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Christoblog

Articles avec #serbie

La voix d'Aida

J'avais fait connaissance avec Jasmila Zbanic en visionnant un de ses très bons précédents films, Le choix de Luna.

On retrouve dans La voix d'Aida les qualités détectées à cette époque chez la réalisatrice  bosniaque : un sens très aiguisé du récit, une impression de réalisme extraordinaire et des personnages hors du commun.

Le film évoque le massacre de Srebrenica à travers la destinée d'une interprète qui parle la langue des victimes, et doit donc dialoguer avec les bourreaux. L'idée du film est formidable : elle permet tout à la fois de passer facilement d'un côté à l'autre, de maintenir un suspense continu et de susciter un grand nombre de dilemmes dramatiques.

Le film raconte l'horreur avec une distance et une absence totale de pathos, qui lui donne des airs de tragédie grecque. La mise en scène est d'une élégance rare, à la fois virtuose et ample. La direction artistique, l'utilisation de la masse des figurants, la justesse des comédiens et le rythme parfait du film font de La voix d'Aida un must de l'année et un des meilleurs films jamais réalisé sur un acte génocidaire.

A ne rater sous aucun prétexte.

Jasmila Zbanic sur Christoblog : Le choix de Luna - 2011 (***)

 

4e

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Soleil de plomb

Dans le tourbillon cannois de 2015, un film me laissa à la fois séduit et perplexe : Zvizdan, depuis renommé en Soleil de plomb.

Il faut dire que je ne suis plus habitué à recevoir une proposition narrative aussi généreuse et originale que celle de Dalibor Matanic.

Pour résumer, le film propose trois histoires. 1991 : un jeune couple veut s'aimer, mais le futur conflit va tuer cet amour naissant. 2001 : une fille et une mère reviennent dans leur maison, alors qu'un ouvrier travaille à la restauration de cette dernière (je veux dire, de la maison, même s'il s'occupera fort habilement de la fille). 2011 : un homme revient dans son village, mais il ne vit pas avec sa femme et sa fille. On comprend à chaque histoire que le noeud de l'intrigue réside dans le fait qu'un des membres de la troupe est serbe, ou croate, et réciproquement.

Les rapports entre les histoires sont ambigus : elle n'ont rien à voir entre elles, et en même temps, elles semblent se dérouler dans les mêmes endroits et sont jouées (au moins en partie) par les mêmes acteurs/trices. L'installation est troublante, il faut un temps pour comprendre ce à quoi on assiste.

Pour compliquer le tout, il existe des rapports subtils entre les histoires (des personnages tapent dans leur assiette dans les épisodes 1 et 2, les scènes de bains dans le lac se répètent, il y a des photos évoquant des épisodes précédents sur les tombes) : bref, le film joue beaucoup sur une sorte d'ambiguïté dans le genre Jamais tout à fait la même, ni tout à fait une autre...

Soleil de plomb est compliqué et - à la fois - agréable à regarder. C'est suffisammant rare pour être remarqué.

 

3e  

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