Si Beale Street pouvait parler
On retrouve dans le nouveau film de Barry Jenkins beaucoup des qualités qui m'avait enthousiasmé dans Moonlight (Oscar du meilleur film 2017) : une mise en scène d'une élégance rare (on dirait que la caméra flotte dans l'espace), une photographie splendide et une direction d'acteur époustouflante.
L'attention extrême avec laquelle le réalisateur scrute ses personnages est remarquable et contribue à rendre le film attachant. Il fait de ce jeune couple parfait, victime d'une "erreur" judiciaire dont le caractère raciste ne fait aucun doute, une sorte d'emblème christique de la condition noire. Tish et Alonzo ne se rebellent pas vraiment, le film ne s'étend pas sur les faits en eux-mêmes, il ne vise finalement qu'à faire ressentir une sorte d'amour compassionnel pour ces deux amoureux.
Si Beale Street pouvait parler est donc complètement dépourvu d'enjeux politique et on peine à croire qu'il est tiré d'un roman de James Baldwin. Comme le scénario est assez mince par ailleurs, on pourra peut-être être déçu par ce "film d'après" : Moonlight était tellement riche, complexe et tendu, que son successeur pourra peut-être paraître à certains un poil simplet et naïf.
A voir éventuellement.
Barry Jenkins sur Christoblog : Moonlight - 2017 (****)