Le grand jeu
Pas grand-chose à reprocher à ce film, qui est pourtant tout à fait raté.
Scénario intéressant sur le papier, acteurs plutôt en forme, réalisation classique mais sérieuse : on nage dans un nouveau type de qualité française.
Le problème est que le réalisateur, Nicolas Pariser, semble viser beaucoup trop haut pour son premier film. Le grand jeu entend mêler un thriller hitchcockien de haute volée sur la manipulation politique à une histoire d'amour sur fond de groupe gauchiste et rural. On songe évidemment à l'épicerie de Tarnac.
C'est très ambitieux. On trouve dans le film une réflexion sur le passé révolutionnaire des personnages qui fait penser à Assayas, une sécheresse narrative qui peut rappeler celle de Nicolas Saada dans Espion(s), mais tout cela ne fonctionne au final simplement pas. La plupart des scènes n'échappent pas à la caricature et certaines même à un certain ridicule, comme le repas entre la journaliste et le politique, ou la course poursuite dans les rues du village anglais.
C'est comme si un peintre dessinait les grandes lignes d'un tableau en pensant au Tintoret ou au Caravage, pour finir son oeuvre au stylo Bic.
Les seuls éléments positifs du film sont pour moi le jeu des acteurs masculins. Melvil Poupaud confirme l'incroyable plasticité de son jeu, et André Dussolier est toujours capable d'exprimer les pires menaces dans un simple plissement de ride.
Un coup d'essai non transformé.