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Articles avec #akira kurosawa

La forteresse cachée

Dans la très belle série de DVD consacrée par Wild Side aux années Toho d'Akira Kurosawa, j'ai découvert récemment un film relativement peu connu du maître japonais : La forteresse cachée.

Peu connu de moi, devrais-je dire, car le film a été un grand succès au Japon, en 1958. Kurosawa reste alors sur trois échecs relatifs (Vivre dans la peur, Le château de l'araignée et Les bas-fonds, trois films très noirs), et souhaite renouer avec une audience plus large.

Il réalise donc ce curieux film d'aventure à grand spectacle dont Georges Lucas dira plusieurs fois qu'il l'a inspiré pour inventer la sage Star wars. Je ne sais pas d'ailleurs exactement pour quelle raison, les points communs ne me semblent pas légion, si ce n'est peut-être dans la similitude entre le couple picaresque de bandits Tahei / Matashichi et le duo de robots R2D2 / C3PO.

La forteresse cachée est un film d'aventure qui parvient à réveiller en nous le sens du merveilleux. En adoptant le point de vue de nos deux compères un peu limités, dont j'ai parlé plus haut, Kurosawa nous montre un monde impitoyable et en grande partie incompréhensible. Nous sommes d'abord ballotés dans une guerre à laquelle nous ne comprenons rien, illustrée par des scènes de groupe grouillantes, très impressionnantes par leur naturalisme. Kurosawa, qui filme en décors naturels tout le film, n'a pas son pareil pour nous proposer des scènes à la fois très réalistes et d'une beauté irréelle, comme celle du brouillard, ou la grande scène de l'escalier. 

Dans un deuxième temps, nous découvrons un mystérieux homme qui a la prestance d'un dieu (incroyable Toshiro Mifune) et vit dans un endroit irréel, en compagnie d'une jeune femme dont on pense initialement qu'elle est sa prisonnière, avant de se révéler être sa princesse.

La première partie du film dégage un charme fou. La précision incroyable du scénario, du montage et de la mise en scène nous conduisant à ressentir ce sentiment étrange de retomber en enfance, et de découvrir la vérité progressivement, comme notre duo de pauvre hères cupides et idiots.

La deuxième partie du film, qui relate les aventures de notre quatuor (bientôt rejoint par une jeune femme sauvée de la prostitution par la princesse), en route vers une province supposée amie, a pour principal intérêt de bâtir des situations comiques sur les interactions entre les personnages, aux caractères bien différents. Kurosawa nous offre de beaux combats à la lance ou au sabre, dont on peut vaguement penser que les sabres laser de Star wars seront les lointains héritiers. Kurosawa parvient à donner à ces péripéties un cachet de réalisme qui est assez nouveau dans le cinéma japonais de l'époque.

Dans la Forteresse cachée, ce qui impressionne, c'est la façon dont le maître met son génie de la mise en scène au service d'un genre réputé mineur : le talent suinte de tous les plans, mais jamais au détriment de ce qui nous est conté.

Le film a obtenu l'Ours d'Argent du meilleur réalisateur au Festival de Berlin 1958.

3e

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