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Christoblog

Articles avec #ali abbasi

The apprentice

A quelques semaines de la si importante présidentielle américaine, il faut absolument aller voir The apprentice.

Le film d'Ali Abbasi nous fait voir Donald Trump avant le succès. Il nous fait ressentir d'une façon presque charnelle l'extrême médiocrité du bonhomme et son incommensurable confiance en soi, qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer. 

L'extrême culot, allié à une souveraine mauvaise foi, soulève des montagnes, comme le montrait également la série Tapie. Mais Trump ne serait certainement pas Trump s'il n'avait pas rencontré l'avocat Roy Cohn, mentor d'une exceptionnelle immoralité, magistralement campé par un Jeremy Strong (Succession) au sommet de sa forme.

La mise en scène d'Abbasi est sage (on est loin de démence de ses films précédents). La reconstitution du New-York des années 70 est incroyablement réussie.

The apprentice se regarde avec une délectation honteuse (car les deux "héros", auxquels ont finit par s'attacher par la grâce de la narration, sont tout de même des salopards de la pire espèce) et une curiosité malsaine : le film nous fait entrer dans la fabrique du monstre. Ou comment un petit con écervelé peut devenir un dangereux magnat, pris en main par un Pygmalion génial et sans scrupule. 

Ali Abbasi sur Christoblog : Border - 2019 (****) / Les nuits de Masshad - 2022 (****)

 

2e

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Les nuits de Masshad

Le nouveau film d'Ali Abbasi est un réquisitoire sans pitié contre toute la société iranienne. 

Abbasi vit en Suède, l'actrice principale Zar Amir Ebrahimi (justement récompensée à Cannes) à Paris, et la plupart de l'équipe du film ne pourra pas retourner à Téhéran sans risquer beaucoup. Les nuits de Masshad sont donc d'entrée un peu plus qu'un film : un acte politique, un coup de pied dans la fourmilière bien pensante des mollahs.

Dans un premier temps, le film, tourné en Jordanie, reconstitue le trajet d'un tueur de prostituées dans la ville sainte iranienne de Masshad. Il s'inspire d'un fait divers réel. Les meurtres sont montrés de façon frontale, non emphatique. La mise en scène met en valeur une tension évidente entre mission spirituelle et désir sexuel.

Certains y voient une certaine complaisance : peut-être leur cerveau leur joue-t-il des tours et trouve -t-il un peu trop d'intérêt au spectacle qui leur est proposé ? Pour ma part, je n'ai vu aucune complaisance dans ces scènes, mais une crudité qui finalement est une sorte d'hommage aux victimes : nul besoin d'édulcorer leur assassinat pour le montrer plus joli et moins cruel.

Cette première partie est étouffante. Mais elle n'est qu'une introduction pour la deuxième partie, encore plus cinglante et brutale. Le meurtrier ne regrette rien, mais une bonne partie de la société iranienne le défend et le traite en héros, encourageant massivement les meurtres de femmes impures.

Le pouvoir religieux surfe habilement sur la vague, entretient une sorte de parodie de justice et tire son épingle du jeu en manipulant le meurtrier lors d'une scène extraordinaire. 

On sort du film rincé, haletant et confondu par le rythme effréné imposé par Abbasi, estomaqué par le jeu des acteurs et la beauté de la mise en scène. Et cloué à notre siège par une dernière scène terrible.

Magnifique.

 

4e

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Border

Mieux vaut ne rien savoir de ce film avant d'aller le voir. Cette formule est un peu surfaite, mais elle est ici véritablement appropriée, tellement la découverte progressive de l'intrigue construit le plaisir qu'on éprouve

Du coup, je suis bien embêté pour vous parler des qualités de Border ! Peut-être me faut-il insister sur l'interprétation hallucinante  (je me retiens, mais j'ai très envie d'écrire ce mot en majuscule) des deux interprètes principaux (Eva Melander et Eero Milonoff), qui signent là une sorte d'exploit hors catégorie.

Mais je pourrais tout aussi bien évoquer la progression implacable et absolument maîtrisée du scénario, la rigueur du montage, la solidité de la mise en scène et peut-être surtout une capacité scandinave hors du commun à faire ressentir le contact avec la nature et les éléments.

Il y a dans Border une grande part des qualités de Morse : c'est normal, les deux films sont tirés d'oeuvre du même écrivain, John Alvide Lindqvist. On retrouve dans les deux films cette capacité à faire survenir l'impensable du quotidien, et celle de dessiner des personnages qui sont foncièrement attachants tout en étant fondamentalement différents.

Le premier choc de 2019.

 

4e

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