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Articles avec #paddy considine

Macbeth

Macbeth commence plutôt bien. 

On est impressionné par la rudesse des moeurs et l'âpreté des paysages, qui évoquent un côté sombre et brutal de l'univers shakespearien, rarement montré au cinéma. L'univers de Kurzel rappelle furieusement celui du Guerrier silencieux de Winding Refn.

Hélas, le caractère réaliste et sauvage des paysages écossais s'estompe rapidement pour laisser place à un long clip esthétisant.

La bascule d'un certain vérisme à un baroque boursouflé a lieu assez tôt, lors de la grande bataille, montrée avec force ralentis et jets d'hémoglobine. Elle se concrétise totalement dans le Palais du roi, dans lequel on allume des milliers de bougies, dans un style très "hommage à Lady Diana". Il ne semble manquer alors que la musique d'Elton John.

De chronique médiévale, Macbeth devient brouet new age dans lequel cieux rouge sang et musique envahissante noient l'impact de l'histoire.

Ce glissement est particulièrement triste : le film permettait de nous remémorer l'histoire de Macbeth, incroyablement forte, et l'interprétation est plutôt bonne dans l'ensemble. Quelques trouvailles fonctionnent très bien (les sorcières).

On se demande quelle mouche a piqué Kurzel pour que celui-ci transforme au fil des minutes son austère drame écossais en Game of Thrones sauce bolognaise.

 

 2e  

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Pride

Les années 80. La grande grève des mineurs au Royaume-Uni. Thatcher intraitable. Un groupe de gays et lesbiennes soutient les mineurs d'une petite ville au Pays de Galles en collectant des fonds à Londres.

En choisissant ce sujet, le réalisateur Matthew Warchus joue sur du velours. On perçoit immédiatement les immenses potentialités de ce type de scénario : confrontation des excentriques londoniens et des Gallois bourrus (mais qui ont si bon coeur au fond....), éloge de la solidarité entre opprimés, tensions / rapprochement, destinées individuelles dans un contexte historique formant une intéressante toile de fond, etc.

Pride exploite à fond tous ces filons, et il le fait avec une efficacité incroyable, ne ménageant aucune occasion de faire gonfler les yeux des spectateurs lors de scènes mémorables, je pense notamment à la scène de danse queer, ou au somptueux chant choral dans la grande salle commune. 

Warchus tisse habilement son intrigue, partant sur des bases solides, puis s'intéressant successivement à tous ses personnages, avant de prendre un virage nettement plus noir et mélancolique dans sa dernière partie, alors que les ailes noires du SIDA commencent à se déployer sur la communauté gay. Si les traits sont parfois un peu forcés, on a envie de pardonner au film ses quelques défauts, tellement il inspire la sympathie.

Parangon du feel-movie aux effets millimétrés (c'était LE film à voir sur la Croisette ce printemps - avec l'excellent Whiplash - pour se remonter le moral), servi par une brochette d'acteurs impeccables et des décors de toute beauté, Pride est la garantie absolue de passer un bon moment. 

 

3e  

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Tyrannosaur

J'ai rarement vu installer une atmosphère de violence sourde et de catastrophe imminente aussi efficacement que le fait Paddy Considine dans Tyrannosaur.

On est littéralement happé par le personnage joué par l'excellent Peter Mullan. On le craint, on le comprend, on le réprouve et il parvient presque à nous communiquer son désir de violence.

Lorsque sa solitude triste et forte rencontre celle d'Hanna, jouée par l'admirable Olivia Colman, on se demande bien vers où le film va bien pouvoir aller. La violence la plus immonde régnant au domicile de la malheureuse Hannah, on craint le pire : entre celui qui ne contrôle pas ses pulsions et celle qui subit la violence abjecte de son mari, que va-t-il se passer ?

Le film réserve un chemin tortueux à cette rencontre, en servant deux acteurs magnifiques par une mise en scène toute en douceur, d'une redoutable efficacité, par une photographie admirable, grise et claire à la fois, et par une belle musique.

Le film réserve quelques scènes magnifiques, il est tendu comme une corde d'arc, maigre comme un clou et sec comme un coup de trique. Du bel ouvrage.

 

4e

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