La Vierge, les Coptes et moi
Il y a parfois de petits miracles dans le système de distribution français. Qu'une fenêtre de sortie ait pu être trouvée pour un film aussi saugrenu que La Vierge, les Coptes et moi en est un.
J'avais entendu parler de ce film à Cannes : ceux qui l'avait vu dans le cadre de la souvent passionnante programmation ACID en parlaient avec un filet d'émotion dans la voix.
Le prétexte est insensé pour un premier film : le réalisateur Namir Abdel Messeh, Français d'origine copte égyptienne , décide de tourner un film sur les apparitions de la Vierge aux communautés coptes d'Egypte, intrigué par une K7 que lui montre sa mère. Il se rend en Egypte pour constater rapidement toutes les difficultés que présente ce projet : tracasseries administratives, contraintes de toutes sortes, mauvaise foi des témoins... à tel point que le film, assez intéressant et parfois burlesque dans son début, semble atteindre une sorte de cul-de-sac scénaristique vers son milieu.
C'est à ce moment que les idées géniales se succèdent : d'abord la décision de rendre visite à sa famille maternelle dans un petit village de haute Egypte, puis l'arrivée de sa mère pour aider à finir le film, et enfin la volonté de tourner un film dans ce petit village qui reconstitue une apparition de la Vierge. A partir de ce moment le film devient franchement hilarant (ah, le casting des villageoises pour le rôle de la Vierge) et sur la fin profondément touchant. Bien sûr l'allégorie sur la puissance du cinéma est un peu grosse, mais il faut dire que cela fonctionne parfaitement et qu'on est bouleversé par cette image des villageois qui regardent leur propre film avec la même sidération que s'ils regardaient une véritable apparition de la Vierge.
Si le film n'évite pas complètement quelques facilités (certaines sont très amusantes, comme les vrai-faux coups de fil du producteur), il gagne son pari osé en mélangeant un aspect bricolo de génie à la Gondry à une mise en abyme tendre et ironique à la Moretti.
Le film est enfin un chant d'amour envers ce petit peuple égyptien, toujours si prompt à s'amuser, à s'émerveiller et à faire preuve d'auto-dérision (on songe aux romans de Mahfouz et aux films de Nasrallah).
Vous l'avez compris, je recommande chaudement d'aller voir ce petit bijou qui vous regonflera le moral à bloc, si vous en avez besoin.