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Christoblog

Articles avec #noah baumbach

Marriage story

Aussi vite oublié que vu, Marriage story est un nouvel exemple de l'incapacité de Netflix à produire un très grand film.

Le film de Baumbach n'est pas désagréable à regarder : c'est plutôt bien enlevé (bien que trop long), les acteurs sont formidables, et la collection de vignettes qui constituent le film est plutôt plaisante à parcourir.

On ne peut s'empêcher toutefois de constater que le propos est insignifiant, que la tension dramatique s'étiole et que le film brille par son absence totale d'originalité. Les états d'âmes sentimentaux des couples aisés américains n'intéressent probablement plus grand monde aujourd'hui. Et ce ne sont pas les morceaux de bravoures du film (la dispute, la démonstration d'Adam Driver au restaurant), trop visiblement brillants, qui parviennent à hisser le film à des niveaux supérieurs.

Agréable donc, jusqu'à un certain point, comme un Woody Allen, à qui Baumbach ressemble de plus en plus.

Noah Baumbach sur Christoblog : Greenberg - 2010 (**) /  Frances Ha - 2012 (**) /  While we're young - 2014 (**) / Mistress America - 2015 (**)

 

2e

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While we're young

A chaque film de Noah Baumbach, je m'efforce de me présenter dans les meilleures dispositions d'esprit possibles, plein de bienveillance et d'ouverture d'esprit.

A chaque fois pourtant je suis (un peu) déçu. 

Avec While we're young, ça partait pourtant pas mal : un couple de quarantenaires qui se laisse séduire par un couple de jeunes, c'est plutôt bien vu.

Surtout quand ce sont Naomi Watts et Ben Stiller qui jouent les vieux tentés par un retour en jeunesse. Le scénario utilise bien dans cette partie les ressorts comiques mis à disposition par la situation : les jeunes écoutent des vinyls et refusent d'être tout le temps scotchés à leur portable (!), les vieux sont addicts des nouvelles technologies. L'oscillation cyclique entre ce qui est ringard et ce qui devient vintage est très bien vue.

On rit franchement à certaines situations (le concert pour bébé par exemple, un grand moment d'horreur comique), même si le trait est parfois un peu trop appuyé, comme souvent chez Baumbach.

Dans sa deuxième partie, en exposant une intrigue moralisatrice qui dessert trop brutalement un des protagoniste, le film perd de sa légèreté et de son équilibre. On retrouve alors le cinéma très appliqué et lourdingue qui m'avait déplu dans Frances Ha, et qui font parfois de Baumbach un Woody Allen en chaussure de plomb (alors qu'il a prouvé dans Greenberg qu'il pouvait faire preuve de finesse).

Ajoutons que les réflexions sur le cinéma documentaire sont très superficielles et on pourra conclure que While we're young est un film bancal, à moitié raté ou à moitié réussi, suivant l'humeur du moment.

Noah Baumbach sur Christoblog : Greenberg (**) / Frances Ha (**) 

 

2e

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Frances Ha

http://fr.web.img4.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/144/21014455_20130621152807984.jpgPrésenté à Berlin dans la section Panorama et à Totonto en compétition, Frances Ha arrive en France précédé d'une flatteuse réputation, matérialisée par exemple par les soutiens de Télérama et de France Inter.

J'attendais donc beaucoup de ce film, d'autant plus que j'ai aimé le précédent film de Noah Baumbach : Greenberg. D'ailleurs, pour ceux qui ont vu ce film on pourrait dire que Frances est la version énergique et féminine d'une dépression dont Greenberg serait la face mélancolique et masculine.

A 27 ans, Frances voudrait être une adulte mais n'y parvient pas. Dès les premières minutes du film elle se fait larguer par son mec, suite à une jolie scène où elle refuse maladroitement une proposition d'emménagement ensemble. C'est que Frances a une amie, Sophie, personnage de fille intellectuelle et binoclarde typiquement allenienne, qui est véritablement sa raison de vivre, son alter ego : « Nous sommes comme deux lesbiennes qui ne baisent plus ensemble » dit Frances. Mais Sophie va partir habiter Tokyo avec son mec, un goujat qui prend plaisir à éjaculer sur le visage de Sophie, comme on l'apprend incidemment. Professionnellement, notre héroïne ne réussit pas à intégrer la compagnie de danse qui l'intéresse. Je vous le disais : Frances, c'est le ratage total du passage à l'âge adulte.

Greta Gerwig compose une gourde que plusieurs critiques qualiferont sans nul doute d'épatante, d'attendrissante ou de désopilante, tellement sa prestation se prête à se type de qualificatifs. Pour ma part j'ai trouvé qu'elle forçait trop le trait "gourdasse undatable".

Globalement le film lorgne excessivement du côté des clichés et des références. Il y a fort à parier que tous les papiers sur le film évoquent Woody Allen, tant l'ombre du film Manhattan plane au-dessus de Frances Ha (le noir et blanc, le personnage de blonde physique, l'importance de la musique, les rues de New-York). Mais on y entend aussi un extrait des 400 coups, Frances rate un rendez-vous à Paris où elle pourrait dîner avec un sosie de Jean-Pierre Léaud, etc. Et le film subit également l'influence évidente de séries girly. Frances Ha, sous cette accumulation d'allusions, finit par ressembler à un empilage de sucreries.

Pas désagréable à regarder, le film n'arrive jamais à être vraiment drôle (je n'ai pas ri une fois) ni triste (pas beaucoup d'émotion possible au vu des simagrées de Greta Gerwig et de l'aspect caricatural des autres personnages). Il manque au film un souffle de légéreté, une inspiration qui le démarquerait de ce qu'on peut appeler le mainstream du film US indé.

Anecdotique, à l'image du plan final, qui révèle pourquoi le film s'appelle Frances Ha.

 

2e

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Greenberg

Il arrive parfois de l'autre côté de l'Atlantique un objet inclassable, ni vraie comédie romantique, ni drame larmoyant, ni critique sociale appuyée, ni film d'auteur plébiscité par la presse bobo occidentale, ni blockbuster. En 2009, Humpday représentait ce type d'OVNI.

Greenberg bénéficie par rapport à Humpday d'une tête d'affiche bankable (Ben Stiller himself), mais présente par ailleurs la même caractéristique : un portrait en creux de ce qu'est l'Amérique aujourd'hui.

Le tableau n'est pas rose, il est gris, voire gris noir, et même peut-être anthracite foncé. Le personnage joué par Stiller est en dépression, il est maniaque (ses courriers : extraordinaires !), new-yorkais,  quarantenaire célibataire, a séjourné en hôpital psychiatrique, et ne fait rien.

Lorsque que son frère part au Viet Nam en voyage (pour affaire, pas pour dégommer du Viet-Cong), il vient occuper sa maison en Californie. Il séduit (si on peut dire) la femme à tout faire (assistante !) de son frère : nunuche sexy et gourdasse, jouée par une formidable Greta Gerwig poupée désarticulée (dévertébrée ?). Et blonde.

Le sexe entre eux est pitoyable, un soutien gorge qui ne se dégraffe pas, un cunnilingus interrompu, c'est à en pleurer, un curetage entre deux portes, et cela fournit deux des plus belles scènes de Greenberg.

Tout dans le film, sous des dehors doucereux, respire l'échec, le ratage complet, l'incommunicabilité profonde. Du Woody Allen période September, ou une sorte de Breat Eaton Ellis sans l'aspect trash. La Californie, sa jeunesse dorée, ses villas avec piscine apparaît comme l'enfer à l'envers, Mullholland Drive sans génie et sous Prozac.

Le film doit beaucoup à l'interprétation très fine de son couple d'acteurs principaux, remarquables tous les deux.

Résumons nous : un film fondamentalement, paisiblement triste, à ne pas voir si on l'est (triste), sous peine de tentative de suicide par défaut, aux wee-wee hours. Même le nom du chien (l'être envers lequel les humains du film arrivent - un peu - finalement - à être humain) est triste : Mahler.

Malheur ?

 

2e

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