? Pieta est doistoievkien en diable et c'est pour cela que je l'aime.

Un oeuvre forte à déconseiller aux âmes chastes.

 

4e

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B
« Un objet qu'on pense détester avant de se rendre compte, avec horreur, qu'il a pris possession de votre âme ». Pas mieux. Même si j’aurais dit ‘esprit’ plutôt qu’âme :)<br /> <br /> Sympathy for the devil, compassion pour le mal ? oui, sûrement, et complaisance même, sur la base d’un art consommé de la torture physique et psychologique. L’Enfer doit ressembler un peu à ça. Une<br /> parodie de l’amour humain pour en mieux nier la beauté, et même la possibilité. L’amour y est singé jusque sur l’affiche, d’une laideur assumée. Même la bande musicale est grotesque (délibérément<br /> j'espère!), qui se singularise tantôt par un pompeux ridicule, tantôt par un goût sacrilège de religiosité mal à propos. Le Malin ne comprend décidément rien à l’amour, et c’est bien ça son<br /> problème.<br /> <br /> Sous cet angle, c’est très bien vu, même si je ne suis pas vraiment sûr que le réalisateur avait cette visée théologique en tête…(trop fort ce Ki-duk:)
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C
<br /> <br /> Un film que j'ai trouvé fascinant....<br /> <br /> <br /> <br />
N
Avec sa mise en scène au scalpel, Kim Ki Duk a su réaliser une œuvre qui, comme tu le dis, reste longtemps aux fond de nos rétines.
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P
J'ai du mal à comprendre le début du paragraphe sur la violence, les spectateurs BCBG, tout ça... Ce film est extrêmement violent, même si la violence réelle est hors-champ, ce qui ne la rend pas<br /> moins radicale.
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C
<br /> <br /> A Deauville, quand des vagues de spectateurs en mocassin et pull violet quittent la salle parce que le film montre un viol, on se sent vite d'extrême gauche...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
J
Héhé...je parle de la presse culturelle! ;)
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T
Le film est assez dérangeant, mais il est quand même bien mené, bien ficelé, bien réalisé.
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C
<br /> <br /> Excatement, c'est de la belle ouvrage à tous points de vue.<br /> <br /> <br /> <br />