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Christoblog

Articles avec #emmanuel finkiel

La douleur

Je suis très embêté pour commenter ce film.

D'un côté je me suis royalement embêté (j'y reviendrai plus tard), de l'autre il me faut reconnaître qu'il y a ici un véritable projet de cinéma qui rend le film, si ce n'est aimable, du moins respectable.

Dès le premier plan, la caméra s'égare, flotte, film vaguement le ciel de Paris et une tasse à café et la nuque de Mélanie Thierry, pendant que les phrases inimitables de Duras flottent dans l'air comme des bribes évanescentes. Pour le coup, la mise en scène est à l'unisson du texte durassien : vaguement quelconque, peu empathique, désespérément anti-narratif. 

On voit bien le projet de Finkiel, qui est de donner une traduction visuelle du livre, sans s'illustrer littéralement, et c'est assez réussi de ce point de vue. Le souci, c'est que les états d'âme de Mélanie Thierry m'ont laissé complètement indifférent. Pire que cela, je n'ai pas compris ses évolutions : pourquoi s'entiche-t-elle du personnage joué par Benoît Magimel ? Pourquoi vouvoie-t-elle et tutoie-t-elle alternativement Dionys ? Quelle est la nature de sa douleur ? Tout ses auto-apitoiement verbeux et souvent abscons ("Mes pieds marchent" "Ma voix se tait") m'ont énervé : je me rends compte que le problème que j'éprouve vis à vis du film (en plus d'un certain formalisme corseté), c'est que je n'aime aucun de ses personnages.

La douleur confirme également un fait déjà constaté : Benjamin Biolay est bien le pire acteur sévissant aujourd'hui dans le cinéma français. Sa variété d'expression est d'une pauvreté sans nom, et se limite à l'expression bornée, dégingandée et lippue qui semble consubstantielle à sa façon d'être (et je ne parle même pas de sa mèche de cheveux toujours aussi artistement disposée). Il a le charisme d'une éponge en fin de vie. 

A vous de voir en fonction de votre appétence pour Duras. Si vous aimez (et comprenez) des phrases, comme celle-ci, allez-y : "Ainsi seconde après seconde la vie nous quitte nous aussi, toutes les chances se perdent, et aussi bien la vie nous revient, toutes les chances se retrouvent."

 

2e

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