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Articles avec #pierre schoeller

L'exercice de l'Etat

Cet automne 2011 n'en finit pas de nous réconcilier avec le cinéma français. Voilà qu'après les films d'auteurs grand public Polisse, La guerre est déclarée et l'Apollonide, un nouveau film majeur sort sur les écrans, illustrant cette fois-ci un nouveau genre : le thriller politique.

Un duo d'acteur exceptionnel

Je n'avais jamais bien compris pourquoi Olivier Gourmet bénéficiait d'une sorte d'aura d'acteur culte. Et bien cette fois-ci, c'est clair. Il livre dans ce rôle de ministre des transports une composition sidérante de variété, tour à tour humain, détestable, ambitieux, réaliste, dur, touchant. Il incarne parfaitement ce qu'est un monstre politique, loin des clichés qui voudraient nous désigner les hommes politiques comme des pantins ou des Rastignac au petit pied. On voit ici qu'ils sont mus par des forces peu accessibles au commun des mortels.

Michel Blanc est tout bonnement bouleversant, sans états d'âme - ou plutôt avec des états d'âme, mais sans sensiblerie, droit dans ses bottes mais s'adaptant aux évènements avec une souplesse extrême, il fait coexister sous son crâne chauve tous les ingrédients qui font un grand serviteur de l'Etat, en y ajoutant sa petite touche personnelle (la musique classique, le discours de Malraux, les oeufs au bacon).

Ce duo de choc qui joue la valse de l'amitié, de l'ambition et des valeurs est entouré d'un casting quatre étoiles que je ne vais pas détailler ici, mais sachez que chaque conseiller, chaque ministre, chaque garde du corps, chaque syndicaliste est parfaitement dessiné.

Le ministère (vu) de l'intérieur

Une des réussites majeures du flm est de nous faire entrer de plain-pied dans ce qu'est la vie d'un homme politique, comme aucun film récent n'a réussi à le faire. Du coup, La conquête apparaît comme une bande dessinée un peu grotesque et Les marches du pouvoir comme un épisode de série un peu simpliste.

L'exercice de l'Etat montre tout : l'urgence extrême et permanente (somptueuse séquence d'ouverture dans les Ardennes), la primauté donnée à la communication sur la réflexion de fond, les jeux de pouvoir - mais dont on voit qu'ils sont autant liés à des idéaux (ou des idées) qu'à des calculs personnels, le sacrifice de la vie personnelle, la nécessité des décisions hyper rapides, le peu de cas qui est fait des personnes lors des décisions (cf le dernier plan, sidérant), le contraste extrême des situations rencontrées dans la même journée, etc.

C'est ennivrant et jouissif comme un grand huit lancé à toute berzingue.

Une mise en scène au cordeau

Je ne connaissais pas Pierre Schoeller, et j'en ai presque honte aujourd'hui, tellement il donne une leçon d'efficacité élégante dans ce film. Les plans sont parfaitement découpés, les mouvements de caméra discrètement somptueux. Les fioritures (le rêve initial, la musique bizarre) sont parfaitement intégrées à une trame dense, resserrée, dans laquelle chaque plan compte. Le film propose plusieurs scènes d'anthologie, que je ne peux révéler sans risque de vous gâcher le plaisir. Du grand, grand art.

Allez hop, vous faites le pont de la Toussaint, il fait mauvais, vous allez tous voir L'exercice de l'Etat, sapristi.

 

4e

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