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Christoblog

Articles avec #emmanuel mouret

Trois amies

Rien de bien original dans cette nouvelle production d'Emmanuel Mouret.

Nous sommes toujours dans la gamme à la fois drôle, caustique et légèrement dépressive de ses derniers films. Ici la narration se déplace à Lyon, et débute par une voix off d'outre tombe, ce qui constitue deux (légères) nouveautés.

Pour le reste on se retrouve en terrain connu : des histoires d'amour qui se font et se défont, des sentiments qui fluctuent au fil du temps, des rapports humains souvent basés sur le non-dit ou les mensonges. Le seul personnage qui choisit de dire la vérité (sublime India Hair, qui trouve enfin ici un rôle à son niveau) provoque une tragédie.

Avec l'âge, l'intérêt frontal pour le sexe s'efface un peu du cinéma de Mouret pour laisser place à des réflexions de plus en plus grave au fil des films : c'est une progression que la filmographie de Woody Allen a connu et qui a culminé dans le chef-d'oeuvre September. Espérons que le réalisateur marseillais connaisse le même sort.

Les dialogues sont comme toujours ciselés à la perfection, le casting est formidable et la mise en scène, sobre et efficace), exploite à la perfection les décors lyonnais. On retrouve ici ou là les petits clins d'oeil qui donnent beaucoup de charme au cinéma de Mouret : quand Camille Cottin évoque une aventure extra-conjugale, son regard ne peut s'empêcher de glisser avec gourmandise vers les parties intimes d'une statue romaine du musée de Fourvière. 

Un cru classique mais solide, qui manie assez habilement la tragédie et la légèreté, tout en donnant des relations humaines une vision assez noire.

Emmanuel Mouret sur Christoblog  : Promène toi donc tout nu ! - 1999 (**) / Laissons Lucie faire ! - 1999 (**) / Vénus et Fleur - 2003 (**) / Changement d'adresse - 2006 (***) /  Un baiser s'il vous plait  - 2007 (****) / Fais moi plaisir - 2008 (**) / L'art d'aimer - 2011 (**) / Caprice - 2014 (**) / Mademoiselle de Jonquières - 2018 (***) / Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait - 2020 (****) / Chronique d'une liaison passagère - 2022 (***)

 

3e

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Chronique d'une liaison passagère

On se retrouve toujours en terrain connu (et entre gens de qualité) dans un nouvel Emmanuel Mouret.

Ce nouvel opus ne déroge pas à la règle. Les petits cartons qui rythment la chronique, l'écoulement du temps, le sens du rythme aiguisé, la vertu performative des dialogues, la sincérité des sentiments - et leur fugacité : tout est délicieux et surprenant, comme d'habitude.

La maturité venant, le réalisateur s'assagit tout de même, et le propos se fait ici plus grave. Les situations sont moins cocasses que dans sa jeunesse, et la chronique se teinte ici d'une pointe de nostalgie et de regret. Cette inflexion, que l'on sentait poindre dans ses deux derniers films, se matérialise ici par de nouveaux types de plans : un arrêt silencieux sur une nuque qui s'incline, des plans fixes sur les lieux qu'ont fréquenté les personnages, une façon de filmer les personnages de dos. Autant de petites respirations douces-amères qui permettent de méditer sur la pertinence des choix que font les personnages.

Kiberlain, et surtout Macaigne, sont dirigés de main de maître et dévoilent une profondeur qu'on ne leur connaît pas forcément.

Un bon cru, peut-être moins subtil que d'habitude, et moins riche narrativement que Les choses qu'ont dit, les choses qu'ont fait, mais très agréable à regarder.

 

3e

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Un baiser s'il vous plait

Dans la filmographie d'Emmanuel Mouret, Un baiser s'il vous plait marque un tournant important, qui confirme les infléchissements de son film précédent, Changement d'adresse. Après la fantaisie verbeuse et parfois presque burlesque de ses débuts, le réalisateur confirme ici son talent à aborder des thématiques plus graves. 

Ce film peut être vu comme un précurseur de Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait. On y trouve en effet une structure semblable de récits enchâssés les uns dans les autres à la façon des Mille et une nuits, la naissance de relations amoureuses nouées dans les confidences, une tonalité introspective et enfin des thématiques proches (par exemple : jusqu'où peut aller le sacrifice pour celui ou celle qu'on aime). 

Un baiser s'il vous plait est une comédie sentimentale à la fois légère et profonde, dialoguée magnifiquement, intrigante et séduisante. Pour la première fois Mouret s'appuie sur des acteurs et actrices de très haut niveau : Julie Gayet et Virginie Ledoyen sont excellentes.

Un bijou donc, peut-être plus fluide et aérien encore que ceux de Rohmer, qui questionne de façon originale la nature même de l'amour. Un film parfaitement hors mode, totalement anti conformiste, que je conseille comme la meilleure introduction possible au Mouret "première manière".

 

4e

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Changement d'adresse

Changement d'adresse marque dans l'oeuvre d'Emmanuel Mouret de nombreux changements : pour la première fois, il quitte la région marseillaise pour tourner à Paris, et il fait tourner des acteurs assez connus (Ariane Ascaride, Dany Brillant, Frédérique Bel).

Le résultat est en nette progression par rapport aux premiers long-métrages de Mouret. La composition du film se simplifie. Si la personnalité naïve et franche du "personnage" Mouret est toujours présente, les deux actrices qui lui donnent la répartie apportent un supplément d'âme au film, débarrassé des scories narratives qui encombraient parfois ses premiers films "marseillais".

Changement d'adresse prend ainsi des allures de comédie romantique à la française, et le personnage que campe à la perfection Frédérique Bel apporte dans la filmographie de Mouret une véritable part d'émotion, comparable à l'impact de la composition d'Emilie Dequenne dans Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait

A partir de ce film, il devient évident que Mouret dépasse les références auxquelles son cinéma pouvait faire penser (Rohmer, Allen) pour trouver une voie plus profonde et plus personnelle.

 

3e

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Laissons Lucie faire !

Au-delà de son titre gag (qui bizarrement n'a pas grand-chose à voir avec son contenu) ce premier long-métrage d'Emmanuel Mouret est plutôt une réflexion sur le couple qui penche vers le burlesque qu'une franche comédie.

Les péripéties que vit son héros sont plus extravagantes que celles qu'ont voit habituellement chez Mouret. Emprunter un costume de gendarme, devenir agent secret, vendre des sous-vêtements sur la plage, embaucher une femme de ménage sexy, passer pour un dilettante complet, initier aux plaisirs sensuels une jeune femme inexpérimentée : le programme que propose Laissons Lucie faire est à la fois plus variés et psychologiquement moins intenses que les meilleurs films de Mouret.

A conseiller aux inconditionnels du Marseillais qui met ici en place le petit théâtre qui fera son succès ultérieur : musique aigrelette, dialogues à la fois simples et décalés, réflexions sur les relations sentimentales et la vérité.

Marie Gillain éclabousse le film de son naturel, et constitue finalement le principal intérêt du film.

 

2e

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Promène toi donc tout nu !

Premier film d'Emmanuel Mouret, ce moyen-métrage de 50 minutes contient déjà tout le programme de ce qui constituera la première partie de carrière du réalisateur marseillais : des dialogues à la fois très terre à terre et légèrement barrés, une intrigue à tiroir entre marivaudage et roman d'initiation, des hommes faibles et candides, des femmes volontaires.

Mouret joue ici le rôle principal, comme ce sera souvent le cas par la suite, dans le registre qu'on lui connaît : Droopy à l'oeil mouillé, infatigable Candide qui dit toujours la vérité, hésite souvent et se décide tout à coup maladroitement. 

Le Mouret réalisateur s'avère dans ce film aussi ferme que son personnage est mou : parti-pris narratifs ludiques dès la première scène, décalages amusants et n'hésitant pas à être vulgaires (la blague de la fille gentille), mise en scène élégante.

Les limites techniques de l'oeuvre, qui sent "le film de fin d'étude à la Femis" empêche de vraiment considérer Promène toi donc tout nu ! comme le vrai démarrage de la carrière de Mouret : mieux vaudra attendre le premier long : Laissons Lucie faire !

A noter que le film est proposé sur Univerciné accompagné d'un court-métrage de Mouret, Caresse, qui lui aussi comprend en germe les thématiques de son univers : garçon inexpérimenté, fille entreprenante qui ne s'attache pas, dialogues à la fois libertins et naïfs, incompréhension entre les sexes, écoulement du temps et court de tennis.

Les deux oeuvres sont agréables et se laissent regarder, comme des hors d'oeuvre apéritifs dans la filmographie d'Emmanuel Mouret.

 

2e

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Vénus et Fleur

Le deuxième long-métrage d'Emmanuel Mouret est d'une belle audace, quand on y pense.

Son ton à la fois littéraire et coquin, ses personnages attachants à la limite de la caricature, ses allures de conte moral strict, ses excentricités formelles (les personnages s'appellent Vénus, Fleur, Dieu et Bonheur) : il fallait oser en 2003 à la fois s'inspirer de Rohmer et parvenir à s'en démarquer.

Si le film est vraiment réussi, en dépit d'un synopsis un peu prévisible, c'est principalement par la grâce des deux inconnues qui jouent les rôles principaux : la timide Isabelle Pirès et la solaire Veroushka Knoge. Les deux personnalités se complètent parfaitement et le talent de Mouret pour capter les moindres variations de leurs sentiments fait ici merveille. Dommage qu'aucune des deux n'ait développé une véritable carrière suite à ce film.

La photographie est très intéressante, l'utilisation des décors judicieuse et on s'amuse à apercevoir un cameo de Mouret lui-même, façon Hitchcock. Vénus et Fleur est léger, et porte en lui les germes des futures réussites de Mouret : amour du jeu, intransigeance pour analyser les élans de l'âme et élégance pour les porter à l'écran.

Très plaisant, Vénus et Fleur est pour moi la première réussite dans la filmographie du réalisateur marseillais.     

 

2e

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Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait

Pour peu qu'on ne soit pas allergique au style et aux motifs récurrent d'Emmanuel Mouret (des gens parlent ad libitum de leurs peines de coeur, et tout le monde veut coucher avec quelqu'un d'autre que celui ou celle avec qui il ou elle est), on considérera que ce dernier film est le grand oeuvre du cinéaste marseillais.

Le marivaudage élégant qui constitue sa marque de fabrique se teinte ici de tonalités plus graves et plus profondes. Le résultat est donc aussi brillant que d'habitude, une fois que la musique romehrienne des dialogues très écrit est intégré, mais également plus émouvant.

Toutes les composantes de Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait semblent d'ailleurs bonifiées : l'écriture est souveraine, le découpage du film parfait, l'utilisation de la musique (une sorte de best of de morceaux classiques pour piano) très pertinente, et même la mise en scène, usuellement quelconque chez Mouret, prend ici des couleurs.

Mais l'arme fatale du film, c'est le haut niveau d'incandescence que semblent atteindre acteurs et actrices. Camélia Jordana est brillante, Niels Schneider convaincant en Candide indécis, Guillaume Gouix impérial en goujat malgré lui et Vincent Macaigne trouve ici un de ses meilleurs rôles. Emilie Dequenne porte enfin le dernier arc narratif du film sur ses épaules et propose un personnage bouleversant. Sa prestation, exceptionnelle, justifie à elle seule la note maximale accordée au film.

Du grand Mouret.

 

4e 

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Mademoiselle de Jonquières

Excellente surprise que ce nouveau film d'Emmanuel Mouret, qui s'était un peu perdu au fil du temps dans un monde de radotage libertin et contemporain

En transposant son goût pour la dialectique subtile et parfois perverse au XVIIIème siècle, Mouret réalise un coup de maître. 

Sa langue châtiée et déliée à la fois se marie admirablement avec l'époque, et Cécile de France et Edouard Baert, tous deux excellents, semblent  se délecter des dialogues, il faut le dire, absolument brillants.

Le scénario est suffisamment subtil pour intriguer, séduire, surprendre et enfin renvoyer chacun à sa conscience quand il s'agira à la fin du film de savoir quel personnage est aimable. Ce n'est d'ailleurs pas le moindre mérite de Mouret de donner à voir des émotions profondes à travers le filtre de propos légers, et d'habiller la cruauté du plus beau des sourires.

Une franche réussite, de plus très joliment filmée.

 

3e

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Caprice

L'Emmanuel Mouret de la période d'Un baiser s'il vous plait me plait tellement que cela me fait un peu mal de voir son cinéma évoluer vers des facilités dans la période 2008/2018.

Dans Caprice, que Mouret acteur puisse séduire à la suite Virgine Elfira, puis Anaïs Demoustier, avec ses airs de Droopy indécis et trop honnête, n'est simplement plus crédible. Caprice est un film de jeunesse réalisé par un acteur/réalisateur de 45 ans.

J'ai donc suivi avec une politesse un peu gênée toute la première partie du film, qui ressemble à du Mouret faisant du Mouret : dialogues distanciés et très écrits, scènes de burlesque visuelles (la tasse de café) et situations improbables (l'amour sous le bureau). Cette partie ressemble aux premiers films du réalisateur marseillais, comme Laissons Lucie faire ! par exemple.

Mon intérêt s'est un peu réveillé dans la deuxième partie. L'aspect primesautier de l'intrigue disparait au profit de réflexions un peu plus plus profondes et sombres : quel est la véritable nature de l'amour, aime-t-on pour les bonnes ou les mauvaises raisons, peut-on et faut-il réparer ses erreurs ?

Au final, la tendresse que j'ai pour Mouret m'empêche d'être trop dur avec le film, mais Caprice doit tout de même être réservé aux admirateurs du réalisateur. 

 

2e

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L'art d'aimer

L'art d'aimer est constitué de petites histoires qui ne se connectent que de façon très artificielle.

Ces petites histoires font entendre une musique bien particulière, qui est celle de Mouret : un couple éprouve ses sentiments en tentant un adultère croisé, une femme mûre souhaite céder à ses désirs et en informe son mari, un jeune homme meurt avant d'avoir connu le véritable amour, une jeune femme propose à une amie de coucher avec son mari ("je suis pour le partage des richesses"), etc.

Le hic, c'est que cette fois-ci, la petite musique sonne un peu faux. Cela est probablement en partie dû à la structure bancale du film, mais aussi à la prestation des acteurs/actrices, qui surjouent tous et toutes de façon notable.

Un casting pourtant trois étoiles dont personne ne sort indemne, et surtout pas Frédérique Bel, qui tourne ici pour la troisième fois avec Mouret, pour son plus mauvais rôle. Le souci vient peut-être aussi du fait que ce film n'est ni caustique, ni profond, contrairement à beaucoup d'autres films de Mouret qui sont soit l'un, soit l'autre.

Du coup, le caractère un peu ampoulé des dialogues (renforcé par la voix off de Toron) fait plus penser à une parodie de Rohmer qu'à la verve casanovienne à laquelle Mouret nous a habitué.

La dernière histoire est la seule à intéresser vaguement, grâce au jeu de Judith Godrèche sur le mode très bourgeois qui faisait le sel de Un baiser s'il vous plait. Malheureusement sa résolution convenue en forme de happy end ne la rend pas plus sauvable que le reste.

Le marivaudage est donc un peu insipide pour cette fois.

 

2e

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Fais moi plaisir

Emmanuel Mouret est injustement méconnu.

Son précédent film, Un baiser s'il vous plait, était une merveille de comédie. Fais moi plaisir, bien que nettement moins bon, est plaisant à regarder.

Dans sa première partie on retrouve la verve rohmérienne qui faisait mouche dans un Baiser, mélange improbable et parfaitement efficace de propos à sous-entendus salaces, de banalités affligeantes énoncées (comme) en alexandrin, et de moues expressives.

A partir du moment où le héros (Mouret himself) pénètre à l'Elysée, la comédie devient plus visuelle - façon Tati, Sellers ou même Buster Keaton. C'est moins convaincant à mon sens, même si la mécanique parfaitement huilée fonctionne très bien.

Un vent frais dans la comédie française.

 

2e

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