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Christoblog

Articles avec #christina hendricks

The neon demon

Au moins, maintenant, Nicolas Winding Refn ne cache plus son jeu.

Ce qui m'avait si fortement déplu sans ses deux derniers opus (en gros, une outrancière primauté du style sur le fond) est ici pleinement assumé. 

Cela commence fort, avec dans les cartons du générique les initiales NWR comme gravées en arrière plan. Refn n'est plus un cinéaste, il est devenu une marque. 

On n'est donc plus vraiment dans du cinéma, mais dans une sorte d'egotrip qui n'a que peu d'équivalent dans l'histoire du cinéma - je ne vois que Fellini pour avoir proposé des oeuvres aussi esthétisantes, certes dans un style très différent, dont le contenu narratif devient complètement accessoire. 

Au début du film, l'arrivée du personnage jouée par la diaphane (et redoutable) Elle Fanning dans l'impitoyable monde de la mode essaye de maintenir encore une sorte de canevas narratif. On pense subrepticement à Mulholland Drive pour l'aspect "jeune et innocente" dans un milieu hostile, filmé bizarrement, mais NWR n'arrive qu'au mollet de Lynch.

L'impression fait long feu, The neon demon évoluant tout à coup dans une abstraction absconse et tape-à-l'oeil (les triangles et tout le barnum géométrique). On nage en plein porno soft lesbien type pub pour Chanel : c'est très mauvais.

La fin du film revient à son climat esthétique minimaliste du début dans un dernier volet que j'ai trouvé particulièrement réussi. NWR cadre alors pour le plaisir des créatures improbables qui évoluent dans une sorte de non-sens onirique particulièrement flippant, dans lequel on gobe un oeil avec une voracité goulue. Ca me plait.

A ce moment-là, NWR approche de l'art contemporain plutôt que du cinéma et on a envie de lui dire : Allez mon gars, encore un effort.

NWR sur Christoblog : Le guerrier silencieux - 2009 (**) / Drive - 2011 (*) / Only god forgives - 2013 (*)

 

2e

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Lost river

S'il y a bien un film que je m'attendais à ne pas aimer, c'est bien celui-ci. Les références à Lynch et Refn étaient un peu lourdes à porter, et le réalisateur, Ryan Gosling, vraiment trop beau gosse pour être intelligent. Je m'attendais donc à sortir la sulfateuse à sarcasmes pour dégommer une oeuvre que je j'avais déjà prévu de qualifier de pompeuse et de maniérée, sans l'avoir vu, bien sûr.

Mais la mauvaise foi, parfois, n'est pas récompensée. Lost river est en effet réussi en tout point.

D'abord, le décor fantasmagorique d'une ville abandonnée d'après la crise est absolument fabuleux (il s'agit en grande partie de Detroit). Les décors constituent un des atouts indiscutables du film.

Dans ce contexte désolé et post-apocalyptique, campons les personnages. Une femme seule (incroyable Christina Hendricks, la secrétaire rousse à l'abondante poitrine de Mad men) élève seule deux garçons. Le plus grand des deux est amoureux de la fille d'en face, dont la mère a arrêté de parler quand son mari est mort. Il y a aussi dans ce monde bizarre et en même temps très familier, un méchant qui découpe les lèvres de ses ennemis aux ciseaux (pas joli, joli, le résultat), un cabaret macabre dans lequel le (faux ?) sang coule à flot, et une ville engloutie.

Présenté comme cela, on pourrait imaginer que le film est un pensum lourdingue : il est au contraire une chronique intimiste dans laquelle chaque personnage trouve exactement le bon ton, la bonne posture.

La mise en scène est imaginative (presque trop, on sent parfois que Gosling s'enflamme - au propre comme au figuré), les seconds rôles impeccables (Reda Kateb, Paul Mendehlson et son incroyable danse).

Le film est une fête pour l'imagination, les péripéties s'enchaînant avec souplesse dans une ambiance délicate, très bien servie par un montage au cordeau et une photographie superbe de Benoit Debie, le directeur photo le plus en vue du moment (Refn, Noé, Korine...).

Un très beau premier film, qui consacre sans conteste un futur grand talent. 

 

3e

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