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Christoblog

Articles avec #anthony chen

Un hiver à Yanji

Anthony Chen, réalisateur singapourien à qui on doit l'excellent Ilo Ilo, possède une palette pleine de délicatesse et de poésie, qui peut faire penser à un certain cinéma français (Rivette, Rozier, Truffaut).

On suit ici trois jeunes gens dépressifs qui se rencontrent par hasard et vivent ensemble quelques situations évanescentes et anecdotiques (par exemple une promenade dans la montagne enneigée à la recherche d'un lac perdu). 

L'intérêt du film réside dans le miroitement de leur solitudes superposées, qui rend leur rencontre plus intéressante que leur existence individuelle, et qui brille dans un paysage lui-même incertain, morceau de Chine perdu aux confins de la Corée du Nord, dans une sorte de no-man's land fantasmatique et glacé. 

L'écriture est fine au point de parfois paraître absconse, et la mise en scène élégante jusqu'à devenir invisible. Cette histoire de Jules et Jim sotte voce pourra donc décevoir.

Ce tableau délicat de la jeunesse chinoise contemporaine est à déguster si vous êtes friand de cinéma asiatique racé.

Anthony Chen sur Christoblog : Ilo Ilo - 2013 (***)

 

2e

 

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Ilo Ilo

Cette année, Ilo Ilo a remporté à Cannes la Caméra d'Or, qui récompense le meilleur premier film, toutes sections confondues. Et c'est mérité.

Nous sommes à Singapour, contrée rarement montrée au cinéma, et qui fournit peu de réalisateurs de renom à ma connaissance (il ne me vient à l'esprit que le nom d'Eric Khoo).

L'histoire que raconte le film est toute simple : une domestique de nationalité philippine est embauchée par une famille middle class pour s'occuper du ménage et de la gestion d'un garçon un peu difficile. Un amour profond naît entre le petit garçon et sa nounou, alors qu'une crise financière sans précédent frappe le pays (nous sommes en 1997).

Sans être exceptionnel, Ilo Ilo se révèle être parfaitement conçu et réalisé. J'ai été véritablement ému par la performance des différents acteurs dont le jeu est admirable. Le petit garçon est une boule d'énergie taiseuse. La bonne philippine iradie véritablement l'écran de sa présence patiente et déterminée, alors que la mère campe une madame tout le monde que le démon de la dureté et de la méchanceté gratuite n'épargne pas. La mise en scène est brillante, à la fois discrète et très intense, servie par une photographie lumineuse.

Le film dégage une impression de réalisme qu'on croise de moins en moins souvent au cinéma. Vous pourrez noter par exemple qu'au tout début du film la maîtresse de maison demande à Teresa de choisir la couleur de sa tasse, qui sera bleue (cette scène est d'ailleurs l'occasion d'une première humiliation). Tout le long du film vous verrez que Tereza utilise ce mug, et que dans certaines scènes tournées dans la cuisine, on voit la tasse à l'arrrière plan.

Le film est comme ça : d'une véracité extrême, dans les décors comme dans les sentiments. Au Festival Paris Cinéma, Anthony Chen a révélé le sens du titre. Il a été lui-même élevé par une nounou philippine qui s'appelait Terry comme dans le film, et qui était originaire d'une petite île qui s'appelait Ilo Ilo. Il raconte qu'un groupe s'est constitué aux Philippines pour la retrouver, mais qu'il n'est pas sûr d'avoir envie de la retrouver...

Un réalisateur dont je parierais qu'on le retrouvera un jour en sélection dans un grand festival.

 

3e

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