La favorite
Comme souvent chez Lanthimos, je suis partagé entre l'admiration et l'agacement.
Côté admiration, il faut reconnaître l'inventivité de la mise en scène, l'élan général du projet artistique, la manière amusante de revisiter le film en costume et l'interprétation magistrale des actrices.
Olivia Coleman, que j'ai adoré dans la série Broadchurch et dans le film Tyrannosaur, trouve ici probablement le meilleur rôle de sa carrière. Elle est tour à tour intrigante, touchante, énervante. Le personnage qu'elle campe est l'épine dorsale du film, sa substantifique moelle et son véritable coeur. La tristesse générée par la perte de ses dix-sept enfants permet au personnage d'Anne d'acquérir une épaisseur émotionnelle que Lanthimos n'avait pour l'instant jamais atteint.
Côté agacement, la virtuosité un peu vaine, le capharnaüm des focales et des cadrages qui à mon sens ne parvient pas à donner au film une esthétique cohérente, un récit trop prévisible dans sa dernière partie et quelques longueurs.
Le résultat final est toutefois assez plaisant à regarder même si la stimulation intellectuelle intense que généraient les scénarios des précédents films de Lanthimos est ici en grande partie absente.