Les premiers jours
Stéphane Breton est un théoricien du documentaire au moins autant qu'il est un documentariste.
Si ses propos sont souvent passionnants, quand il parle de la façon dont on peut rendre compte de la réalité à l'écran, il faut bien reconnaître que ce nouveau passage à l'acte cinématographique est assez ardu à regarder.
Nous sommes au Chili, et nous suivons un groupe de personnes esseulées qui vivent parmi des carcasses de voiture sur une plage déserte, vivant d'une étrange récolte d'algues.
C'est tout ? Et oui, c'est tout.
La caméra ne montre que ce que je viens de décrire sommairement. Comme c'est évidemment un peu court, Breton propose une bande-son recherchée qui ne colle pas vraiment à ce que l'on voit à l'écran, de nombreuses images de chiens marchant au ralenti (?), des plans sur la mer ou/et les rochers (et aussi sur deux coquillages), plusieurs plans fixes sur des chaises. Il affiche une volonté délibérée de ne fournir aucune explication sur le contexte de la situation (à cet effet, les propos des personnages sont par exemple volontairement rendus inaudibles).
En ce qui me concerne, j'ai trouvé cela à la fois intéressant et totalement vain, l'ennui et la frustration l'emportant au final sur l'émerveillement. Je ne le conseillerai donc qu'aux passionnés du documentaire d'auteur. Les premiers jours est évidemment distribué dans un nombre très restreint de salles, et on comprend pourquoi.