Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christoblog

Articles avec #jean-louis trintignant

La plus précieuse des marchandises

Pas facile de dire du mal de ce film très consensuel, traitant sous forme de conte la Shoah. 

Et pourtant rien ne va dans La plus précieuse des marchandises. L'animation 2D proposée par Michel Hazanivicius est d'abord d'une pauvreté rédhibitoire : si les illustrations sont "jolies", elle pâlissent en comparaison de ce que l'animation propose aujourd'hui (allez plutôt voir l'incroyable film Flow, vous comprendrez ce que je veux dire). 

Ensuite, le conte de Jean-Claude Grumberg ne contient pas assez de matière narrative pour remplir tout un long-métrage. Il aurait peut-être permis de donner un court-métrage sympathique d'une vingtaine de minute. Cet inconvénient se traduit à l'écran par un beaucoup de répétitions très lassantes : le train passe 36 fois, le pauvre bûcheron coupe plusieurs stères de bois à l'écran, etc.

Le film a aussi une propension, quoi que j'ai lu l'inverse dans de nombreuses critiques, à chercher à provoquer une larme facile chez le spectateur. La musique d'Alexandre Desplat, par exemple, surligne les situations susceptibles de générer de l'émotion.

Les voix des personnages ne m'ont pas non plus convaincu, en particulier celle de de Dominique Blanc, que j'aime pourtant beaucoup.

Enfin, et c'est peut-être pour moi le pire, le traitement à l'image des camps ne m'a pas paru adéquat. Sous réserve de "représentation", Hazanavicius s'estime légitime à montrer les corps suppliciés, mais le résultat m'a vraiment mis mal à l'aise, comme d'ailleurs la voix d'outre-tombe de Jean-Louis Trintignant qui nous assène des phrases qui m'ont laissé perplexe ("Peut-être que tous ces morts ont été une illusion ?").

Je déconseille donc cet essai, qui me semble raté de plusieurs points de vue. 

Michel Hazanivicius sur Christoblog : OSS 117 ne répond plus - 2008 (***) / The artist - 2011 (**) /  The search - 2014 (***) / Coupez ! - 2022 (***)

 

1e

Voir les commentaires

Un été violent

Ce film de Zurlini présente deux intérêts principaux : une jolie photographie admirablement mise en valeur par la restauration du film et un contexte inusité mais très bien rendu (la chute du fascisme et la fin de la guerre en Italie).

Pour le reste, pas grand-chose de palpitant à signaler. Le film traite du thème archi-rebattu de l'histoire d'amour entre un jeune homme et une femme (à peine) plus mûre, sans originalité particulière.

L'interprétation est moyenne : Trintignant est monolithique et Eleonora Rossi Drago un peu opaque. J'ai eu personnellement du mal à adhérer à leur histoire d'amour.

Restent quelques scène sublimes (la soirée de la rencontre, hors du temps), et une mise en scène peu visible mais élégante. L'ensemble parvient difficilement à maintenir un haut degré d'intérêt.

 

2e

Voir les commentaires

Les plus belles années d'une vie

Je n'attendais vraiment pas grand-chose du nouveau film de Claude Lelouch. Les risques étaient grands que ces retrouvailles entre Anne et Jean-Louis (plus de cinquante ans après leur rencontre !) sombrent dans la nostalgie rance ou le sentimentalisme mièvre.

Mais Lelouch, admirablement épaulé par ces comédien(e)s, nous offre à l'inverse un crépuscule doux et ensoleillé, qui n'esquive pas les ravages du temps sur les corps, mais sait aussi raviver en un clin d'oeil les souvenirs du passé.

L'idée de doter Jean-Louis d'une mémoire perforée et de nous montrer à l'écran ses rêves permet de multiples effets et allers-retours, qui sont tour à tour comiques, émouvants, et même parfois bouleversants.

Dans une distribution exceptionnelle (quelle bonne idée de faire jouer les personnages de Françoise et Antoine par les acteurs qui jouaient les bambins dans Un homme et une femme !), Jean-Louis Trintignant nous offre une prestation qui force l'admiration, parvenant à distiller en un seul mouvement de paupière, en un seul regard ou frémissement, toute une gamme de sentiments.

On est souvent frappé au coeur par ce qui se joue devant nous : il n'est évidemment pas question de rejouer l'amour défunt, mais la tendresse diffuse qui irradie du passé donne à l'ensemble du film la consistance du temps qui passe. C'est à la fois beau et doux.

 

3e

Voir les commentaires

Happy end

Il faudra cette fois-ci être encore plus de mauvaise foi que d'habitude pour dire du bien du nouvel Haneke.

Creux et vain, moche et ennuyeux, Haneke sombre progressivement dans l'auto-citation (la référence à Amour dans la bouche du personnage joué par Trintignant) et la caricature de son propre cinéma.

J'ai eu envie à Cannes (et je n'étais pas le seul, toute la salle était crispée et tendue) de lui hurler : mais réveille-toi, nom d'un chien, renouvelle-toi, ose un peu quelque chose de nouveau !

Avant Haneke perturbait, maintenant il ennuie. Aucun des personnages de Happy end ne nous intéresse. Plusieurs scènes sonnent faux à un point que cela en devient gênant ou risible (comme la visite de l'inspecteur du travail sur le chantier : on voit bien qu'Haneke ne sait pas ce qu'est un chantier, un travail, et donc a fortiori un inspecteur du travail).

Le pire est le traitement réservé aux migrants, lamentable de hauteur condescendante. Ce sont alors des tombereaux d'insultes qu'on a envie de déverser sur la pose du réalisateur.

Minable.

Michael Haneke sur Christoblog : Le ruban blanc - 2009 (**) / Amour - 2012 (**)

 

1e

Voir les commentaires

Amour

J'ai la larme très facile au cinéma, ce qui m'oblige souvent à inventer de subtiles manigances au moment où les lumières reviennent dans la salle, pour masquer mon humidité oculaire. Mais en regardant Amour, de Michael Haneke, qui a reçu hier soir la Palme d'Or à Cannes, je n'ai absolument rien ressenti d'émouvant : même pas une goutelette au coin de l'oeil.

Rien, nada, que dalle.

Ma critique va être donc en complet déphasage avec les avis de la quasi totalité des critiques présents à Cannes, qui se déclarent (presque) tous irrémédiablement touchés par le film.

Suis-je donc à ce point insensible ? J'espère que non.

Dès le début du film, les grosses ficelles qu'utilise habituellement Haneke m'ont sauté comme d'habitude aux yeux, et du coup, l'artificialité glaçante du film a empêché pour moi toute forme d'empathie.

Prenons par exemple le parti-pris de réalisme absolu dont beaucoup parlent. Haneke, en montrant un couple d'octagénaires dont la femme sombre dans la déchéance physique suite à une attaque, montrerait "pour de vrai" une agonie. C'est faux ! Ce que montre Haneke reste bien en-dessous de ce qu'est réellement la fin de vie. Le maquillage de l'actrice Emmanuelle Riva est réussi, mais manquent (heureusement ou malheureusement) les rictus horribles, les sécrétions diverses et beaucoup des horreurs réelles qui accompagnent ces moments. Les draps et la chemise de nuit de la malade sont toujours immaculés, et la couche ... ne déborde pas.

Le scénario, qui file tout droit comme un clip de promotion de l'euthanasie, ne laisse place qu'à un nombre réduit d'états d'âme chez les différents protagonistes, le père comme la fille, ce qui est aussi très peu réaliste. La machine Haneke, artificielle, compassée et finalement aussi peu dramaturgique que possible, passe évidemment ici beaucoup mieux auprès des spectateurs que quand elle était mise au service des sadiques de Funny Games, mais c'est la même. Que dit finalement le film ? Que voir quelqu'un qu'on aime sombrer dans la déchéance physique est insupportable. Belle découverte ! Et finalement quoi d'autre ? Rien.

La mise en scène est à l'image du jeu des acteurs (le phrasé de Trintignant est toujours aussi peu naturel, et celui d'Emmanuelle Riva est pire), des décors (très froids, les vues de Paris par les fenêtres sont toutes fausses et cela se voit), de la lumière (trop belle pour être vraie, comme dans la scène du pigeon) : maniérée et désincarnée. Composer de jolis plans fixes de portes, de couloirs et de tableaux aux murs ne suffit pas à faire un film.

Au final, et je sais que le terme pourra être mal interprété, Amour me semble être le prototype du film bourgeois. Bourgeois, pas seulement parce qu'il montre (quoique le petit personnel y soit caricaturé d'une façon presque odieuse) mais aussi par la façon dont il est fait : sagement, académiquement et sans trop fouiller dans les coins.

On aimerait un jour voir Haneke plonger un peu plus dans la mêlée, se frotter à d'autres milieux et se mettre plus en danger. On pourrait alors juger plus clairement de ses réelles qualités.

Michael Haneke sur Christoblog : Le ruban blanc - 2009 (**)

 

2e 

Voir les commentaires