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Christoblog

Articles avec #je n'aime pas

Mon roi

Chez Maïwenn, le mauvais goût est érigé en style.

Quand le sujet s'y prête, que les acteurs sont collectivement à l'unisson du projet, et que l'humeur du spectateur est adaptée, la réussite peut être au rendez-vous (cf mon avis sur Polisse).

Quand le sujet nécessite un traitement délicat et subtil, comme c'est le cas ici, on avoisine la catastrophe.

Mon roi est horripilant par bien des aspects : c'est un cinéma de l'hystérie sur le fond, et du remplissage sur la forme.

Les personnages ne peuvent (ne doivent ?) s'exprimer que dans l'outrance. L'intensité du sentiment ne semble pouvoir se matérialiser que par la démesure des comportements. Ils pleurent, hurlent, se droguent, se soûlent, baisent sur les tables d'un restaurant, passent leur main à travers une vitre, se suicident, dans un même élan. Dans ce cinéma qu'on dirait réalisé sous l'influence d'une drogue euphorisante, il ne semble pas permis d'être subtil.

Vincent Cassel est ici laissé totalement en roue libre, cabotinant comme jamais, jouant avec insolence un rôle qui lui va bien : le phalocrate séducteur qu'on a envie d'étrangler cinq ou six fois dans le film.

Sur la forme, Maïwenn ne semble jamais en mesure de gérer la complexité de l'histoire qu'elle tente de raconter. Elle "remplit" donc son film de scènes redondantes, ou inutiles, à l'image des scènes tournées dans le Centre de rééducation spécialisé, qui ne présentent aucun intérêt. La façon dont elle insère artificiellement dans sa narration des jeunes de banlieue est ridicule. Pour ce qui est de la répétition, on peut carrément prévoir le déroulement de chaque scène à partir d'un archétype qui revient sans cesse : séduction, esbrouffe, on dérange les autres en rigolant, crise de nerfs, réconciliation sur l'oreiller. 

En sortant de la salle, j'avais l'impression d'avoir passé deux heures dans un tambour de machine à laver, à regarder des gens faire leur valises pour aller à l'hôpital. Un film épuisant, inutile, gênant.

 

1e

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Maryland

Voilà l'exemple même d'un film qui se réduit strictement à son contenu programmatique : un soldat français en plein trauma post-conflit protège la femme d'un homme d'affaire libanais.

Le film tient dans le pitch.

Matthias Schoenaerts joue le colosse fragile comme dans tous les films où je l'ai vu. Son jeu est d'une variété inversement proportionnelle à la complexité orthographique de son nom.

Pendant la première heure, la question est : Vincent est-il paranoïaque ? On s'ennuie un peu, mais la réalisation d'Alice Winocour est très élégante. L'aspect flottant de l'intrigue contribue à installer une ambiance bizarre, faite d'un mélange étroit de tension et d'indécision. 

Quand le film bascule dans un tout autre registre, il perd quasiment tout intérêt. On est alors dans le home invasion basique et on se demande ce qu'a voulu prouver la réalisatrice : qu'elle pouvait filmer des grosses bastons comme un tâcheron US ? La réponse est oui, et plutôt bien.

C'est décevant.

 

2e

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Belles familles

Le nouveau film de Jean Paul Rappeneau (83 ans, une fois de plus, la preuve que le cinéma conserve) vaut surtout pour son rythme.

Le scénario s'agite, le montage pétille, la caméra virevolte.

Difficile de ne pas voir cependant ce que le film a d'artificiel et d'engoncé : les dialogues sont souvent ridicules, les seconds rôles absurdement caricaturaux, les situations fort peu originales.

Le prestigieux casting fournit une prestation inégale. Détaillons un petit peu. 

Mathieu Amalric : 2/5, pour peu qu'on accepte son style habituel "ébahi à qui on ne la fait pas, regard en coin de séducteur", il est correct. Gilles Lellouch : 4/5, idéal dans son rôle (mais en est-ce un ?) de beauf lourdingue. Marine Vacth : 0/5, à son avantage dans les scènes où elle ne parle pas, ne bouge pas, et où on la voit de dos. Nicole Garcia : 2/5, insupportable au début, acceptable à la fin. André Dussollier : 5/5, parfait. Karine Viard : 4/5, comme d'habitude convaincante, même si elle n'utilise qu'une expression. Guillaume de Tonquédec : 1/5, force son jeu.

Si on lui enlève ses bulles, Belles familles s'avère n'être qu'une piquette sans beaucoup d'attraits. La fin est particulièrement pénible, la musique semble émerger d'un siècle passé, et l'incurie de certaines péripéties gâche l'émotion qui pourrait surgir de cette recherche de la figure paternelle. 

Un beau gâchis.

 

1e

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Asphalte

Asphalte est au cinéma ce que les chatons sont à Internet : ça ne fait de mal à personne et beaucoup sont prêts à aimer (le "c'est trop mimi ! " se transformant ici en "un véritable coup de coeur ! ").

Le film est un brouet de bons sentiments qui s'auto-exaltent dans un décor de banlieue parsemé d'habitants hébétés, ce qui permettra à quelques critiques de s'exclamer "On n'a jamais filmé les cités comme ça ! "

D'abord, le mec désagréable et dans la lune, Gustave Kervern, reprend son rôle de Dans la cour. Comme la vie est bien faite, il sera puni de sa mauvaise action initiale, puis il rencontrera par hasard une infirmière désespérée (mais qui revêt les traits d'une grande bourgeoise de Valeria Bruni Tedeschi). La vie est belle : il s'inventera photographe et se lèvera de son fauteuil roulant (miracle de l'amour !) pour une marche zombiesque d'un ridicule extrême.

Ensuite, une actrice sur le retour (Isabelle Huppert, follement crédible) séduit platoniquement un jeune homme qui boit du lait et n'aime pas les films en noir et blanc, mais les aime quand même au final, parce que tu vois l'actrice est jolie quand elle est jeune, et le cinéma ça peut être bien quand l'histoire est bien. Même en noir et blanc. Vous voyez la légèreté du truc.

Et enfin, un cosmonaute américain atterrit chez une maman arabe qui lui fait sa meilleure recette de couscous. Comme elle lui donne le maillot de l'OM de son fils, alors l'américain est heureux et lui répare une fuite d'eau. Mais il n'y arrive pas. Alors un hélicoptère de la NASA vient le chercher dans la cité (sans se faire caillasser).

Voilà. Tout cela serait simplement mauvais si l'emballage n'allait piocher insidieusement chez plusieurs auteurs : la façon de filmer la ville chez Kaurismaki, le décalage chez le trio Gordon/Abel/Romy, le personnage joué par Kervern chez Salvadori, l'aspect grinçant des premières scènes justement chez le duo Délépine/Kervern, les plans fixes de personnages mutiques chez Roy Andersson, etc.

Du coup Asphalte n'est pas simplement un navet, il en devient une escroquerie intellectuelle. 

 

1e

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Amnesia

Le nouveau film de Barbet Schroeder s'attaque simultanément à deux sujets délicats : une histoire d'amour naissante entre une personne âgée (formidable Marthe Keller) et un jeune homme (Max Riemelt) d'une part, et l'attitude de certains Allemands qui ne pardonnent pas à leur pays l'expérience du nazisme d'autre part.

Il y a sûrement un sujet de trop parmi les deux, l'un empêchant le développement de l'autre, et réciproquement.

L'histoire d'amour est assez joliment montrée. Elle progresse habilement par de petits riens qui accroissent progressivement l'attraction mutuelle. Pour l'aspect volontairement amnésique de l'Allemande par rapport à son pays, le film semble plus artificiel, et repose sur une scène pivot un peu surjouée à mon sens par Bruno Ganz.

Pour le reste Barbet Schroeder exploite bien la magnifique nature d'Ibiza mais se plante complètement sur l'installation de certaines ambiances, par exemple lors de la catastrophique séquence de la boîte de nuit.

Un film attendrissant, mais maladroit et déséquilibré. 

 

2e

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Cemetery of splendor

Dans ce film, il y a : des soldats mystérieusement endormis dont l'âme sert épisodiquement de carburant à des rois morts (?), un médium qui parle aux morts et touche un pénis en érection :)), une bénévole avec une jambe plus courte que l'autre (:(), deux dieux qui s'incarnent en jolies poupées vivantes (!), un gros américain et un organisme unicellulaire en surimpression sur un ciel bleu (?!), une grue de chantier, un dinosaure en plastique et des néons colorés qui forment de jolies photos pour le dossier de presse (.....).

Alors, oui, j'ose le dire, c'est n'importe quoi. Bien sûr, techniquement c'est quasiment parfait au niveau du cadre et de la photographie, mais pour tout le reste Joe semble ressasser ici son cinéma sous forme de tics répétitifs (les changements de couleur des néons, les filles et les garçons qui se lèvent des bancs à tour de rôle).

La magie poétique qui peut naître de la mayonnaise du maître thaïlandais n'apparaît dans ce film que fugitivement : il manque peut-être ses visions fantastiques qui scandaient ses films précédents (la seule du film, une sorte de gros coeur immergé, n'est guère convaincante).

Le talent de Weerasethakul ne fonctionne que par effet de sidération. Il faut être saisi et transporté par ce que l'on voit. Si comme ici ce n'est pas le cas, on s'ennuie ferme en se fatiguant à imaginer ce que le film rechigne à nous montrer.

 

2e

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La niña de fuego

Froid et désincarné, le deuxième film du jeune réalisateur Carlos Vermut est un divertissement intellectuel un peu vain. 

Le scénario, prétendument complexe, est en fait assez simple : un banal chantage entre deux personnes qui se rencontrent par hasard. Assez classiquement, le maître chanteur, issu d'une classe sociale moins favorisée que sa sa victime, passe à l'acte pour des raisons sentimentales.

Le pseudo-mystère du film se construit autour de deux fausses bonnes raisons : un agencement temporel présentant les trois principaux personnages de façon séquentielle, et un énorme trou noir au milieu du film, par ailleurs limpide, autour de la personnalité de Barbara.

La jeune femme, personnage principal du film, cumule donc les mystères. On ne saura rien (attention, spoilers) de son passé sulfureux, de ses pratiques sexuelles, se son traitement médical, des liens qu'elle entretient avec son mari, de son état psychologique, de ses cicatrices, de ces relations avec l'organisatrice des orgies, de ce qu'elle a vécu par le passé avec le personnage de Damian (et pourquoi celui-ci a fait de la prison)...

Les acteurs semblent passer dans ce schéma mental sur pellicule un peu par hasard, n'incarnant qu'à contre coeur leur personnage. Les péripéties sont par ailleurs souvent à la limite du crédible (l'enregistrement nocturne sur le téléphone portable par exemple).

La niña de fuego est intellectuellement stimulant, mais manque cruellement de chair.

 

2e

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While we're young

A chaque film de Noah Baumbach, je m'efforce de me présenter dans les meilleures dispositions d'esprit possibles, plein de bienveillance et d'ouverture d'esprit.

A chaque fois pourtant je suis (un peu) déçu. 

Avec While we're young, ça partait pourtant pas mal : un couple de quarantenaires qui se laisse séduire par un couple de jeunes, c'est plutôt bien vu.

Surtout quand ce sont Naomi Watts et Ben Stiller qui jouent les vieux tentés par un retour en jeunesse. Le scénario utilise bien dans cette partie les ressorts comiques mis à disposition par la situation : les jeunes écoutent des vinyls et refusent d'être tout le temps scotchés à leur portable (!), les vieux sont addicts des nouvelles technologies. L'oscillation cyclique entre ce qui est ringard et ce qui devient vintage est très bien vue.

On rit franchement à certaines situations (le concert pour bébé par exemple, un grand moment d'horreur comique), même si le trait est parfois un peu trop appuyé, comme souvent chez Baumbach.

Dans sa deuxième partie, en exposant une intrigue moralisatrice qui dessert trop brutalement un des protagoniste, le film perd de sa légèreté et de son équilibre. On retrouve alors le cinéma très appliqué et lourdingue qui m'avait déplu dans Frances Ha, et qui font parfois de Baumbach un Woody Allen en chaussure de plomb (alors qu'il a prouvé dans Greenberg qu'il pouvait faire preuve de finesse).

Ajoutons que les réflexions sur le cinéma documentaire sont très superficielles et on pourra conclure que While we're young est un film bancal, à moitié raté ou à moitié réussi, suivant l'humeur du moment.

Noah Baumbach sur Christoblog : Greenberg (**) / Frances Ha (**) 

 

2e

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Love

J'aurai donc longuement hésité : Gaspar Noé est-il un génie incompris (de moi), ou un charlatan doué pour l'esbrouffe cinématographique ?

La réponse me fut accordée dans la nuit du 20 au 21 mai, vers 0h40, alors que devant mes yeux passablement fatigués débuta le navet narcissique que constitue Love.

Comme je n'ai pas aimé du tout le film, je ne vais pas y aller par quatre chemins : rester éveillé jusqu'à 3h20 du matin en plein festival de Cannes pour voir une éjaculation 3D face caméra me reste en travers de la gorge. Si je puis dire.

Résumons ce qu'est Love :

- un best of des morceaux de musique classique les plus nunuches (sur fond de hand job)

- une compilation des tics les plus voyants de Noé, déjà exposés dans ses précédents films, comme les écrans noirs, les effets de stroboscope, le plan sur un pénis vu de l'intérieur d'un vagin, etc...

- une intrigue concourant pour le prix de la minceur absolue, digne d'une psychologie de roman-photo

- un acteur masculin dont l'expressivité la plus grande est condensée entre le nombril et les cuisses ("a dick has no brain" dit-il, dans un éclair de lucidité)

- un exemple parfait d'effet stylistique (la destructuration temporelle) qui n'a ni sens, ni but, et évoque la course d'un poulet sans tête

- une démonstration monstrueuse d'égocentrisme absolu (le bébé s'appelle Gaspar, le galleriste s'appelle Noé)

Et pour finir je remarquerai que d'un point de vue purement pornographique, Love est un film sexiste, puisqu'à aucun moment un sexe féminin n'est montré en gro plan alors que l'organe de l'acteur sans cerveau est lui filmé sous toutes les coutures. Si je puis dire, à nouveau.

C'est quand même incroyable toutes les conneries que ce film insignifiant me fait écrire.

Gaspar Noé sur Christoblog : Irréversible (***) / Enter the void (*)

 

1e

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La isla minima

Le dernier film d'Alberto Rodriguez, présenté comme le meilleur film espagnol de l'année (il a raflé 14 prix, dont 10 Goyas), n'est somme toute qu'un polar très classique.

Les ingrédients sont bien connus : un couple de flics très différents, dont l'un semble avoir un lourd passé, des jeunes filles assassinées, violées et torturées, une ambiance glauque.

Le film cherche à paraître original par deux aspects annexes à sa trame principale : la période (celle de l'après-franquisme) et son cortège de compromissions, et le lieu (le delta du Guadalquivir). Les paysages, filmés parfois de très haut en plongée esthétisante, sont en effet incroyables, comme le montrent ces quelques exemples.

Malheureusement, ces deux aspects du film sont plaqués sur une histoire assez peu prenante au final, pleine de trous et de clichés (la vraie fausse médium), illustrée par une mise en scène scolaire et tape à l'oeil. 

Le film n'ennuie que ponctuellement, mais on peut aisément s'en passer.

 

2e 

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L'ombre des femmes

Comment peut-on être amoureux d'un trou du cul inexpressif comme celui qu'incarne (le mot est fort)  Stanislas Mehrar ?

Là git véritablement la clé du dernier film de Philippe Garrel. Parce que, admet-on le, si l'hypothèse de séduction du bellâtre blond ne fonctionne pas, le film tombe par terre. Personnellement, je serais à la place de Clotilde Courau, je partirais vite fait et je ne reviendrais jamais. 

Mais bon, je m'éloigne probablement du film dont on peut dire qu'il est à l'amour ce que les match exhibitions sont au tennis : ça y ressemble et ça brille, mais on ne croit pas à l'engagement total des protagonistes.

La faute probablement à cette diction éculée, cette voix off très rohmérienne de fiston Garrel, à ces ambiances de losers germano-pratins. Tout cela est bref, pas trop moche à regarder, d'une superficialité inoffensive, et d'un intérêt limité.

 

3e

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Caprice

L'Emmanuel Mouret de la période d'Un baiser s'il vous plait me plait tellement que cela me fait un peu mal de voir son cinéma évoluer vers des facilités dans la période 2008/2018.

Dans Caprice, que Mouret acteur puisse séduire à la suite Virgine Elfira, puis Anaïs Demoustier, avec ses airs de Droopy indécis et trop honnête, n'est simplement plus crédible. Caprice est un film de jeunesse réalisé par un acteur/réalisateur de 45 ans... 

J'ai donc suivi avec une politesse un peu gênée toute la première partie du film, qui ressemble à du Mouret faisant du Mouret : dialogues distanciés et très écrits, scènes de burlesque visuelles (la tasse de café) et situations improbables (l'amour sous le bureau). Cette partie ressemble aux premiers films du réalisateur marseillais, comme Laissons Lucie faire ! par exemple.

Mon intérêt s'est un peu réveillé dans la deuxième partie. L'aspect primesautier de l'intrigue disparait au profit de réflexions un peu plus plus profondes et sombres : quel est la véritable nature de l'amour, aime-t-on pour les bonnes ou les mauvaises raisons, peut-on et faut-il réparer ses erreurs ?

Au final, la tendresse que j'ai pour Mouret m'empêche d'être trop dur avec le film, mais Caprice doit tout de même être réservé aux admirateurs du réalisateur. 

 

2e 

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Blind

Ce film m'a tellement énervé que je vais me faire un plaisir de spoiler abondamment. Ne lisez donc pas plus loin si vous voulez ne pas savoir.

Dans les tout premiers plans du film, il y a cette image bizarre, parmi d'autres qui n'ont rien à voir : un concombre revêtu d'une capote.

Le réalisateur Eskil Vogt nous donnera l'explication plus tard, mais pour faire court : Ingrid est aveugle, obsédée sexuelle (grave !), dépressive et elle écrit un roman. Le film insère donc des images du roman qu'elle est en train d'écrire dans quelques images du présent.

Cela pourrait être une bonne idée, mais la réalisation du film gâche une intention louable. Là où il faudrait entretenir l'ambiguité, Vogt sème la confusion. Là où il faudrait rendre ses personnages empathiques, il les éloigne de nous.

Le résultat est assez pédant, plein d'aspérités désagréables et au final franchement ennuyeux. 

J'ai vu récemment en DVD un film méconnu sur le fait d'être aveugle, bien plus intéressant que celui-ci : Imagine.

 

1e   

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Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence

J'attendais beaucoup de ce film, précédé par la réputation avantageuse qu'entretenaient les admirateurs des deux premières oeuvres de Roy Andersson. 

Vous connaissez peut-être le principe : 39 plans fixes, présentant des personnages tous lamentables, tristes et figés.

Au rayon des points positifs, il faut reconnaître que la capacité d'Andersson à dessiner de véritables tableaux vivants est remarquable. Les perspectives, les personnages qui se meuvent dans les seconds plans et les mini-histoires qui irriguent certaines scènes parviennent parfois à captiver. 

Au rayon des points négatifs, le problème n'est pas tant que le film est très pessimiste sur la nature humaine (comme c'est aussi le cas chez Franco, Haneke ou Seidl), mais plutôt qu'il l'est sur un mode un peu niais. Oui, la guerre c'est moche, l'esclavage c'est pas bien, la solitude c'est triste, et la mort c'est pas cool. Mais on le savait déjà.

Le film est bourré de tics qui m'ont aussi dérangé par leur caractère répétitif : la phrase que plusieurs personnages disent au téléphone, la musique qui revient tout le temps, le sketch des deux représentants de commerce qui se répète plusieurs fois.

Une curiosité donc, qu'on peut voir comme l'illustration d'un univers très personnel, intéressant mais pas captivant.

 

2e  

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Inferno

La planète cinéma est curieusement riche en fratries de réalisateurs(trices). Pour ne citer que ceux qui me viennent immédiatement à l'esprit : Coen, Taviani, Larrieu, Dardenne, Coulin, Wachowski, Farrelly. Et il y en a beaucoup d'autres...

Sollicité par DVDtrafic pour tester ce DVD, je me suis dit que c'était l'occasion rêvée de découvrir le cinéma d'action de la fratrie hongkongaise Oxide et Danny Pang (Bangkok dangerous).

Bien mal m'en a pris. Le film se révèle être un hommage tristement sirupeux aux soldats du feu. Sensiblerie, coups de théâtre téléphonés, et larmes de crocodile sont en effet au programme de cette tour infernale à l'eau de rose.

Si je m'attendais un peu au manque de subtilité du scénario, je pensais au moins assister à du grand spectacle. Que nenni ! Les effets spéciaux sont d'une nullité effarante, reléguant le statut du film à un spectacle de télévision à peine correct. La fumée qui s'échappe du building semble avoir été photoshoppée en vitesse par un stagiaire alcoolisé.

Mises à part ces graves réserves, le film respecte tout de même certains attendus du genre avec des scènes assez bien menées, même si totalement irréalistes, comme celle de l'évacuation  de rescapés par une grue de chantier. Les acteurs sont corrects, mais pas de quoi s'échauffer non plus, si je puis dire.

Bref, un film que je ne recommande pas.

 

1e

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Jauja

Jauja est un film apprêté.

Rien n'y est naturel, tout y est calculé.

Prenez le cadre. Non seulement le film est au format carré, mais Alonso ajoute un raffinement totalement inutile : les coins sont arrondis. Du coup, on a l'impression de regarder une vieille photo pendant 1h50.

Le scénario est squelettique et tourne assez vite au n'importe quoi fantastico-mystique. Le réalisateur déclare lui-même dans une interview dans Libération : "Aujourd'hui encore, je ne comprends pas tout de Jauja". Et nous encore moins, évidemment...

Les critiques s'extasient devant une photographie qui n'est pas si extraordinaire que ça, même si les paysages de Patagonie sont assez photogéniques. Le grain du film est un peu gros, ce qui donne à certaines images un aspect granuleux assez désagréable.

Beaucoup de spectateurs prendront le film pour une provocation, et le détesteront. Que représente par exemple cette jeune fille des derniers plans : une réincarnation ? Une vision ? On cherche en vain un sens à cet exercice poseur et sans intérêt.

Un film de festival, qui creuse le fossé entre la critique ampoulée et les spectateurs, même bienveillants, même cinéphiles.

 

1e

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Every thing will be fine

Difficile de trouver quelque chose de bon dans le dernier film de Wim Wenders.

La mise en scène est pachydermique, le montage semble fait à la tronçonneuse, la musique est une sorte de brouet néo-hitchcockien.

La photographie est souvent d'une laideur absolue (des lumières trop bleues, trop rouges, trop oranges).

Les acteurs semblent enfermés dans une gangue qui les cantonne stictement à leur rôle. James Franco inspire ainsi deux sentiments différents : l'envie de lui botter le cul, et celui de lui donner des baffes.

Le scénario ressasse sans originalité les thèmes du deuil et de la culpabilité, suite à un accident de la route.

Seules lueurs dans le film, la scène initiale de l'accident et celle de la fête foraine, dans lesquelles Wenders parvient à instiller un soupçon de malaise, et à ressembler (de loin) à du bon Polanski.

 

1e

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Journal d'une femme de chambre

On pouvait espérer de Benoit Jacquot qu'il réitère sa performance des Adieux à la reine.

Malheureusement, son dernier film ne fait qu'emprunter au précédent ses astuces formelles, sans en retrouver la grâce. 

Autant le style Jacquot (des mouvements de caméra recherchés, un apprêt dans la forme et dans le jeu des acteurs) s'adaptait à la fresque fin de règne des Adieux, autant son formalisme outrancier tombe ici à plat, dans l'atmosphère très intime que l'intrigue confère au film.

Léa Seydoux confirme ici son statut d'actrice au répertoire limité, alors que Vincent Lindon joue le bourru mystérieux avec son manque de finesse habituel. 

On ne rentre pas dans cette histoire dans laquelle la servante ne parait jamais vraiment de basse extraction, et dont l'histoire ne semble à aucun moment crédible. Le casting est réellement catastrophique, à l'image de Vincent Lacoste, toujours aussi mauvais. 

Dans ce contexte décevant, la mise en scène de Jacquot parait artificielle et compassée, et on ne croit pas l'ombre d'un instant à cette histoire qui manque cruellement de sensualité.

C'est franchement raté.

 

1e  

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Dear white people

J'ai deux problèmes avec ce film : le fond et la forme.

D'abord sur le fond, Dear white people ressuscite une sorte de racisme black envers les Blancs. Quel sens a aujourd'hui ce tableau d'une confrérie black power luttant pour la reconnaissance de sa culture, et ostracisant les Blancs de sa "zone" ? Dans l'Amérique d'Obama tout cela sent le réchauffé : le Malcolm X à la petite semaine, le Spike Lee antidaté.   

Comprenons-nous bien : je ne dis pas que les problèmes de racisme n'existent plus aux Etats Unis (cf Ferguson), mais que leur représentation ne transite plus aujourd'hui par la promotion de la négritude et autres balivernes. 

D'ailleurs, le film ne sait pas trop sur quel pied danser exactement. Ses tentatives de catégorisations à la hussarde (les trois types de Blacks, sur le mode des trois types de .... gays ? d'asiats ? de rebeux ?) n'entrent pas vraiment en résonance avec le monde contemporain.

Sur la forme, le film de Justin Simien (récompensé à Sundance), verse dans un formalisme outrancier qui s'épuise sur la distance : faux campus reconstitué, tableaux vivants, cartons de film muet, ralentis expressifs. C'est lourd, désuet et truffé de références inconnues du grand public européen.

Dear white people manque toutes ses cibles. En romcomisant son intrigue il affadit son propos (quels développements stupides sur la fin : couples mixtes hétéro et gays, et même le papa blanc de l'héroïne black, bouh, sortez les mouchoirs). En stigmatisant ses protagonistes, il empêche l'identification.

Un film aussi original qu'inutile. 

 

1e 

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Pourquoi j'ai pas mangé mon père

Le dessin animé de Jamel Debbouze prouve une nouvelle fois que si nous pouvons rivaliser avec les américains en terme de technique, nous sommes loin de leur niveau en terme de scénario.

Visuellement, le film est très convenable. Les références sont nombreuses (la savane du Roi Lion, les personnages rigolos de L'âge de glace, les anachronismes de Madagascar), le film ne brille pas par son originalité en terme de décors et de mise en scène, mais il est bien réalisé.

La motion capture a visiblement fasciné Jamel, qui se regarde jouer avec délectation, et qui resuscite Louis de Funés d'une façon un peu vaine. Je me demande bien ce que peuvent penser les jeunes spectateurs (qui ne connaissent pas le modèle original) de cette façon de jouer parfois incompréhensible et bien souvent irritante.

Si la technique est correcte, l'histoire est assez convenue, bien pensante et manquant cruellement d'originalité. Jamel y expose grossièrement des pistes pour que l'humanité se sente mieux : accepter la différence, accueillir l'étranger et être gentil. C'est bel et bon, mais cela ne suffit pas à remplir 1h35. 

On ne rit pas beaucoup et on se demande où est passée l'insolence braque du trublion qu'on voit habituellement sur scène. Les blagues de Jamel sont ici fort convenues et relativement peu amusantes, comme si les sept longues années nécessaires à la réalisation du film avait usé son énergie comique.

Peut-être pour les enfants, à la rigueur.

 

2e 

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