A bord du Darjeeling limited
Je comprend qu'on puisse ne pas aimer les films de Wes Anderson. J'ai moi-même émis de sérieuses réserves sur La vie aquatique.
Son penchant adolescent qui n'arrive pas à devenir adulte, assumé et revendiqué, peut ne pas plaire à ceux qui préfère un cinéma plus mature, ou plus construit.
A l'inverse, ceux qui peuvent entrer dans la bulle du réalisateur trouveront dans ce film un joyeux fourre-tout sillonnant une Inde rêvée à bord d'un (trop ?) joli train bleu qui arrive à se perdre dans un désert. "Mais comment un train peut il se perdre, il est sur des rails, non ?" se demande fort justement l'excellent Jason Schwartzman, as de la litote et du silence qui tue.
Il est question de fratrie, comme si souvent au cinéma, et plus exactement de 3 frères mal remis du décès de leur père (dont il trainent les bagages, à la fois réellement et métaphoriquement), et en manque de mère, comme on le verra.
Leurs mésaventures indiennes sont pleines d'un humour décalé, d'un burlesque au ralenti et d'un sens aigu de la répartie imparable.
Les trois acteurs sont magnifiques, avec une mention spéciale à Adrien Brody. Les guest stars sont sublimes, Natalie Portman, toujours plus mince, dans un court métrage introductif et parisien à montrer dans toutes les écoles de cinéma tellement il est bien mis en scène, Bill Murray, excellent dans un Lost in Transportation décoiffant, Anjelica Huston, pleine de force et de vie.
Sur le fond l'ambiance indienne est bien restituée, sur la forme le pays est montré plus beau qu'il n'est et dans les scènes du village l'aspect hollywoodien en devient franchement gênant.
La deuxième partie, pleine de rebondissements - dont un tragique - et de fausses fins, est moins bonne que la première durant laquelle la finesse psychologique de la mise en place des trois caractères est délectable.
Un très bon moment si vous appréciez l'humour décalé ou connaissez l'Inde.
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