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Christoblog

Articles avec #catherine frot

Miséricorde

Le petit théâtre habituel de Guiraudie est ici proposé à la mode automnale.

Les décors habituels de l'Aveyron servent de décors à une sarabande attendue, mais toujours aussi délicieuse : un homme fort qui vient de mourir, sa femme, son fils énervé, un curé, un voisin et un étrange visiteur qui va agir sur ce petit monde un peu comme celui du Théorème de Pasolini.

Le désir sexuel semble sautiller de personnage en personnage comme le ferait une puce gouailleuse, alors que se dessine un polar dans lequel chaque personnage évolue dans ses relations aux autres.

Ce thriller occitan génère de franches tranches de rigolade, assez innatendues de la part de Guiraudie. Les personnages des gendarmes sont hilarants, policés dans leurs questions, mais complètement décalés dans leurs actions.

Mais le personnage central du film, celui qu'on n'oubliera pas de sitôt, c'est le curé joué par l'excellent Jacques Develay. Sa bonté, son flegme, sa capacité à tout comprendre avant tout le monde est touchant au possible. Il est étonnant de voir Guiraudie dessiner un personnage de prêtre aussi émouvant.

Miséricorde fait partie de ces films pour lesquels il est absolument impossible de deviner l'évolution de l'intrigue ... et c'est un sentiment jouissif. Drôle, intrigant, mais aussi générateur de réflexion (comment punir justement un assassin ?), le dernier Guiraudie est l'un de ses meilleurs films.

Alain Guiraudie sur Christoblog : L'inconnu du lac - 2012 (***) / Rester vertical - 2016 (**)

 

3e

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Un air de famille

Tiré d'une pièce à succès du duo Bacri Jaoui (Molière du meilleur spectacle comique en 1995), le film de Klapisch est plus que du théâtre filmé. 

Si le décor unique et confiné du bar miteux que tient Henri est bien au centre du film, et en constitue même un personnage à part entière, le cinéaste parvient à imprimer son style par de nombreuses idées et effets : brèves escapades à l'extérieur, effets de transparence et de reflets sur de multiples objets, variétés des cadres et des points de vue, exploitation maximale des espaces (cave, annexe, escalier).

Le film vaut évidemment beaucoup par la qualité de l'écriture et la justesse de l'interprétation. Agnès Jaoui, Catherine Frot, Jean Pierre Bacri, Jean Pierre Darroussin sont tout simplement géniaux. Ils parviennent à jouer des personnages très proches de la caricature, tout en ne paraissant à aucun moment caricaturaux eux-même. Petit à petit, chacun laisse sourdre des émotions particulièrement intenses et fait subtilement évoluer son comportement.

Le personnage de Yoyo est en ce sens sûrement le plus formidable : à la bêtise insondable qu'on croit d'abord discerner chez ce personnage, Catherine Frot parvient progressivement à superposer une volonté de vivre rayonnante (qui se concrétise dans la magnifique scène de danse), puis un sentiment d'injustice très émouvant et enfin une belle empathie.

Comme les meilleures des comédies italiennes, Un air de famille parvient à nous faire sourire avec des personnages faisant face à des abîmes de douleur. Dans son genre modeste, il est parfait.

 

3e

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Marguerite

Il faut aller voir Marguerite pour ses acteurs. 

D'abord, bien sûr, il y a Catherine Frot. C'est peu dire qu'elle est ici excellente : probablement le rôle d'une vie, en tout cas un rôle à César. Elle parvient à camper son personnage excentrique avec une sensibilité touchante qui laisse coi. Le ridicule et l'excès menacent en permanence ce type de rôle : Catherine Frot se maintient tout au long du film sur une ligne de crête profondément émouvante.

Si le mari (André Marcon) est assez insipide, l'autre personnage qui donne du relief au film est le professeur sur le retour, joué par Michel Fau. Certes, le personnage est un peu outrancier, et les roulements d'yeux font pour lui un peu trop souvent office d'expression, mais on ne peut pas ne pas se délecter de cette baderne ventripotente entourée d'une vraie cour des miracles.

Les seconds rôles sont tous assez bien campés, et la reconstitution historique des années 20 est très plaisante, surtout dans la première partie du film.

Le scénario est bien construit (avec quelques longueurs tout de même) et la mise en scène de Xavier Giannoli plutôt efficace, et même parfois trop. Comme souvent chez ce réalisateur on peut regretter des effets de manche trop visibles : montage lourdingue, tension psychologique montée en Chantilly de façon largement artificielle, fin outrageusement et inutilement dramatique.

Ces quelques bémols ne gâchent pourtant pas le plaisir qu'on éprouve à la vision de cet étonnante histoire (que Stephen Frears est en train d'adapter également, avec Meryl Streep dans le rôle principal).

Xavier Giannoli sur Christoblog : A l'origine (*)

 

3e    

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