Macbeth
Macbeth commence plutôt bien.
On est impressionné par la rudesse des moeurs et l'âpreté des paysages, qui évoquent un côté sombre et brutal de l'univers shakespearien, rarement montré au cinéma. L'univers de Kurzel rappelle furieusement celui du Guerrier silencieux de Winding Refn.
Hélas, le caractère réaliste et sauvage des paysages écossais s'estompe rapidement pour laisser place à un long clip esthétisant.
La bascule d'un certain vérisme à un baroque boursouflé a lieu assez tôt, lors de la grande bataille, montrée avec force ralentis et jets d'hémoglobine. Elle se concrétise totalement dans le Palais du roi, dans lequel on allume des milliers de bougies, dans un style très "hommage à Lady Diana". Il ne semble manquer alors que la musique d'Elton John.
De chronique médiévale, Macbeth devient brouet new age dans lequel cieux rouge sang et musique envahissante noient l'impact de l'histoire.
Ce glissement est particulièrement triste : le film permettait de nous remémorer l'histoire de Macbeth, incroyablement forte, et l'interprétation est plutôt bonne dans l'ensemble. Quelques trouvailles fonctionnent très bien (les sorcières).
On se demande quelle mouche a piqué Kurzel pour que celui-ci transforme au fil des minutes son austère drame écossais en Game of Thrones sauce bolognaise.