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Articles avec #kim min-hee

De nos jours

Le cinéma de Hong Sang-Soo devient au fil du temps de plus en plus dépouillé, tirant même vers l'épure.

Deux situations : un écrivain reçoit un admirateur, et une ancienne actrice une débutante. Les conversations alternées présentent quelques similitudes.

On y parle de tout et de rien, en révélant le moins possible de ce qu'on pense, tout en buvant du soju et en jouant à chifourmi (sûrement la meilleure scène du film). L'ensemble ne tient debout que de justesse, par la grâce d'une intonation curieusement émouvante, la disparition fortuite d'un chat ou l'exposition improbable d'une collection de pantoufles.

On peut être saisi par la grâce de ce dispositif minimal, ou comme moi être plutôt déçu que le talent d'écriture de HSS se dilue dans ce qui apparaît comme une improvisation minimale, une sorte de haïku qui s'apparente à une conversation pour initiés, dont toute saillie est absente.

Hong Sang-Soo est apparu à Cannes 2023 très diminué, souffrant énormément des yeux. On espère qu'il reviendra un jour avec des oeuvres plus ambitieuses.

Le jour où le cochon est tombé dans le puits - 1996 (**) / Le pouvoir de la Province de Kangwon - 1998 (**) / La vierge mise à nu par ses prétendants - 2000 (***) / Turning gate - 2003 (***) / La femme est l'avenir de l'homme - 2003 (***) / Conte de cinéma - 2005 (**) / Les femmes de mes amis - 2009 (**) / HA HA HA - 2010 (***) / The day he arrives (Matins calmes à Séoul)  - 2011 (***) /  In another country - 2012 (***) / Sunhi - 2013 (***) / Haewon et les hommes - 2013 (**) / Hill of freedom - 2014 (***) / Un jour avec un jour sans - 2015 (**) / Yourself and yours - 2017 (**) / Le jour d'après - 2017 (**) / La caméra de Claire - 2017 (***) / Hotel by the river - 2020 (***) / Juste sous vos yeux - 2021 (***) / La romancière, le film et le heureux hasard - 2022 (**)

 

2e

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La romancière, le film et le heureux hasard

On peut classer les films de Hong Sang-Soo en 3 grandes catégories : les comédies grinçantes décortiquant les relations humaines et en particulier les relations hommes femmes (plutôt le début de sa carrière), les essais conceptuels souvent accompagnés d'une déstructuration du récit (plutôt son milieu de carrière) et enfin les récits dépouillés teintés de spleen, qui creusent une veine plus onirique ou plus sensible (plutôt ses derniers films).

La romancière, le film et le heureux hasard s'inscrit bien dans cette dernière catégorie. Le personnage principal est une romancière d'un certain âge qui ne parvient plus à écrire. Elle rencontre une jeune comédienne qui ne tourne plus. Leur rencontre, qui ne se produit que par la grâce d'un heureux hasard, conduira à la réalisation d'un film, sorte d'épiphanie inespérée pour l'une et l'autre, illustrant le titre du film, qui en est donc aussi le programme.

Le connaisseurs retrouveront ici les tics du réalisateurs (tablée s'abreuvant d'alcool, morceaux de dialogues voyageant de bouche en bouche, moment de gêne intense, zooms grossiers), mais le plus important se situe ici dans la grande délicatesse du projet, aboutissant finalement à un très beau "Je t'aime" lancé par l'actrice Kim Min-hee à son compagnon réalisateur.

Il y a dans cet opus de très bonnes choses (une photographie en noir et blanc très particulière, des scènes d'anthologie - comme celle dans laquelle le réalisateur se fait brutalement congédier), mais aussi de longs moments durant lesquels on a vaguement l'impression qu'il s'agit de meubler. Le tout est émaillé d'étrangetés propres au cinéaste (comme la dispute en voix off de la toute première scène) qui suscite ce frisson de stimulation intellectuelle propre au cinéma de Hong Sang-Soo.

Un film qui intéressera les fidèles, et qui ennuiera probablement les autres. Comme d'habitude !

 

2e

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Hotel by the river

Dans la très dense filmographie de Hong Sang-Soo, Hotel by the river se distingue de plusieurs manières.

Ici, pour une fois, il n'est pas vraiment question de rapports amoureux (tous les personnages sont seuls, séparés, divorcés, célibataires ou veufs). Plusieurs des motifs habituels du cinéma de HSS sont par ailleurs absents : pas de découpages en plusieurs parties distinctes, pas de légèreté incisive dans les dialogues, peu de lâcheté et de ridicule.  

Hotel by the river est marqué par une sorte de gravité qui est peu courante dans le cinéma du cinéaste coréen, une gravité qui n'est ni plombante ni superficielle : juste poétique et parfois presque métaphysique.

Le film se situe en effet sur une ligne de crête qui sépare la réalité brute de l'onirisme feutré. On peut le voir comme la représentation naturaliste de destins qui se croisent dans un hôtel quelconque, ou comme une métaphore d'un état ou d'un lieu qui pourrait être totalement rêvé ou imaginaire, sorte de limbes ou de purgatoire.

Le film regorge de détails qui tendent à prouver que ce qu'on voit ne correspond pas à la réalité : plusieurs personnes qui se trouvent dans la même pièce sans se voir, une baisse brutale de température, un personnage invisible mais déterminant (le patron de l'établissement), une chute de neige incroyablement rapide, des comportements étranges, des pressentiments qui se réalisent.

L'art subtil de HSS se déploie ici avec un degré de maîtrise et de profondeur inégalé à mon sens, vertige quasi lynchien ou fable poétique, suivant le degré de concentration du spectateur.

 

3e

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La caméra de Claire

Dans la filmographie de Hong Sang-Soo, La caméra de Claire fait figure d'oeuvre mineure. Tourné en quelques jours, sans prétention métaphysique, morale ou esthétique, le dernier film du prolifique coréen brille par sa modestie délicieuse.

Je retrouve du coup le plaisir (un peu perdu ces derniers temps) de me laisser bercer par la petite musique habituelle de Hong Sang-Soo : zoom dès le premier plan du film, homme infect et femmes finalement remarquables, alcool, éléments récurrents (ici le chien), etc.

Sous l'apparence lâche de l'intrigue et l'aspect décousu du montage, se dissimule une rigueur dans le scénario qui se révèle dans les derniers plans. L'atmosphère irréelle des ruelles cannoises filmées en marge du Festival contribue pour beaucoup à la tonalité du film, fable spleenétique et rohmérienne, exercice de style minuté à la seconde : le film dure 1h et 9 minutes, et on redécouvre qu'un film court, c'est délicieux.

Kim Min-Hee parvient en un seul plan à exprimer toute une série d'émotions délicates, alors que sa compatriote Jang Mi-Hee lui donne parfaitement la réplique. Isabelle Huppert, affublée d'un affreux chapeau et d'une bonhommie innocente et légèrement surnaturelle, est parfaite - la candeur lui va presque mieux que la perversité.

Une jolie réussite, toute en litote.

 

3e

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Le jour d'après

Pour commencer, il faut préciser qu'au début de ce dernier opus de Hong Sang-soo, on ne comprend rien à ce qu'on voit. 

La temporalité de chaque scène est indistincte, les relations entre les personnages (qu'on peine même à distinguer les uns des autres) sont floues.

Petit à petit, les choses se mettent en place, sans que le propos en deviennent plus passionnant : il sera comme d'habitude question de discussion autour d'une table en buvant du soju, de la lâcheté des hommes et de la beauté des femmes. Dans Le jour d'après, Hong Sang-soo ne propose pas de construction formelle audacieuse (comme dans Un jour avec un jour sans), ni de clin d'oeil narratif à répétition (comme dans HA HA HA), ni de vertige métaphysique (comme dans Yourself and yours).

Le film est donc décevant, comme un best of du réalisateur qu'on dirait formaté pour la compétition cannoise : noir et blanc façon auteur, risque minimal et vedette internationale au casting (Kim Min-hee, vue dans Mademoiselle, et compagne de HSS). Et puis, disons-le, quand la qualité est moins bonne, les figures de styles habituelles (les conversations qui se répètent d'une scène à l'autre, les zooms dézooms) finissent par lasser et apparaître comme des tics embarrassants plutôt que comme la marque d'un talent. 

Par éclair, le film intrigue ou séduit, sans que l'ensemble ne parvienne à convaincre totalement. 

 

2e

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Un jour avec un jour sans

Certains trouvent que les films de Hong Sang-Soo se ressemblent tous, au prétexte qu'ils mettent toujours en scène le même type de relations homme / femme, et qu'ils sont parsemés des mêmes gimmicks (café, alcool, réalisateur).

Ils n'ont pas tout à fait tort. Le cinéaste coréen cherche visiblement depuis plusieurs films à travailler sur la forme de ses scénarios, plutôt que sur leur contenu.

Ici le prétexte est séduisant et casse-gueule à la fois : raconter la même histoire deux fois de suite.

Dans les deux cas, nous assistons à une rencontre entre un jeune cinéaste venu présenter son film dans une petite ville et une jeune femme artiste. Les deux parties du film comprennent en gros les mêmes épisodes, les mêmes décors et parfois même les mêmes dialogues. Les mouvements de caméras ne sont pas les mêmes, les scènes présentent des variations parfois notables et surtout le caractère des personnages (ou leur humeur ?) semblent différents dans les deux versions de la même histoire.  

Les conséquences de ces variations sont plus ou moins importantes et rendent la conclusion de l'histoire différente dans les deux cas. 

Un jour avec un jour sans est donc un jeu subtil et délicat qui pourra en rebuter plus d'un. Et si de plus on est allergique à l'obséquiosité des Coréens, le film pourra être franchement rebutant.

Pour les curieux qui aiment disséquer les différences d'ambiance et de tempo, qui cherchent à voir des signes là où il n'y en pas, et qui aiment en général couper les cheveux en quatre (voire en huit, ou seize), le film paraîtra un nectar délicieux explorant le champ des possibles.

Pour ma part, j'ai oscillé pendant tout le film entre les deux points de vue.

 

2e

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