Timbuktu
Encensé par la presse francophone lors du dernier Festival de Cannes (et curieusement pas du tout par la presse anglophone) Timbuktu est un film surprenant et attachant.
Vu son sujet, je craignais principalement deux choses : une démonstration lourdaude et un misérabilisme social. Le film surprend totalement de ce point de vue dès son ouverture par la qualité somptueuse de ces images, son humour piquant et léger, sa joie de vivre communicative.
Abderrahmane Sissako fit preuve d'une intelligence peu commune en montrant dans un premier temps les islamistes comme des pieds nickelés un peu ridicules. L'enchaînement des scènes drôles enchantent le spectateur : l'islamiste qui drague, celui qui fume et qui danse, la marchande de poisson et les gants, la musique introuvable, la partie d'airfootball, les remontrances du vieil imam...
On pressent les failles béantes qui vont fissurer le film dans sa deuxième partie, explosant comme des bombes d'avilissement successif. Le film montre en chemin beaucoup de choses, par exemple le fait que les envahisseurs sont étrangers aux coutumes du pays.
Timbuktu a des airs de conte, oscillant de l'humour le plus franc (extraordinaire confession du rappeur) à la cruauté la plus sombre (la lapidation).
Je lui reproche juste une fin un peu décousue et certains rares moments de naïveté, heureusement compensés par une photographie sublime.
A voir.