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Christoblog

Articles avec #marco bellochio

Le traître

L'histoire que raconte le nouveau film de Marco Bellochio est passionnante de bout en bout. Elle évite les simplifications et les effets faciles, et le portrait de ce premier repenti (qui paradoxalement semble trahir ses pairs au nom de l'honneur) est d'une complexité extrême.

Le traître frappe par la qualité sidérante de sa mise en scène, à la fois classique et inventive, et la force de son interprétation.

Si la première partie peut dégager une impression de déjà-vu un peu didactique, le film décolle vraiment à partir du procès. La qualité de la reconstitution, l'ampleur des décors, la présence des figurants donnent aux scènes dans le tribunal une force sidérante.

Le film est aussi un portrait-hommage en creux du juge Falcone, et le rapport entre ce dernier et Buscetta est très émouvant. L'ultime partie aux USA rend très bien la peur constante dans laquelle vit la famille exilée. 

A défaut d'être du grand art, Le traître est un solide morceau de cinéma, produit par un maître réalisateur.

Marco Bellochio sur Christoblog : Vincere - 2009 (****) / La belle endormie - 2012 (**) / Fais de beaux rêves - 2016 (***)

 

3e

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Fais de beaux rêves

Beau film ample, complexe, et aux multiples thématiques que le dernier Bellochio.

Fais de beaux rêves est un véritable travail d'orfèvre, construit sur un scénario ciselé et servi par une interprétation pleine de finesse.

Comme le personnage principal, on sait sans savoir, et le film enchaîne les belles liaisons : statues militaires, bustes de Napoléon, chute libre, se laisser tomber dans le canapé. Chaque période renvoie à un traumatisme de l'enfance, parfois de façon évidente, parfois moins. C'est beau, subtil et on est émerveillé par la manière de filmer de Bellochio.

Il ne manque pas grand-chose pour que le film nous emporte vraiment dans son élan romanesque : peut-être un tout petit peu plus de concision, ou une insistance un peu moindre sur certains passages.

Au final, Fais de beaux rêves emporte la mise par sa capacité à faire ressentir le passage du temps.

Sur le fond il impose cette vérité : quels dégâts produit le fait de ne pas dire la vérité aux enfants !

 

3e

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Vincere

Quel plaisir lorsque la forme épouse si parfaitement le fond.

Question mise en scène, Vincere impose un point de vue magistral, fondamentalement européen dans le sens qu'il s'éloigne résolument des standards américains du cinéma hollywoodien, alors qu'il raconte une histoire - oh - si romanesque.

Surimpressions, images d'archives, lettrages inspirés, focales qui rendent le second plan flou : toute la première partie, pleine de bruit et de fureur (quelle bande son !) est apocalyptique. A quoi renvoient ces flashs mystérieux ? Réponse : à la seconde partie, plus classique, mais probablement aussi plus efficace.

A quoi tient la magie de ce film ? Sûrement en dernière analyse à la performance hors norme des acteurs. Filippo Timi est extraordinaire dans sa détermination monomaniaque : ce regard quand il fait l'amour ! Et Giovanna Mezzogiorno tient probablement le rôle de sa vie dans le rôle d'Ida Dalser, sans concession, possédant la puissance intrinsèque de celle qui ira jusqu'au bout.

Le film tutoie la perfection du début à la fin, enchaînant des images qui à elles seules sauveraient un film si elles y étaient enchâssées : le duel, l'arbre et ses filets, la neige qui tombe sur l'asile, etc.... Le plus incroyable finalement est qu'à travers cette histoire romanesque une cruelle violence arrive à émerger librement (violence du sexe et du désir, de la politique, des manifestations, de la folie). Cette violence est si belle que le film brille comme un diamant brut, et que dans ce diamant brille cette scène du premier baiser : Ida a la main ensanglantée, mais lorsque Mussolini quitte ses lèvres, elle tombe en avant comme privé du support qu'elle cherchera à tout jamais, y perdant la raison.

Somptueux.  

 

4e

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