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Christoblog

Articles avec #olivia colman

Entre les lignes

J'ai vu ce film en 2021, au festival du Cannes, où il a été reçu de la pire des façons par l'ensemble de la critique. 

Il est d'ailleurs très rare qu'un film sorte plus de deux ans après sa présentation à Cannes : peut-être est-ce la durée qu'i faut pour faire oublier le mauvais souvenir, ou pour corriger le montage ?

Je peux dire en tout cas que dans sa version cannoise, c'est un des pire films qu'il m'a été donné de voir sur la Croisette. Le style est empoté, sirupeux, engoncé dans une reconstitution d'époque qui empeste le carton-pâte, à l'éclairage poudreux et aux images trop belles.

Olivia Colman et Colin Firth errent dans le cadre comme égarés dans un fiasco poussif. Ils n'articulent tous les deux que quelques mots, comme s'ils regrettaient d'être là.

Entre les lignes souffre d'un triple problème : d'écriture d'abord (les allers-retours entre époques ne se justifient pas), de rythme ensuite (les plans inutiles sont légions) et de mise en scène pour finir (il faut choisir un angle, ce qu'Eva Husson ne parvient pas à faire).

C'est Downton Abbey, en raté.

Eva Husson sur Christoblog : Bang gang - 2015 (*)

 

1e

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Empire of light

Dans le cinéma de Sam Mendes, tout est propre et net, chaque chose est parfaitement à la place requise, et rien de dépasse.

Empire of light ne déroge pas à cette règle : les lieux abandonnés, même envahis par les pigeons, y sont aussi propres et esthétiques que ne l'étaient les jolies tranchées proprettes de 1917

Pour ma part, cette recherche constante de perfection me fatigue. Je me lasse très vite des plans hyper-symétriques et des travellings onctueux, d'autant que le propos du film est nimbé d'une ambiance doucereuse assez indigeste. On est ici dans un monde où la dépression se matérialise par un bain avec des bougies, et la joie par un pigeon qui s'envole.

Dans cet univers aseptisé dans lequel tous les personnages secondaires semblent réduits à des caricatures ou des ectoplasmes (la mère de Stephen par exemple est très mal jouée, me semble-t-il), j'ai eu bien du mal à croire dans l'histoire d'amour qui m'était contée. Michael Ward est aussi lisse que les décors du film, et il faut le génie d'Olivia Colman pour sauver - un peu - Empire of light, et sortir le film de sa gangue de formalisme forcené.

Pour finir, ne cherchez pas ici de déclaration d'amour au septième art, la thématique de la séance de cinéma n'intervient que très tardivement dans le film, et de façon absolument accessoire.

Pour les adeptes d'esthétisme réfrigéré et de performance d'actrice.

Sam Mendes sur Christoblog : Les noces rebelles - 2008 (*)  / Skyfall - 2012 (**) / 007 Spectre - 2015 (*) / 1917 - 2022 (**)

 

2e

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The lost daughter

Tout sonne faux dans le film de Maggie Gyllenhaal. 

Leda (Olivia Colman) regarde une jeune mère sur une plage et revit un passé qu'on devine tragique. La mise en scène est lourde et sur-signifiante, essayant d'installer une ambiance de suspense mafieux qui fait pschitt.

La maison vide, le personnage mystérieux et séduisant joué par Ed Harris, la dissimulation de la poupée : tout est cousu de fil blanc pour nous amener à nous inquiéter, un peu à la manière qu'affectionne François Ozon, mais avec beaucoup moins de subtilité.

Lorsque les flash-backs arrivent, le manque de légèreté de The lost daughter devient lourdeur gênante. Le grain de l'image et la vacuité des images de ces sirupeuses parenthèses plombent totalement la deuxième partie du film. Ces allers-retours temporels l'entraîne progressivement dans un tourbillon d'insignifiance jusqu'à un happy end ridicule.

Creux et vain.

 

1e

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The father

Difficile pour moi de comprendre l'engouement que suscite ce film, que je trouve compassé, trop long et peu original.

Son principe tient en une phrase : ce que l'on voit à l'écran n'est pas la réalité, mais le fruit de l'imagination d'Anthony, qui souffre de la maladie d'Alzheimer. 

Une fois ce postulat découvert, quelques minutes après le début du film, The father va tourner en boucle autour de quelques objets et thèmes : la fille disparue, la montre, l'appartement, le poulet.

C'est beaucoup trop peu pour maintenir l'attention du spectateur pendant 1h et 38 minutes, d'autant plus que cette proprette imagerie de chaos mental ne possède pas d'unité stylistique marquante (ou alors on la résumera au travelling arrière) ni de puissance évocatrice. La réalisation, qui manque absolument d'idées de cinéma, est d'une neutralité aseptisée qui n'entraîne pas le vertige que la situation devrait générer. Florian Zeller, dont je ne connais pas le travail d'écrivain, s'avère ici être un bien piètre cinéaste, assez pataud dans ses intentions (le dernier plan sur les arbres !) et dans sa pratique.

The father est tout juste sauvé par l'interprétation d'Anthony Hopkins, qui sort le grand jeu, alors qu'Olivia Colman use un peu trop de son air d'ahurie résolument optimiste.

Une déception.

 

2e

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La favorite

Comme souvent chez Lanthimos, je suis partagé entre l'admiration et l'agacement.

Côté admiration, il faut reconnaître l'inventivité de la mise en scène, l'élan général du projet artistique, la manière amusante de revisiter le film en costume et l'interprétation magistrale des actrices.

Olivia Coleman, que j'ai adoré dans la série Broadchurch et dans le film Tyrannosaur, trouve ici probablement le meilleur rôle de sa carrière. Elle est tour à tour intrigante, touchante, énervante. Le personnage qu'elle campe est l'épine dorsale du film, sa substantifique moelle et son véritable coeur. La tristesse générée par la perte de ses dix-sept enfants permet au personnage d'Anne d'acquérir une épaisseur émotionnelle que Lanthimos n'avait pour l'instant jamais atteint.

Côté agacement, la virtuosité un peu vaine, le capharnaüm des focales et des cadrages qui à mon sens ne parvient pas à donner au film une esthétique cohérente, un récit trop prévisible dans sa dernière partie et quelques longueurs.

Le résultat final est toutefois assez plaisant à regarder même si la stimulation intellectuelle intense que généraient les scénarios des précédents films de Lanthimos est ici en grande partie absente.

 

3e

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Tyrannosaur

J'ai rarement vu installer une atmosphère de violence sourde et de catastrophe imminente aussi efficacement que le fait Paddy Considine dans Tyrannosaur.

On est littéralement happé par le personnage joué par l'excellent Peter Mullan. On le craint, on le comprend, on le réprouve et il parvient presque à nous communiquer son désir de violence.

Lorsque sa solitude triste et forte rencontre celle d'Hanna, jouée par l'admirable Olivia Colman, on se demande bien vers où le film va bien pouvoir aller. La violence la plus immonde régnant au domicile de la malheureuse Hannah, on craint le pire : entre celui qui ne contrôle pas ses pulsions et celle qui subit la violence abjecte de son mari, que va-t-il se passer ?

Le film réserve un chemin tortueux à cette rencontre, en servant deux acteurs magnifiques par une mise en scène toute en douceur, d'une redoutable efficacité, par une photographie admirable, grise et claire à la fois, et par une belle musique.

Le film réserve quelques scènes magnifiques, il est tendu comme une corde d'arc, maigre comme un clou et sec comme un coup de trique. Du bel ouvrage.

 

4e

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