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Christoblog

Articles avec #jeanne balibar

Memoria

Memoria est sûrement le film le plus abordable de son auteur, Apichatpong Weerasethakul.

Il possède d'abord une intrigue à peu près digne de ce nom : une scientifique entend parfois un bruit mystérieux, une sorte de bang, qu'elle seule semble percevoir. Elle va chercher à percer ce mystère.

L'histoire se développe cahin-caha, à coup de tentative d'explications scientifiques (un peu) et de quête mystique (beaucoup). Le personnage principal rencontre une sorte de médium, qui l'aide à franchir les frontières entre notre monde réel et celui d'où provient le bruit (il est le disque dur, elle est l'antenne, dit une des réparties du film).Tilda Swinton sert parfaitement le cinéma du Thaïlandais, étirant sa longue carcasse dans des villes et des paysages sud-américains magnifiquement filmés, comme toujours.

Le film est donc une longue rêverie déambulatoire au charme persistant. Il offre des scènes saisissantes, dont celle qui fournit au final l'origine du bruit entendu, d'une beauté à pleurer. Le moindre coin de rue est magnifié par la caméra du cinéaste palmé : c'est probablement ce qui se fait de plus beau d'un point de vue formel dans le cinéma contemporain.

Attention, on est tout de même chez Weerasethakul, donc mieux vaut être préparé et bien réveillé, car les plans sont longs et souvent fixes, les dialogues épars et le propos globalement assez abscons.

La meilleure introduction pour qui souhaiterait découvrir le cinéma de "Joe".

Apichatpong Weerasethakul sur Christoblog : Tropical malady - 2004 (***) / Oncle Boonmee - 2010 (*) / Cemetery of splendor - 2015 (**)

 

3e

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Illusions perdues

Deux points rendent le film de Xavier Giannoli particulièrement intéressant : une écriture au millimètre et un casting d'enfer.

Sur le plan du script, le film est formidable. La complexité balzacienne est respectée dans l'esprit, même si le contenu du roman est assez profondément modifié. 

Giannoli parvient habilement à insérer des résonances contemporaines dans la trame narrative profondément romanesque du livre.

Côté interprétation, c'est du haut niveau. Tout d'abord, c'est une excellente idée d'avoir confié le rôle principal à un acteur peu connu, Benjamin Voisin (qu'on a quand même vu dans Eté 85 et surtout le très bon La dernière vie de Simon). De cette façon, on peut parfaitement s'identifier à l'odyssée du jeune provincial découvrant Paris. Vincent Lacoste est parfait dans son rôle de beau gosse cynique, et Xavier Dolan est formidable d'ambiguïté. Cécile de France, Salomé Dewaels, Gérard Depardieu, Jeanne Balibar, André Marcon ne sont pas en reste.

Comme la direction artistique est très propre (un peu trop ?) et la mise en scène sage et solide, le film est un divertissement tout à fait agréable, même si le rendu final l'apparente plus à une excellente production télé qu'à une véritable oeuvre de cinéma. On passe un très bon moment et le rythme enlevé du film rend sa durée (2h30) tout à fait supportable.

Xavier Giannoli sur Christoblog : A l'origine - 2008 (*) / Marguerite - 2015 (***) / L'apparition - 2017 (**)

 

3e

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Le dos rouge

Il faut être gonflé pour oser faire un film aussi azimuthé que celui-ci, lorsqu'on n'est pas un réalisateur hyper-connu. 

Antoine Barraud (remarqué par quelques-uns pour son long-métrage précédent, Les gouffres) fait donc partie de cette race là, qui n'hésite pas à prêter le flan aux pires accusations de parisianisme intellectualisant.

Essayons de résumer le film : un réalisateur (Bertrand Bonello) cherche à tourner un film à propos des monstres. Une femme mystérieuse, qui va changer d'apparence physique, lui montre des tableaux dans différents lieux, et s'ingénie à disparaître. Un journaliste qui ne pose pas de questions interviewe le réalisateur dans un bar. Ce dernier participe à des cérémonies orgiaques bizarres, et fait la fête avec les acteurs de son film. Une tâche rouge se développe sur son dos. 

Vous voyez le genre : même si j'admets que la compréhension intégrale de ce que vois n'est pas la condition indispensable à mon plaisir de spectateur, il y a quand même des limites, que Barraud franchit.

L'extrêmisme dandy qui lui fait transformer son film en trip halluciné est d'autant plus critiquable que Le dos rouge présente par moment de réels moments de grâce, notamment à chaque fois que s'exprime l'incroyable Jeanne Balibar. 

 

 2e 

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