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Christoblog

Oslo, 31 août

En cette année 2012, il semble que le centre de gravité de la cinéphilie pourrait bien se déplacer vers le nord, avec Oslo, 31 août , le très beau film russe Portrait au crépuscule et l'adaptation de Millenium en Suède. Sans compter les très bonnes séries TV danoises (Borgen, The killing).

Le deuxième film du norvégien Joachim Trier (le premier, Nouvelle donne, est passé relativement inaperçu en 2008) est en effet un choc esthétique de première ampleur.

On ne peut qu'être admiratif devant l'élégance extrême de la caméra, très fluide, sensuelle, toujours en mouvement, qui suit pendant 24 heures environ l'errance dans Oslo d'un jeune junkie sortant d'une longue cure de désintoxication.

Le scénario est une sorte de road movie cantonné à la capitale norvégienne : multiplication de rencontres éphémères avec de vieilles connaissances (amis, famille, dealer) ou avec des inconnus (une rayonnante jeune fille, un partenaire de rave, un recruteur).

Si l'intrigue est minimaliste, le film parvient à installer une tension qui va croissant, par le biais d'une question lancinante : Anders replongera-t-il ? Il parvient à dépasser la contingence de sa trame narrative pour se muer en une sorte de biographie rêveuse (des images de films super 8, des photos de famille, par moment une loghorée de souvenirs en voix off) et même en une réflexion globale sur la condition humaine (la confession de l'ami d'enfance). Cet aspect presque Malickien du film culmine dans une scène exceptionnelle qui donne à Anders, attablé dans un café, une sorte de capacité d'extra-lucidité, qui lui permet d'entendre toutes les conversations l'environnant, et même de suivre par la pensée des inconnus jusque dans leur vie quotidienne.

Le film approche la perfection visuelle dans de nombreuses scènes (les vélos dans la rue, les images stroboscopiques de la rave, les derniers plans) et est porté par un acteur, Anders Danielsen Lie, charismatique.

Un film noir, superbe, qu'il faut absolument voir.

 

4e 

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B
L’exemple typique de l’alliage subtil entre les choses de l’esprit et celles du corps. Quand l’émotion esthétique rencontre l’interrogation existentielle. Le film, coincé entre deux scènes de<br /> suicides, reste de bout en bout très sobre, de la sobriété propre à ceux qui survivent et dont on sent qu’ils n’y parviendront pas longtemps.<br /> <br /> Toute malice n’en est pourtant pas exclue : ainsi par exemple de la scène initiale du suicide raté d’Anders, qui est à pleurer…de rire. Les acteurs sont criants de justesse et « transmettent ».<br /> Anders s’étouffe, on s’étouffe avec lui. Son ami d’enfance s’excuse de sa maladresse, qu’on lui pardonne de bon cœur.<br /> <br /> Un road-movie puissant et original, bonifié par l’inimitable langueur des films scandinaves.
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C
<br /> <br /> Pour moi, mais c'est très personnel, le sentiment puissant d'une certaine perfection.<br /> <br /> <br /> <br />
B
Une merveille qui étreint le coeur. Les images sont superbe et me donnent envie malgré tout de voir Oslo en aout.
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M
Mais que se passe-t-il ? Serions-nous dans la 4e dimension ? Nous sommes une fois de plus entièrement d'accord. Un film sublime et qu'on n'oublie pas, j'avais presque les larmes aux yeux... Trier<br /> et son acteur nous embarque vraiment très loin...
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C
<br /> <br /> Tes goûts évoluent favorablement avec la maturité, voilà ce qu'il faut conclure. C'est bien. Prochains tests : serons d'accord pour Bullhead et Apart Together (si tu vas le voir) ?<br /> <br /> <br /> <br />
F
Oui la scène du bar est très bien mais ma préférée est celle des vélos...un pur moment de grâce...comme tout le film d'ailleurs...
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F
Tu me donnes encore plus envie d'aller le voir ! :)
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