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Christoblog

Tom à la ferme

Le style baroquisant de Xavier Dolan se prête à mon avis bien mieux aux envolées romanesques, narratives et/ou autobiographiques (Laurence anyways, J'ai tué ma mère) qu'aux épures (Les amours imaginaires, Tom à la ferme).

On retrouve certes dans son dernier film ce qui fait le charme du jeune réalisateur québécois : un sens de la caméra qu'on dirait inné, une cohérence impressionnante de tous les éléments artistiques du film (jeu d'acteurs, costumes, décors, lumières, musiques). L'ensemble m'a toutefois semblé manquer de souffle et d'énergie. Tom à la ferme tient sur un fil ténu et il peut parfois donner l'impression de tourner à vide (à l'image de la musique trop envahissante de Gabriel Yared), ou d'avoir dit ce qu'il avait à dire dès sa première partie. Celle-ci, qui décrit l'arrivée de Tom (et qui constitue d'ailleurs le coeur de la bande annonce) est pour ainsi dire parfait, et se suffit presque à lui-même. Les péripéties qui suivent semblent se répéter ad nauseam autour des thèmes exposés initialement : une attraction de Tom pour le frère violent de son boyfriend, les rapports faussés à la mère.

C'est comme si le film, très bien démarré, patinait en milieu de montée, puis s'arrêtait net, à l'image de cette fin cut un peu bizarre, qui semble laisser tous les personnages en lévitation.

Comme d'habitude avec Dolan, j'ai envie de dire : de grandes capacités, mais peut beaucoup mieux faire.

Retrouvez tout Dolan sur Christoblog.

 

2e  

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H
&quot;Comme d'habitude avec Dolan, j'ai envie de dire : de grandes capacités, mais peut beaucoup mieux faire.&quot;<br /> Face à un artiste du tel niveau que Xavier Dolan je trouve ça bizarre ce ton de prof &quot;peut mieux faire&quot;, comme si vous lui parliez en étant au dessus de lui et pas d'égal à égal ? (je ne dis ça sans aucun jugement, je constate, et j'espère que vous ne le prendrez pas mal !) Pour moi Dolan est un très grand artiste qui invente de nouvelles formes et si vous n'avez pas apprécié cela vient peut être de vous, comme lorsqu'on est face à des arts qui nous dépassent ? Les critiques cinéma ne sont pas trompé (peut être la critique des Inrocks vous aidera à mieux comprendre les enjeux du film et à le revoir avec un autre oeil ?) Pour moi, même si il y a des maladresses et que je n'aime pas tout, on est devant un très grand film. Je vous invite à revoir ce film qui résiste, car ce n'est pas une oeuvre facile d'accès.<br /> http://www.lesinrocks.com/cinema/films-a-l-affiche/tom-la-ferme/
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B
Je trouve cette critique un peu mitigée. À mon avis, une étoile de plus s'impose. (Mais je suis d'accord pour la musique trop envahissante.) Certes, je n'ai pas retrouvé ici la folie baroque du 1er opus de Dolan (quel gay, en s’identifiant peu ou prou, n'a pas été sonné par ce délire visuel et émotionnel ?!). Ici, c'est presque plus classique, plus sage, mais on retrouve le thème des faux-semblants et du mensonge. J'ai donc marché, quand bien même l’œuvre n'est pas palpitante, mais prenante parce que poisseuse et sinueuse à souhait. On pense souvent au syndrome de Stockholm. Le réalisateur dit n'avoir pas pu glisser dans les dialogues l'épigraphe de la pièce à l’origine de son film. Il a eu raison, trop littéraire, mais cette phrase sonne juste à condition de l'appliquer non seulement à Tom (et à son pote défunt), mais à tous les personnages : la mère, le frère, la pseudo ex-petite copine. Effectivement, dans 'Tom à la ferme', tout le monde ment, chacun(e) prend la place de l'autre. Même la campagne ne tient pas ses promesses : les vaches sont efflanquées, les veaux crèvent, le maïs est plus coupant que des lames de rasoir... Ambiguïté suprême dans la relation amour-haine entre les deux garçons, duo-duel malsain et masochiste à souhait. Eros et Thanatos encore et toujours. Bref, un thriller psychologique sur fond de noirceur humaine (encore un !) dans une mise en scène fluide et inventive.<br /> Tabernak ! j'allais oublier de citer la phrase du dramaturge M.-M. Bouchard qui concerne absolument tout le monde : &quot;Avant d'apprendre à aimer, les homosexuels apprennent à mentir. Nous sommes des mythomanes courageux.&quot; Et tous - spectateurs compris, hétéronormés ou non - menacés par le mensonge en amour (sans ce masque, comment pourrait-on avoir le plaisir de l’arracher ?). Idem pour l’intolérance - la nôtre, celle des autres à notre égard -, puisque ce ‘survival movie’ glaçant n'est absolument pas un récit sur l'homophobie rurale. (Ouf !)<br /> Pour tous ces éléments entrecroisés, voire embourbés, moi je dis « Vive le Québec ! »
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B
Ressentir ? Ne pas ressentir ? Face à l'écran, c'est une alchimie particulière. Parfois, on ne rentre pas dans un film ou, comme cet internaute sur ton site à propos d'&quot;Heli&quot;, le spectacle le &quot; laisse de marbre&quot;. Pour Tom..., même si la mise en scène est parfois maniérée, je trouve que c'est un film très physique, charnel : le sang, les coups,les larmes, les corps à corps... jusqu'au dernier plan avec la cicatrice, stigmate (à vie) de l'homophobie déchaînée. Même la langue canadienne (parfois peu compréhensible, ça m'a gêné plus d'une fois) est très présente, dérangeante, à la fois rugueuse et chantante. Bref, c'est à mon avis un cinéma écorché vif, non seulement dans les corps mais aussi dans la tension psychologique entre les personnages, très palpable.... ou non. Car c'est effectivement, comme tu le dis, affaire de ressenti...
C
Je n'ai adhéré à aucun moment aux relations entre les personnages. Je comprend intellectuellement tout ce que tu écris, mais ne l'ai absolument pas ressenti.
Т
&quot;L'ensemble m'a toutefois semblé manquer de souffle et d'énergie. Tom à la ferme tient sur un fil ténu et il peut parfois donner l'impression de tourner à vide (à l'image de la musique trop envahissante de Gabriel Yared), ou d'avoir dit ce qu'il avait à dire dès sa première partie.&quot;<br /> <br /> -&gt; Je rejoins en tous points cette critique. Je ne trouve pas que ce film &quot;épuré&quot; soit son meilleur.
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