Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christoblog

Articles avec #yuriy borisov

Anora

Le voici le grand film de 2024, la Palme d'Or incontestable, le film parfait qui parachève le parcours d'un cinéaste d'exception, mais qui réserve surtout un intense moment de satisfaction jouissive à ses spectateurs !

Anora présente les mêmes caractéristiques que Parasite de Bong Joon-Ho, dernière Palme d'Or de ce niveau : un scénario surprenant du début à la fin, une capacité à marier les styles hors du commun (romance, drame social, comédie de moeurs, burlesque), et surtout une envie de distraire son spectateur qui conditionne toute la conception du film.

On est donc brinquebalé pendant les 2h19 d'Anora entre 1000 sensations différentes, mais toutes plaisantes : un érotisme décomplexé, des tableaux de lieux et de milieux sociaux inoubliables, une actrice qui casse littéralement la baraque (Mikey Madison incroyable de vivacité et de pugnacité) et une évolution de l'intrigue complètement imprévisible. 

C'est d'ailleurs une gageure de parler de ce film sans en révéler la fin, triste et douce à la fois, magnifiée par un dernier plan d'anthologie, qui donne au film une profondeur aussi émouvante que les péripéties précédentes étaient hilarantes. Cette fin sublime l'ensemble du film, en nous susurrant que pendant cette odyssée explosive nous spectateurs n'avons pas su voir l'essentiel. 

Avant d'arriver à ce climax, vous aurez pu goûter à ce que Sean Baker sait faire de mieux : dresser des portraits de marginaux (au sens large) en êtres humains. Cela paraît simple, mais il faut une sorte de génie de la mise en scène pour que ces portraits, souvent improbables, prennent vie sous nos yeux avec tous les oripeaux de la réalité.

Il y a aussi au centre du film une scène qui dure 25 minutes (celle de l'appartement), qui a nécessité dix jours de tournage, et qui est la scène la plus brillante que j'ai vu depuis longtemps dans une salle de cinéma, conférant au personnage d'Ani une dimension quasi-mythologique. 

A la fois Cendrillon jusqu'au-boutiste, Pretty woman à la sauce slave, pseudo-documentaire magnifiant le cinéma US des années 70, comédie d'action survitaminée, superbe portrait de New-York City, le dernier Sean Baker est le film dont vous avez besoin, capable de vous faire rire, réfléchir, et qui sait, peut-être même verser une petite larme.

Sean Baker sur Christoblog : The Florida project - 2017 (***) / Red rocket - 2021 (***)

 

4e

Voir les commentaires

Compartiment N°6

Quel incroyable plaisir j'ai éprouvé dans cette itinérance désabusée qui illustre très bien ce que l'âme russe a de plus détestable et de plus merveilleux à la fois.

Si le personnage de Laura est très finlandais (ouvert, en marge et en marche, bargeot), celui de Vadim et on ne peut plus russe (alcoolique, machiste, violent, romantique).

La photographie somptueuse, le merveilleux imaginaire que dessinent les trains russes, les mystères du Grand Nord et ses pétroglyphes : tout me plait dans ce film profondément original et poétique, qui ne ressemble à rien de connu, mélange improbable de Kaurismaki et de Zvyaguinsev. Le cinéma de Kuosmanen est modeste et génial à la fois.

Compartiment N°6 embrasse deux sujets très évocateurs : l'âme russe d'un côté, les infinies possibilités de la Rencontre de l'autre. Il y a un grand coeur battant dans le film, qui explose dans une des plus belles scènes vues au cinéma cette année : une échappée inquiétante dans une ville sans nom, qui mène à une maison obscure dans une rue glauque, dans laquelle notre couple se verra ... offrir deux bouteilles d'alcool. La Russie.

Juro Kuosmanen sur Christoblog : Olli Maki - 2016 (**)

 

4e

Voir les commentaires