Brooklyn village
Le nouveau film d'Ira Sachs, éternel porte-drapeau du cinéma indépendant new-yorkais, présente une grande qualité et un petit défaut : il est gentil.
Commençons par la qualité : il est rare de voir un cinéaste filmer ses comédiens avec autant de douceur et d'empathie.
Chez Sachs, personne n'est vraiment méchant, mais tout le monde peut l'être à certains moments. Le beau personnage de Leonor, a priori le personnage pour lequel on doit avoir de la sympathie dans le film, se montre finalement le plus odieux, utilisant des mots très durs et inutilement blessants envers Brian. Ce dernier, dans le rôle du méchant qui doit expulser Leonor, est à l'inverse doux et compatissant.
Le regard bienveillant du réalisateur est particulièrement convaincant quand il s'attache à décrire les rêveries du jeune Jake, un peu moins en ce qui concerne le deuxième ado, l'hyperactif Tony. L'amitié des deux garçons est joliment décrite, avec une sérénité et une maturité qui évitent tout sentimentalisme inutile. Elle contraste avec l'effet de pesanteur que l'état d'adulte semble imposer aux parents.
Tout cela est magnifié par une façon de filmer New-York admirable.
Hélas, le film ne convainc pas entièrement par la faute de ses qualités même : un peu trop gentil, légèrement mou et manquant de tranchant. Si les observations psychologiques ténues et délicates sont la force du film, on comprendra qu'elles puissent un peu ennuyer.
A conseiller aux amateurs de presque rien bien observé, et agréable à regarder.