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Christoblog

Résultat pour “queen of montreuil”

L'effet aquatique

On a déjà croisé les personnages d'Agathe, Samir, Anna et Ulfur dans un film précédent de la regrettée Solveig Anspach, Queen of Montreuil.   

C'est donc d'abord avec un doux plaisir de retrouvailles tendres qu'on retrouve le monde poétiquement bargeot de la franco-islandaise.

La première partie du film, presque entièrement centrée sur la piscine Maurice Thorez de Montreuil (un monde, un univers !), est une magnifique histoire d'amour irraisonnée entre ces deux acteurs uniques que sont la gracile Florence Loiret-Caille et le dégingandé hébété Samir Guesmi. On se délecte dans ce jeu subtil et inutile de l'amour et de l'indifférence, supervisé par deux agents d'entretien célestes joués par Philippe Rebot et Esteban.

La deuxième partie islandaise est jouissive pour ceux qui ne connaissent pas ce merveilleux pays qu'est l'Islande (je pèse mes mots), bien qu'un peu anecdotique. Le film navigue alors dans un registre plutôt folklorico-poético-lunaire, mâtiné de satyre des institutions internationales, qui n'est pas sans déclencher de francs afflux d'endorphine. 

Bon enfant, léger et délicat, un pur film d'été qui fait du bien.

 

3e

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Queen of Montreuil

Vu en hyper avant-première mondiale (plus de 6 mois avant sa sortie) au festival Paris Cinéma, le nouveau film de Solveig Anspach s'avère être une fantaisie délicate et fragile, qui mérite d'être découverte.

L'action de situe à Montreuil (spécial dédicace à Dominique Voynet, maire de Montreuil, dans le générique de fin). Une jeune femme récupère les cendres de son mari, mort brutalement en Thaïlande. Elle croise une mère et son fils islandais en transit entre la Jamaïque et leur île nordique en pleine crise.

L'intrigue est loufoque et tournée avec un souci de réalisme qui rappelle dans l'esprit le style du trio belge Abel/Gordon/Romy. Elle s'agrémente de personnages secondaires assez délirants : un phoque abandonné et son gardien moustachu, un grutier bien sympathique (Samir Guesmi, toujours impeccable), un amoureux éconduit...

L'actrice Florence Loiret-Caille tient le film sur ses frêles épaules, maintenant par la grâce de son jeu sensible et décidé le film sur le fil réaliste, alors qu'il menace de verser continuement dans un certain n'importe quoi.

Une oeuvre mineure mais agréable, qui actualise la veine réaliste poétique du cinéma français.

 

3e

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Paris Cinéma 2012

http://fr.web.img1.acsta.net/r_628_x/medias/nmedia/18/60/02/54/20129657.jpgAlors que le Festival Paris Cinéma connait quelques problèmes existentiels (cf l'article du Monde du 5 juillet et l'irruption dans le paysage du Champs-Elysées Film Festival), je ne peux malheureusement consacrer que quelques heures au Festival.

 

J'y vois d'abord Renoir, le dernier film de Gilles Bourdos, qui fut le film de cloture d'Un certain regard cette année. Je reviendrai sur le film dans une critique détaillée, mais je peux déjà dire que son académisme extrême en fait un objet de controverse. Un film étrange dont il faudra reparler.

 

Le Festival consacrant une large partie de sa programation à une rétrospective Hong-Kongaise, j'ai également vu Love unto waste. Dans le genre Aucun lecteur de ce blog n'a vu ou ne verra ce film, il se pose un peu là. La fiche Allociné existe, mais est réduite à sa plus simple expression.

 

Ce film de Stanley Kwan est pourtant étonnant : il paraît d'abord être une comédie sentimentale avec comme personnage principal Tony Leung (excusez du peu) et un trio de jeunes filles esseulées, dont deux jeunes taïwanaises. Il vire sans crier gare au drame sordide, en sautant la case thriller sur laquelle on l'attendait pourtant, avant de devenir une sorte de farce macabre, illuminée par le divin Chow Yun-Fat (encore une pointure !). Il emprunte également un détour intéressant du côté de la chronique sociale et du drame élégiaque.

 

Kwan propose une oeuvre dotée d'une vitalité et une capacité de se remettre en question qui dépasse donc largement le tout venant de notre production occidentale, avec en toile de fond une réflexion profonde sur l'impossibilité d'aimer, l'impermanence des choses et l'évanescence des sentiments. Remarquable à plus d'un titre, une très belle découverte.

 

Retour imprévu à Paris le samedi 7 juillet. J'en profite pour voir deux films : Queen of Montreuil de Solveig Anspach en avant-première mondiale, et Laurence Anyways de Xavier Dolan. Le premier est une délicieuse et délicate comédie portée par l'actrice Florence Loiret Caille, le second un film fleuve puissant, romanesque et parfois énervant, bénéficiant aussi d'une remarquable interprétation du principal personnage féminin : Suzanne Clément.

Les deux critiques dans les jours qui viennent sur Christoblog.

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Journal de Cannes 2016

 

21 mai

Pour le dernier jour, la compétition hausse son niveau. Elle (5/5) est une claque magistrale envoyée par Paul Verhoeven. Son film, adapté d'un roman de Djian (Oh...) est subservif, amusant, captivant de bout en bout. Isabelle Huppert y est parfaitement utilisée dans un rôle de femme à poigne qui lui va comme un gant. Le reste du casting est parfait et Verhoeven semble distiller l'efficacité holywoodienne dans un cinéma français un peu pantouflard.

Le dernier film en compétition, Le client (4/5) d'Asghar Farhadi, est un bon film lui aussi. Très proche dans sa construction de Une séparation, il peut légitimement concourir pour une récompense. Il est une fois de plus question de culpabilité, thématique récurrente cette année.

Les séances se faisant rares le dernier jour, je vais voir ce que je peux ... c'est à dire un film finlandais d'Un certain regard : The happiest day in the life of Olli Maki (2/5), de Juho Kuosmamen. Le pitch ne fait pas rêver : le film, en noir et blanc, raconte la préparation d'un boxeur finlandais pour les championnats du monde en 1962, match qu'il perdra en seulement deux rounds. Le film est bien fait, et rappelle un peu l'approche de Jean Echenoz dans son livre Courir à propos d'Emile Zatopek. C'est poétique et un peu distant. J'apprends en sortant de la salle que le jury Un certain regard vient de décerner à ce film son Grand Prix, ce qui me parait un peu exagéré.

Pour finir, j'atteins de justesse mon objectif (40 films, dont les 21 en compétition) en accrochant une séance de rattrapage de The neon demon (2/5). Au début, le film m'a paru moins mauvais que ce qu'en dit la Presse, mais malheureusement, après une demi-heure, Nicolas Winding Refn verse dans une esthétique porno chic du plus mauvais effet. Où il est question de tops modèles lesbiennes nécrophiles et cannibales, filmées dans des décors de pub pour Chanel. 

Merci à ceux qui m'ont suivi pendant ces 10 jours, et à l'année prochaine.

 

20 mai

Aujourd'hui, énorme avant-dernière journée avec cinq films, dans des styles et des niveaux de qualité très différents. Projection à 8h30 du nullissime The last face (0/5), de Sean Penn, à laquelle j'attribue une note de 0, ce que je ne fais en principe jamais. Une phrase en introduction du film fait d'abord rigoler les spectateurs : elle dit en gros que pour un occidental le mieux pour imaginer la guerre en Afrique c'est de la comparer à un amour impossible... Ridicule ! L'histoire d'amour sur fond d'humanitaire est affreusement décrite et la complaisance avec laquelle Penn filme les souffrances rend le film indécent. L'accueil de la critique internationale est d'une violence hallucinante : une moyenne de 0,2 sur 4, la plus faible depuis que ce système existe (13 ans).

Je passe ensuite à la Semaine de la critique pour des séances de rattrapage. J'ai adoré Diamond island (5/5) de Davy Chou. On suit des jeunes qui travaillent sur une sorte de ville nouvelle à Phnom Penh. L'histoire n'a rien de spécial, mais la photographie et la mise en scène sont d'une beauté iréelle. L'image transcende le quotidien et instille une poésie colorée qui m'a beaucoup touché. J'imagine que c'est ce type d'effet que fait Weerasethakul sur certains.

Je fais une parenthèse à Un certain regard pour La tortue rouge (2/5), de Michael Dudok de Wit, présenté comme un film d'animation Ghibli et globalement encensé sur la Croisette. Il s'agit d'une histoire à la Robinson Crusoé, assez simpliste, et je n'ai pas trouvé beaucoup d'originalité dans l'animation. On est bien loin du Voyage de Chihiro par exemple.

Retour à la Semaine pour un film que je vais tenter de vite oublier. Mimosas (1/5) a pourtant reçu le prix principal de cette section. Le réalisateur espagnol Oliver Laxe propose un voyage initiatique et en partie religieux dans l'Atlas marocain. Il rejoint la liste des réalisateurs que je déteste, ceux qui se fichent complètement qu'on comprenne quelque chose à ce qu'ils racontent (Albert Serra, Bela Tarr, Lisandro Alonso). 

Heureusement que la journée se termine sur une bonne note en provenance d'Israel. One week and a day (4/5) raconte la journée d'un couple, première journée qui suit la semaine de deuil religieux suivant les obsèques de leur fils unique de 25 ans. Comme l'a dit Charles Tesson, le boss de la Semaine, en présentant le film, il s'agit d'un "feel-good sad movie". Une sorte de Chambre du fils où on sourit tout le temps - et où à la fin, on pleure. C'est très réussi, sur un sujet difficile, et le réalisateur israélien Asaph Polonski doit être suivi de près.

 

19 mai

De tôt matin, Cristian Mungiu confirme son incroyable talent de disséqueur d'âme. Bacalauréat (4/5) est une psychanalyse de la Roumanie et un suspense psychologique sur le thème de ce qui est juste de faire, ou non. C'est précis, subtil, dynamique, même si l'intensité de 4 mois, 3 semaines, 2 jours reste ici inégalée.

C'est peu de dire que Juste la fin du monde (1/5), de Xavier Dolan, me déçoit beaucoup. C'est bien simple : au moment le film se termine, j'ai l'impression qu'il n'a pas encore commencé. Les personnages sont prisonniers de leur caricatures, à un point où cela en devient très gênant. Vincent Cassel surjoue de façon abonimable, il faudrait pouvoir l'empêcher de sévir sur les plateaux. 

A Un certain regard je tente Pericle il nero (2/5), de Stefano Mordini. Film de mafia dont l'originalité est de se passer en Belgique (les Dardenne coproduisent). Rien de bien neuf sous le manque de soleil liégeois. A éviter.

La bonne surprise du jour, c'est le décoiffant Divines (5/5) de Houda Benyamina, ou comment une jeune fille de banlieue se rêve en Scarface. C'est drôle, plein d'une énergie folle, et décapant. Je prédis un grand succès public à ce film, porté par des actrices charismatiques.

 

18 mai

Au final, la compétition me parait plus faible cette année que l'année dernière, malgré ses promesses sur le papier. Je n'attendais pas grand-chose de La fille inconnue (2/5) des frères Dardenne. Je n'ai donc pas été déçu de ne pas aimer. Le film ressemble un peu au précédent, Deux jours, une nuit, en en reprenant des motifs : le parcours linéaire d'un fort personnage féminin, qui progresse en faisant du porte à porte. C'est insipide.

La vraie claque de la journée vient du brûlot Goksung (The strangers) (4/5), en sélection mais hors compétition (on se demande bien pourquoi). Na Hong-Jin (The chaser, Murderer) propose une vaste fresque sur la façon dont l'empire du mal se propage dans un petit village de Corée. Cela commence par une chronique provinciale pour finir en film d'épouvante très réussi. Une mise en scène virtuose. Seul petit bémol, la fin du film est pour le moins confuse.

Ma'Rosa (3/5) de Brillante Mendoza, m'a déçu. Le film est une plongée en apnée dans une Manille corrompue, moite, grouillante. Le film vaut surtout pour son aspect documentaire. Le style Mendoza (période Kinatay), pourra en déranger certains : caméra à l'épaule, image sombre, musique stridente. Peu de renouvellement chez ce réalisateur.

Pour finir la journée en douceur, découverte à la Quinzaine d'un premier film fort sympathique : Mercenaire (3/5) de Sacha Wolff. Une histoire originale qui montre comment les joueurs de Polynésie sont recrutés comme du bétail pour les clubs de rugby français. Le film est sans concession et sait rendre ses acteur aimables. Une réussite.

 

17 mai

Aujourd'hui, et je crois que c'est la première fois depuis que je viens à Cannes, trois films sont présentés en compétition dans la même journée. J'attaque donc avec Julieta (5/5) de Pedro Almodovar. Ce qu'il y a de bien avec le maître espagnol, c'est qu'on vieillit ensemble... Le film est hitchcockien en diable et magnifique visuellement. Pedro filme comme à l'habitude avec beaucoup d'habileté ses superbes actrices. Un bon moment. Le film manque toutefois un peu de densité pour faire une Palme.

J'enchaîne avec le nouveau film de Olivier Assayas, dont j'avais adoré Sils MariaPersonal shopper (2/5) est construit autour de, à cause de, et pour Kristen Stewart. C'est sa valeur (la jeune actrice révèle l'étendue de son talent) et sa limite (le scénario semble non fini). Assayas n'est pas très à l'aise pour filmer les fantômes, il donne beaucoup dans les clichés. Décevant. 

Troisième et dernier film en compétition, Aquarius (4/5) de Kleber Mendonça Filho. Il s'agit du beau portrait d'une femme de caractère, qui résiste aux forces qui veulent l'obliger à quitter son appartement. Une mise en scène de haute volée et une interprète hors norme (la somptueuse Sonia Braga) font de ce film brésilien un prétendant à une récompense. Il manque toutefois l'étincelle pour enflammer le public.

Soirée émotion à la Quinzaine pour finir la journée, avec la projection en présence de l'équipe du dernier film de la regrettée Solveig Anspach, décédée récemment. L'effet aquatique (4/5) est un peu une déclinaison islandaise du film Queen of Montreuil.  J'ai une tendresse particulière pour le grutier lunaire jouée par Samir Guesmi et pour la survoltée Agathe, jouée par Florence Loiret-Caille. Ce n'est pas très rationnel, car je suis conscient des limites du film, mais j'ai passé un bon moment et c'est comme ça. On ne va pas non plus être objectif tout le temps.

 

16 mai

La journée commence avec Loving (3/5) de Jeff Nichols, en compétition. Le film me réconcilie avec le réalisateur, qui m'avait beaucoup déçu avec Midnight special. L'histoire est celle d'un couple, illustrant le combat mené pour abolir les lois interdisant les mariages inter-raciaux dans certains états des USA, dans les années 50. Le film est doux, intime, convaincant, modeste.

Devant la salle Debussy, l'attachée de presse du film Apprentice (3/5) me tend une invitation en Rangs Réservés. Je la prends pour deux raisons : la perspective de pouvoir étendre mes jambes, et le film. Ce dernier est assez frappant : c'est un thriller psychologique sur fond de peine de mort à Singapour. Ou la pendaison vu du côté bourreau. Comme souvent dans le cinéma asiatique, c'est carré, efficace et superbement réalisé. Seul bémol, le scénario est un peu court.

Deuxième film de la compétition aujourd'hui, Paterson (1/5) de Jim Jarmusch, me déçoit beaucoup. La montée des marches est triste à mourir : le réalisateur et ses deux acteurs/trices (Adam Driver et Golshifteh Farahani) semblent faire la gueule et éviter de se toucher. Le film est ennuyeux. Il montre un chauffeur de bus écrire de la (mauvaise) poésie, et répète sept fois de suite le même rituel journalier, avec des variantes. L'accueil du GTL est glacial, les applaudissements épars. La critique internationale, curieusement, semble adorer.

Pour finir la journée j'embraye à la Quinzaine avec un film d'Anurag Kashyap, Raman Raghav 2.0 (2/5), qui ne me convainc pas. Le réalisateur, qui est en train de devenir un chouchou de la Quinzaine, répète en moins bien les recettes de ses précédents films, Gangs of Wasseypour ou Ugly. C'est du film noir à la sauce Bollywood. Seul intérêt notable du film, la vision qu'il donne des bidonvilles de Bombay, saisissante.

 

15 mai 

Le premier film de la journée, Mal de pierres (1/5) de Nicole Garcia, est la première véritable erreur de casting de la compétition. Le film est d'une platitude totale, à l'image du jeu de Marion Cotillard. Aucun intérêt.

Le film d'animation que nous voyons ensuite à la Quinzaine, Ma vie de courgette (5/5), est à l'inverse remarquable. Le scénario de Céline Sciamma est très fin, et la réalisation de Claude Barras dégage à la fois une profonde poésie et un grand réalisme. C'est beau, et extrêmement émouvant, sans être du tout tire-larme. J'espère que cette histoire de bande de copains qui se forme à l'orphelinat va connaître l'immense succès qu'il mérite.

Les 2h40 du film d'Andrea Arnold, American Honey (4/5) passent relativement vite, au regard de l'aspect intransigeant et un peu rébarbatif du film (cadre carré, image un peu sale, impression d'improvisation constante, scénario très approximatif). C'est un film qui se mérite, mais qui possède une belle longueur en bouche. Shia LaBeouf et l'inconnue Sasha Lane tous deux impeccables.

Soirée à la Quinzaine pour le deuxième film de Rachid Djaïdani, Tour de France (2/5) avec Depardieu. Ce dernier fait le show sur la scène, demande une chaise car "il ne peut plus supporter le poids de son corps" et déclare être "fatigué par la vie et effrayé par la mort". La salle s'insurge ! Le film est très léger et sympathique, avec trop d'approximation côté scénario et mise en scène pour être recommandé. Depardieu est en roue libre.

 

14 mai

Début de journée à fond avec Folles de joie (4/5) à la Quinzaine, en présence du réalisateur Paolo Virzi (La prima cosa bella, Les opportunistes) et de Valéria Bruni Tedeschi. Le film raconte la fugue de deux femmes internées dans un établissement psychiatrique. C'est vif, énergique, parfois drôle et gorgé d'un sentimentalisme que certains pourront trouver exacerbé. 

Le long film de l'après-midi marque le retour de l'Allemagne en compétition. Toni Erdmann (5/5), de la jeune Maria Ande, est un film admirable sur les rapport père / fille, d'une originalité et d'une subtilité remarquable. Il y a plusieurs climax dans la deuxième partie du film qui entraînent une hilarité et un enthousiasme irrésistible : c'est la première fois depuis longtemps que j'entends une salle applaudir à tout rompre pendant une scène. 

Par la profondeur de son propos et le jeu subtil de ses acteurs, le film marque durablement. Impossible de ne pas le retrouver au Palmarès.

A 22h, montée des marches en noeud pap pour le Park Chan-Wook. Un hasard incroyable nous propulse dans une place numérotée à trois rangs devant toute l'équipe du film. Très impressionnant. Mademoiselle (5/5) est un thriller particulièrement retors, bâti sur l'effet Rashomon : on voit la même histoire plusieurs fois, en découvrant à chaque fois une nouvelle version. Mise en scène nerveuse, direction artistique impeccable et scénario à la fois complexe et limpide : il manque juste un peu d'émotion pour que ce film féministe soit parfait.

 

13 mai

Aujourd'hui, matinée consacrée aux films en compétition. Je commence par Ma loute (5/5) de Bruno Dumont, qui m'a enthousiasmé. Ce ne sera pas le cas de tout le monde j'imagine, car le film est un mélange de genre tout à fait étrange : à la fois comédie burlesque, film d'initiation amoureuse et critique sociale au vitriol. La photographie est exceptionnelle.

Moi, Daniel Blake (4/5) est semble-t-il le dernier Ken Loach (avant le prochain ?). Ca se pourrait, tellement le film ressemble à un testament. On a l'impression d'avoir vu cent fois ces films sociaux anglais qui semblent tous découler d'un remake à la sauce UK du Voleur de bicyclette, mais ici le chant d'amour de Ken Loach pour ses acteurs est particulièrement réussi. Et aussi très émouvant : j'ai maladroitement étouffé quelques sanglots, et j'atteste qu'il en a été de même pour mes voisins de gauche et de droite. Forte production lacrymale dans la salle.

Je parviens ensuite à me glisser dans une séance d'Un certain regard très demandée : La danseuse (2/5) de Stéphanie di Giusto. Le casting du film est impressionant : la chanteuse Soko (qui s'est faite larguée ces derniers jours par Kristen Stewart, mais ça n'a rien à voir avec le film), François Damiens, Mélanie Thierry, Lili-Rose Depp (la fille de Vanessa Paradis, apologie vivante de l'anorexie mais ça n'a rien à voir avec le film), Gaspard Ulliel. Il s'agit d'un biopic d'une danseuse oubliée, qui veut se donner les moyens de la reconstitution historique, mais que j'ai trouvé très peu incarné. Problème de direction d'acteur ou de casting. Une direction artistique un peu empesée aussi (décors, costumes).

Pour finir, et après une heure de queue inutile à la Quinzaine (ce sont des choses qui arrivent), je me rabats sur une séance de rattrapage dans une salle annexe de Fais de beaux rêves (4/5) de Marco Bellochio, film d'ouverture de la Quinzaine. C'est un beau mélo ample et profond, qui montre les conséquences de perdre sa mère jeune tout au long de sa vie. Formidables acteurs et scénario de très haute volée.

 

12 mai

La journée commence en salle Debussy (une nouveauté de cette année) pour le premier film en compétition, Rester vertical (2/5). Le format n'étant pas le bon (?!), les spectateurs ont du siffler au bout de cinq minutes pour que les personnages n'aient pas la tête coupée.

En bref, disons que le film est complètement barré, à l'image de son réalisateur aveyronnais, Alain Guiraudie. On est dans un truc bizarre qui est à la fois très naïf (et même caricatural) et ancré socialement. Le film possède ce lot de scènes chocs propres à lancer un Festival sur de bonnes bases, comme une sodomie doublée d'une euthanasie, qui donne un délicieux titre en une du Midi LIbre de Séverac-le-Château. C'est L'inconnu du lac en moins bien.

Dans la foulée, j'enchaîne à Debussy grâce à une place gentiment donnée par l'équipe du film, avec le film égyptien Eshtebak (Clash) (5/5) de Mohamed Diab, le réalisateur des Femmes du bus 678. Le film est entièrement tourné depuis l'intérieur d'un fourgon de police pendant les évènements de 2013 entre Frères Musulmans et partisans de l'armée. C'est génial, oppressant, magnifiquement scénarisé et réalisé. Un vrai thriller qui mélange politique, action, suspense et drame. Un film qui aurait mérité d'être en compétition, même si l'ouverture de Un certain regard, c'est bien aussi !

Deuxième film de la compétition aujourd'hui, Sieranevada (3/5) du roumain Cristi Puiu, m'a un peu déçu. Je m'attendais à quelque chose de renversant, mais le film n'est finalement que le "filmage" d'un très long et pénible repas de famille. C'est génial fugitivement, comme un croisement de Festen et de Mungiu, c'est brillamment réalisé, mais beaucoup de personnes dans la salle ont fait des micro-siestes. Il faut quand même tenir près de trois heures...

Après avoir échoué à entrer dans la salle pour l'ouverture de la Semaine de la critique, j'aterris dans la salle du Soixantième pour la projection d'un documentaire signé par deux auteurs (un italien et un grec) : L'ultima Spiaggia (1/5). C'est filmé à la manière d'un Wiseman, c'est-à-dire que la caméra est posée là et enregistre tout ce qui se passe, mais ce n'est pas du tout à la hauteur du maître : manque de talent ou choix d'un sujet trop léger (une plage à Trieste) ? 

 

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Queen and country

En 1987, John Boorman réalisait Hope and glory, film sur l'enfance en temps de guerre, en grande partie autobiographique. L'année dernière à Cannes, il présentait en quelque sorte sa suite : Queen and country, chronique du passage à l'âge adulte sur fond de guerre de Corée.

J'ai été parfois décontenancé par les ruptures de ton incroyables qui émaillent le fim : on passe sans transition de la bleuette un peu nunuche à la comédie loufoque, avant de basculer dans le drame. Queen and country est un objet très attachant, complètement atypique, chronique cruelle d'une Angleterre désuette et buddy movie amusant.

Tout le début du film amène à sourire de façon quasi-continue tant les situations cocasses et les punchlines s'accumulent, mais une ombre commence à recouvrir le personnage principal vers son milieu, et cette ombre (mélancolie, tristesse et nostalgie) ne cesse de grandir jusqu'à la fin. 

Le dernier plan s'arrête sur une caméra ... qui s'arrête de filmer. Espérons que ce dernier plan ne soit pas prémonitoire.

 

2e

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Cannes 2014 : la Quinzaine des Réalisateurs

Comme les autres années, c'est la Quinzaine qui présente pratiquement la sélection la plus excitante.

D'abord des pointures, avec en ouverture le nouveau film de Céline Sciamma (Tomboy), Bande de filles, et la présence des vétérans John Boorman, avec Queen and country et Isao Takahata (Le tombeau des lucioles), qui nous permettra d'honorer le studio Ghibli avec Le conte de la princesse Kaguya. Bruno Dumont présentera en intégralité une série tournée pour Arte, Le P'tit quiquin, comme l'avait fait l'année dernière Jane Campion avec Top of the lakeEnfin, on pourra voir le nouveau film du grand documentariste Frederick Wiseman, National Gallery.

L'autre pilier de la sélection, c'est comme d'habitude les films de genre, avec des polars, dont un coréen (A hard day de Kim Seong-Hun) et le très attendu Cold in july de Jim Mickle avec une distribution prestigieuse : Michael C.Hall, Sam Shepard et Don Johnson.

Pour finir on guettera avec gourmandise Whiplash de Damien Chazelle, Grand prix du jury et prix du public au dernier festival de Sundance (qui ces deux dernières années était plutôt accueilli à Un certain regard), et le deuxième film de Jean-Claude Hue (La BM du seigneur) : Mange tes morts. 

Tout cela sans compter avec les films inconnus en provenance du Québec, d'Israel (trés présent avec deux films),  du Japon et de Belgique.

Pour suivre la Quinzaine en direct, RDV sur Christoblog, ou pour plus de réactivité encore sur FB et Twitter.

PS : Et si vous allez à Cannes, il faut que vous lisiez cela :

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Baby driver

C'est peu dire que le nouveau film d'Edgar Wright, l'auteur culte de la "trilogie Cornetto" (Shaun of the dead, Hot fuzz, Le dernier pub avant la fin du monde), était attendu par toute une tribu de fans geeks, lecteurs de Première. 

L'attente était exacerbée par le psychodrame que Wright a vécu avec Marvel sur le projet d'Ant-Man : après plusieurs années de travail le réalisateur britannique a quitté le projet pour divergence de point de vue artistique avec le studio.

Au final, le retour de Wright s'effectue en mode mineur, avec ce film qu'il portait depuis longtemps en lui, puisque l'idée de Baby driver (un film d'action drivé par une bande-son pop-rock diégétique) lui est venue avant même la réalisation de son premier long-métrage.

Le résultat est plaisant. On suit avec un certain plaisir les mésaventures de ce jeune chauffeur qui extrait les malfaiteurs après un casse (comment traduire getaway driver ?), victime d'acouphènes et addict à une playlist pop-rock aussi éclectique que jouissive (The Jon Spencer Blues Explosion, Jonathan Richman, Simon and Garfunkel, Queen, The Beach Boys, The Damned, T. Rex, Beck et bien d'autres).

Le film, vous l'aurez deviné, ne vaut pas par la folle inventivité de son scénario (on a déjà vu mille fois toutes ces péripéties), mais plutôt par la légèreté décomplexée de sa mise en scène. Particulièrement remarquable dans la première partie, la réalisation de Wright réussit parfaitement dans un premier temps à capter cette volonté de chorégraphie guidée par la bande-son, que ce soit en montrant les voitures ou en suivant Baby dans ses évolutions.

La deuxième partie du film m'a semblé baisser d'un ton, et perdre progressivement de son originalité, même si Baby driver est au final un divertissement tout à fait recommandable. 

Le casting est gentillet. On a plaisir à retrouver Lily James (vue dans Downton abbey), Jon Hamm (le Don Draper éternel de Mad men), Jamie Foxx, égal à lui-même, et Kevin Spacey, un peu empâté, mais toujours inquiétant et bienveillant à la fois.

 

2e

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Les films les plus attendus en 2015

Snow therapy, de Ruben Ostlund, sort le 28 janvier et s'annonce comme une des sensations de l'année.

 

USA / Canada

2015 commencera logiquement avec les films déjà sortis outre Atlantique et en course pour les Oscars : Birdman de Inarritu, Invicible d'Angelina Jolie, Wild de Jean Marc Vallée, Foxcatcher de Bennett Miller, American Sniper de Clint Eastwood, Big eyes de Tim Burton, Inherent vice de Paul Thomas Anderson, Une merveilleuse histoire du temps de James Marsh (un biopic de Stephen Hawking), The imitation game de Morten Tydlum (inspiré de la vie de Turing, informaticien et père de cryptographie moderne), le mauvais Captives d'Atom Egoyan.

Les Cahiers du cinéma consacrent trente pages au nouveau Larry Clark, The smell of us : skaters et sexe au programme, pas sûr que cela plaise à tout le monde. A noter aussi en début d'année la sortie le 4 février d'un film québécois qui cumule les récompenses dans de nombreux festivals : Félix et Meira, de Maxime Giroux.

On surveillera ensuite d'un oeil le film d'espionnage anglo-américain Kingsman (avec Colin Firth), le Hacker de Michael Mann, Au coeur de l'océan de Ron Howard (une relecture de Moby Dick) et surtout Jupiter de Lana et Andy Wachowski, dont chaque film est une expérience.

Plus tard dans l'année, on sera curieux de découvrir le nouvel opus de Noah Baumbach (Frances Ha, Greenberg) : While we're young, avec Ben Stiller et Naomi Watts. Autre figure du cinéma indé US : David Gordon Green (Prince of Texas) tourne avec Sandra Bullock Our brand is crisis

Les poids lourds américains sont au boulot, et nul doute qu'on croisera quelques-uns de ces films sur la Croisette : St James Place de Steven Spielberg, Crimson Peak de Guillermo del Toro, Midnight special de Jeff Nichols, Sea of trees de Gus Van Sant (avec l'inévitable Matthew McConaughey décidément partout), Ricki and the flash de Jonathan Demme, She's funny that way de Peter Bogdanovitch, The walk de Robert Zemeckis ou The martian de Ridley Scott.

Knights of cup, le prochain Terence Malick en chantier depuis plus d'un an, sera lui en compétition à Berlin.

Pas sûr qu'il soient prêts en 2015 : Carol de Todd Haynes, un documentaire-opéra sur les Stooges par Jim Jarmusch, The lost city of Z de James Gray (avec Robert Pattinson et Benedict Cumberbatch), Silence de Scorsese, The trap du coloré Harmony Korine et last but not least, The hateful eight de sieur Tarantino.

Werner Herzog tourne aux USA une fiction basée sur la vie de l'aventurière Gertrude Bell : ça s'appelle Queen of the desert, et le casting est de folie : Nicole Kidman, Robert Pattinson, James Franco. Le film sera en compétition à Berlin en février.

 

France

Dès janvier, Xabier Beauvois nous montrera Benoit Poelvoorde voler le cerceuil de Charlie Chaplin dans La rançon de la gloire. A noter le 18 février la sortie du premier film de Thomas Salvador, qui fait l'unanimité dans tous les festivals où il est projeté : Vincent n'a pas d'écaille, premier film français de super-héros sans effets spéciaux. A ne pas rater aussi en janvier, le beau Hope de Boris Lojkine, très bien accueilli à Cannes.

Des prétendants pour Cannes : Erran, de Jacque Audiard, parlera d'un réfugié politique tamoul réfudié à Paris, Les deux amis de Louis Garrel (avec lui-même et Vincent Macaigne), L'ombre des femmes de son père Philippe Garrel, Comme un avion de Bruno Podalydes (avec son frère, comme d'hab), Nos Arcadies - Trois souvenirs d'Arnaud Desplechin.

Est-ce que Maïwen sera de retour sur la Croisette avec Mon roi, connu jusqu'alors sous le titre Rien ne sert de courir, (Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot dans une histoire passionnelle) ?

Le rare Philippe Gandrieux a fini de tourner Malgré la nuit et le zarbi Quentin Dupieux sort Réalité en février (avec Alain Chabat). Mais le film le plus excitant en chantier, c'est peut-être Paul Verhoeven qui le tourne en ce moment à Paris : cela s'appelle Elle, avec l'excellente Isabelle Huppert, et ça s'annonce sulfureux. 

A signaler aussi l'intriguant The voices, tourné aux USA par Marjane Satrapi avec Ryan Reynolds, ou à plus long terme les projets de Catherine Breillat (Bridge of floating dreams), Michel Gondry (Microbe and gasoil) ou Andrzej Zulawski (Cosmos, avec Sabine Azema). On ne sait pas si le prochain film de Valérie Donzelli, L'histoire de Julien et Marguerite, avec la délicieuse Anais Demoustier (je l'adore !) sortira en 2015. Jamel Debbouze signera un film d'animation, Pourquoi j'ai mangé mon père, tiré du roman loufoque de Roy Lewis. Enfin, après une année 2014 très YSL, ce sera au tour de Dior de remplir les salles avec le documentaire Dior et moi, de Frédéric Tcheng.

Il sera imossible d'échapper à Léa Seydoux cette année encore, dans le James Bond bien sûr, mais aussi par exemple dans Le Journal d'un femme de chambre, de Benoit Jacquot, qui sera en compétition à Berlin. Je parie sur une présence à Cannes de Belles familles, qui marque le retour de Jean Paul Rappeneau, à 82 ans, et après 11 ans d'absence. Autre revenant, Jean-Jacques Annaud, qui revient aux animaux, avec Le dernier loup.

Pas de Kechiche à l'horizon, son projet La blessure, transposition du livre de Bégaudeau de Vendée en Tunisie, avec Gérard Depardieu, est au point mort. 

 

Europe

En ce début d'année, je conseille le délicieux Queen and country du vétéran britannique John Boorman. En janvier, ce sera aussi le moment de découvrir le stupéfiant Snow Therapy, en course à l'heure qui est pour l'Oscar du meilleur film étranger, et révélation de la section Un certain regard au dernier festival de Cannes. Il faut imaginer Haneke en rigolo pour avoir une idée du film. On lit aussi de bonnes choses sur Phoenix, de l'allemand Christian Petzold (Barbara).

Peter Greenaway, dont les dernières sorties ont été pour le moins confidentielles, reviendra-t-il sous les projecteurs avec son biopic Eisenstein in Guanajuto ?

Ne sachant pas trop dans quelle catégorie le ranger (USA ou pas ?), je place ici le film que j'attends le plus en 2015. Joachim Trier, le réalisateur norvégien de Oslo, 31 août, a tourné Louder than bomb à New York, avec Gabriel Byrne, Isabelle Huppert (décidément toujours dans les bons coups) et Jesse Eissenberg.

J'attendrai aussi de pied ferme la nouvelle vague grecque qui doit  concrétiser : Chevalier d'Athina-Rachel Tsangari et surtout The lobster de Yorgos Lanthimos, avec Colin Farrell et Léa Seydoux.

Ailleurs en Europe : Flashmob de Michael Haneke (espérons qu'il ne soit pas prêt en mai !), Le trésor de Corneliu Porumboiu, L'ultimo vampiro du vétéran Bellochio et le retour de Moretti qui fait tourner John Torturro dans Mia madre. Je vous conseille aussi un film anglais très noir vu à Cannes l'année dernière, Catch me daddy, du jeune Daniel Wolfe. Côté espagnol, Juliette Binoche a tourné avec Isabel Coixet Nobody wants the night au Groenland. 

Quant au nouveau projet de Miguel Gomes (Taboo), Les mille et une nuits, je ne sais trop quoi en penser : le film dure ... 7h37. Je suis également très intrigué par le retour des Monty Python, accompagné de Simon Pegg, dans Absolutely anything. Et aussi par le nouveau film de la polonaise Malgorzata Szumowska (Elles, AIME et fais ce que tu veux) : Body.

Epérons enfin que nous pourrons voir dans les salles Mandarines, un film géorgien de Zaza Urushadze, qui a excellente presse (il figure dans les 5 finalistes aux Oscars du meilleur film étrangers). 

Wim Wenders termine Every thing will be fine, qui réunit Charlotte Gainsbourg, James Franco et Rachel McAdams. 

 

 

Reste du monde

Ne manquez pas pour commencer la fantaisie noir coréenne Hard day et l'explosif film de Damian Szifron Les nouveaux sauvages, qui sortent en janvier.

Une année exceptionnelle côté Asie avec quasiment tous les cinéastes majeurs du continent sur la ligne de départ : le magnifique A la folie de Wang Bing qui sort en avril, Hill of freedom de l'indispensable Hong Sang-Soo, The taking of the tiger mountain de Tsui Hark, le nouveau Takeshi Kitano, Mountains may depart de Jia Zhang-ke, The crossing de John Woo, The assassin (enfin !) de Hou Hsia-hsien, In the room d'Eric Khoo, Umimachi Diary du délicieux Hirokazu Kore-Eda, et The Ferryman de Wong Kar-wai. Incroyable, si on ajoute en plus le très attendu Love in Khon Kaen du palmé Apichatpong Weerasethakul ! Il va falloir faire de la place sur la croisette.

Berlin verra en février le retour du grand Jafar Panahi, avec Taxi.

Coté animation japonaise, Miyazaki est en retraite mais on dit beaucoup de bien de Souvenirs de Marnie, de Hiromasa Yonebayashi (Arrietty) , qui sort le 14 janvier.

Comparé à l'Asie pas beaucoup de nouvelles de l'Amérique du Sud. A Cannes l'année dernière je n'ai pas aimé du tout Jauja du pourtant estimé Lisandro Alonso.

 

Suites, sequels, prequels, spin-offs, marveleries, reboot, franchises et autres tartufferies

Au rayon des blockbusters prévisibles, la pauvreté d'imagination des scénaristes fait peine à voir.

L'année sera donc marquée par toutes sortes de production de nationalité et d'intérêt variables : James Bond 24 (Spectre), réalisé par Sam Mendes, Fast and Furious 7 ("sanctifié" par le décès brutal de Paul Walker), Jurassic World (4ème du nom mais sans Spielberg), Mad Max 4 (avec le vétéran Georges Miller aux commandes), Tintin 2 (sans Spielberg non plus), Star War 7 par JJ Abrams, Die Hard 6, un nouvel opus d'Avengers (que j'irai peut-être voir parce que réalisé par mon chouchou Joss Whedon), Mission impossible V (avec Tom le petit), Terminator Genisys avec Arnold (peut-être un peu rouillé), Cinquante nuances de grey qui amorce je le crains une longue série libidineuse mais pas trop (mais qui pourrait m'éviter de lire les livres), un nouvel épisode de La nuit au musée (oui, on s'en fout, c'est vrai) et enfin une nouvelle version de Peter Pan, qui s'appelle ... Pan.

 

Je finis mon article par le serpent de mer que constitue la sortie éventuelle du film d'Alexei Guerman (décédé en 2013) : L'hitoire du massacre d'Arkanar. Rappelons que le tournage du film a commencé en 2000. Le fils de Guerman aurait dit que le film était presque prêt : suspense donc, pour le film le plus longuement attendu de l'histoire du cinéma. A l'année prochaine !

 

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Bohemian rhapsody

Qu'on soit fan de Queen ou pas, Bohemian rhapsody est intéressant, comme tout biopic bien construit et correctement réalisé.

On suit donc d'une façon assez didactique le parcours habituel de l'apprenti rocker : débuts difficiles, moments cruciaux lors desquels toute une carrière se joue, premiers succès, influence néfaste de l'entourage, déchéance, dissensions dans le groupe.

On cherchera en vain un angle original, un point de vue nuancé (le film est produit par deux anciens du groupe) ou une exploration des influences artistiques de Queen. Bryan Singer se contente de suivre une storyline très balisée et sans surprise, cumulant les anecdotes dont on pourra douter de la véracité au détriment d'une réflexion plus profonde. Le film s'accommode de beaucoup d'erreurs (en voici une liste assez complète) : par exemple le fait que Fat bottomed girls n'était pas encore écrit au moment de la première tournée US, ou encore que la maladie de Mercury n'a été diagnostiqué que deux ans après le Live Aid.

Bohemian rhapsody ne vise qu'à impressionner et à émouvoir, et il le fait finalement plutôt bien. Les reconstitutions de concerts sont époustouflantes et il est difficile de ne pas écraser une petite larme devant l'interprétation incroyable de Rami Malek.

Plutôt à conseiller à ceux qui goûtent le rock.

 

2e

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Rocketman

Je connais très mal la musique d'Elton John, qui pour faire simple n'était pas assez "rock" pour intéresser mes oreilles de jeune vosgien dans les années 90 (plutôt attirées par AC/DC, U2, The Cure, The Clash, Queen, et Springsteen).

La vision de Rocketman m'a donc en premier lieu procuré un plaisir simple : découvrir de belles chansons (et comprendre leur propos grâce aux sous-titres) tout en faisant connaissance avec une personnalité attachante et exceptionnelle à bien des égards.

Le film rappelle bien sûr Bohemian Rhapsody : le réalisateur Dexter Fletcher a fini le film sur Queen commencé par Bryan Singer (viré en cours de tournage), le schéma du film (rise and fall) est exactement le même, et les destinées des deux personnages principaux sont similaires (ils sont gays, se font manipuler par leur entourage, sombrent dans les addictions, détruisent leur santé).

Rocketman est cependant pour moi bien plus réussi que son prédécesseur. Il semble d'abord prendre moins de libertés avec la réalité. Il choisit en plus dès le début un style, un angle, qui faisaient défaut à Bohemian Rhapsody.

Par exemple, le fait d'illustrer les chansons par des moments de comédies musicales (très réussies au demeurant) donne à toute la première partie du film une coloration vraiment fun. Ce parti-pris évolue progressivement vers des passages oniriques beaucoup plus sombres, mais toujours dans le même esprit d'illustrer la réalité (la piscine par exemple).

La prestation de l'acteur Taron Egerton est remarquable. Il porte son personnage à bout de bras, au moins autant que le fait Remi Malek dans Bohemian.

Une sucrerie à ne pas dédaigner.

 

3e

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Les films les plus attendus de 2013 (à Cannes et ailleurs)

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Une année avec un nouvel Almodovar ne peut pas être une mauvaise année.

 

USA

Dès janvier, il ne faudra pas rater Gimme the loot, d'Adam Leon, une des perles de Cannes 2012, The master de Paul Thomas Anderson, Django unchained de Tarantino et le Lincoln de Spielberg. Un peu plus tard sortiront les nouveaux films de Terence Mallick, A la merveille, fraîchement accueilli à Venise et de Jeff Nichols, Mud, tièdement reçu à Cannes. En mars sortira le nouveau film de Derek Cianfrance (Blue Valentine), avec Ryan Gosling plus érotique que jamais dans The place beyond the pines.

Soderbergh continue à pondre des films comme une poule des oeufs, deux sont prévus 2013 : Effets secondaires et Behind the candelabra avec Matt Damon et Michael Douglas. Woody Allen sera de retour à New York, avec Cate Blanchett.

On verra peut-être sur la Croisette Sofia Coppola présenter The bling ring avec Paris Hilton (!?) et Emma Watson. Egalement annoncés comme possibles à Cannes, Nicolas Winding Refn qui ne quitte plus Ryan Gosling (Only god forgives), Steve McQueen qui ne quitte plus Michael Fassbender (Twelve years a slave) et ... James Gray qui n'a jamais quitté Joachim Phoenix, rejoint par Marion Cotillard dans The Nightingale.

En fin d'année on peut espérer la sortie du film de Sean Penn avec De Niro, The comedian. En vrac sont également attendus les nouveaux Gus Van Sant (Promised Land), Judd Appatow (This is 40), Jonathan Levine, avec une histoire de zombies (Warm bodies), Jim Jarmush avec un casting haut de gamme pour Only lovers left alive (John Hurt, Tilda Swinton, Mia Wasikowska), Brian de Palma pour un remake du film de Corneau Crime d'amour, avec Naomi Rapace (Pulsions).

Au rayon des blockbusters, citons vite fait Les misérables de Tom Hooper, un nouvel opus de Die Hard, le retour des frères (enfin, frère et soeur, maintenant) Wachowski (Matrix) avec Cloud Atlas, un film de SF avec Tom Cruise (Oblivion), Iron man 3, After earth de Night Shyalaman, une nouvelle vision de Spiderman avec Man of steel par Zack Snyder, la suite de Star trek par JJ Abrams, Pacific rim de Guillermo del Toro, Kick Ass 2, le remake de Carrie, Under the skin dans lequel Scarlett Johansson est un alien qui se nourrit de chair fraîche, World war Z de Marc Forster qui voit Brad Pitt lutter contre une armée de zombies,etc.

Leonardo di Caprio sera Gatsby le magnifique dans le film de Baz Luhrmann. Les amateurs de SF seront attentifs à Elysium, le nouveau film de Neil Blomkamp (District 9) et surtout au Gravity d'Alfonso Cuaron, avec Georges Clooney. Une curiosité : le  deuxième film de JC Chandor (Margin call), s'appelle All is lost et ne comprendrait qu'un acteur ... Robert Redford.

On ira enfin voir des bikinis colorés dans le Spring breakers d'Harmony Korine, et on attendra avec curiosité le nouveau film de Noah Baumbach (Greenberg), qui s'appelle France Ha.

En toute fin d'année, pourquoi ne pas espérer le nouveau Cronenberg avec Pattinson et Mortensen, Maps to the stars, le film de Werner Herzog avec Jude Law et Naomi Watts, Queen of the desert, ou le nouvel opus des frères Coen, Inside Llewyn Davis.

 

France

Janvier verra la sortie du film américain de Laurent Cantet, Foxfire.

Les grosses cylindrées du cinéma d'auteur seront de sortie en 2013. Bertrand Bonello nous racontera la vie du célèbre couturier dans Saint-Laurent, Gondry visitera Vian avec son Ecume des jours, Desplechin nous emménera en Amérique avec Amalric et Benicio del Toro (Jimmy Picard), Kechiche filmera Léa Seydoux dans Le bleu est une couleur chaude, la trop rare Pascale Ferran tourne Bird people dans un aéroport, Bruno Dumont s'essayera au biopic avec Camille Claudel, 1915, Eric Rochant replonge dans le monde de l'espionnage avec MöbiusQuentin Dupieux sortira deux films (aïe, aïe), Wrong cops et Réalité, et même Godard est annoncé avec un film ... en 3D (Adieu au langage)

Je suis très impatient de voir la fille de nulle part de Jean-Claude Brisseau, qui a triomphé à Locarno, mais j'ai très peur de ce qu'est en train de tourner Asgar Farhadi en France avec Tahar Rahim et Bérénice Béjo, les cinéastes étrangers perdant souvent leur talent en s'expatriant (le film s'appele Le passé, et pourrait être à Cannes). Le film de Guillaume Nicloux d'après Diderot promet d'être noir (La religieuse). Et ce sera peut-être l'année de la consécration pour l'excellent Guillaume Brac dont le moyen métrage Un monde sans femme a été trop peu diffusé en 2012 (Tonnerre). Polanski est en train de tourner La Vénus à la fourrure avec Emmanuelle Seigner et Louis Garrel.

Sinon, Marjane Satrapi se met en scène elle-même dans un film qui semble bien zarbi, La bande des jotas. Autres cinéastes femmes aux manettes en 2013 : Catherine Breillat (Abus de faiblesse, avec Kool Shen et Isabelle Huppert), Claire Denis (Les Salauds, avec Vincent Lindon et Chiara Mastroiani), Rebecca Zlotowski (Grand central avec Olivier Gourmet et Léa Seydoux) . De quoi permettre à Thierry Frémeaux de corriger son image après la sélection cannoise 2012 qui ne comportait aucune femme réalisatrice ! Présence possible (probable ?) sur la Croisette d'Olivier Dahan et Nicole Kidman, dans le rôle titre de Grace of Monaco. Canet fait son film américain, Blood ties.

A noter aussi un film qui promet d'être assez délirant : Jacky au royaume des filles de Riad Sattouf.

En fin d'année, nous pourrons peut-être découvrir le nouveau Hazanavicius, Will, en préproduction.

 

Reste du monde

Le canadien Denis Villeneuve (Incendies) devrait avoir terminé dans l'année An ennemy, avec Jake Gyllenhaal et Mélanie Laurent, un thriller érotique. Deux films attendus en 2012 ont du mal à se finaliser, mais seront peut-être à Cannes : The assassin de Hou-Hsiao-Hsien et The congress d'Ari Folman (Valse avec Bachir), d'après une nouvelle de Stanislas Lem. Lars von trier pourrait bien venir remettre la zubia sur la Croisette avec Charlotte Gainsbourg dans un nouveau projet sulfureux : Nymphomaniac. Almodovar ne sera pas à Cannes puisque Les amants passager est annoncé en mars.

Côté Asie, beau cru en perspective avec le retour des grands coréens (Bong Joon-Ho et Le transperceneige dans une coproduction très internationale, Park Chan-wook et son Stoker, tourné aux USA avec Nicole Kidman), un film en costume du chinois Jia Zhang-Ke, Blind detective de Johnnie To, A perfect day for Plesiosaur de Kiyoshi Kurosawa, et The grandmasters de Wong Kar-Wai, qui fera l'ouverture du festival de Berlin.

Les malades mentaux trouveront peut-être du plaisir à regarder l'horrible Post tenebras lux du mexicain Carlos "qui se la pète" Reygadas, primé à Cannes 2012 ou à découvrir Historia de la meva mort de l'imbuvable Albert Serra. Terence Davies tourne en Ecosse Sunset song. Le réalisateur argentin Lisandro Alonso tourne avec Viggo Mortensen.

Un des films les plus attendus de cette année (en compétition à Cannes ?) sera le quatrième film du prodige canadien Xavier Dolan, Tom à la ferme, mais j'attendrai personnellement aussi beaucoup de La belle endormie, Isabelle Huppert filmée par Marco Bellochio.

Je conseille enfin de guetter les sorties de Wadjda, premier film provenant d'Arabie Saoudite réalisé par une femme, Haifa Al Mansour et No, passionnant film argentin de Pablo Larrain, avec Gabriel Garcia Bernal. Si vous voulez voir un film africain, ce sera peut-être Aujourd'hui, du sénégalais Alain Gomis ou Grigris de Mahamat Saleh Saloun, qu'on annonce à Cannes.

 

Bonne année 2013.

 

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La merditude des choses

MK2 DiffusionIl arrive qu'une affiche soit particulièrement trompeuse.

Celle de La merditude des choses (un homme nu sur un vélo) en est un bon exemple. A sa vision on pense au pire à une version belge de Jackass, au mieux à l'image illustrant la chanson Fat Bottomed Girls de Queen.

En réalité La merditude des choses propose un tout autre programme. Il faut imaginer un de ces films réalistes anglais (Mike Leigh, Ken Loach, Shane Meadows) passé au mixeur de la comédie italienne des années 70 (façon Ettore Scola).

C'est drôle, c'est grave, c'est inventif, c'est attachant. Un jeune garçon de 13/14 ans grandit au milieu d'une tribu d'alcooliques fêtards (son père et ses oncles). Il doit gérer les incartades (crades, machos, rigolotes) de la bande. En parallèle le film montre la même personne adulte, devenue écrivain, à la fois victime traumatisée de son passé et passée à autre chose.

Cette partie est peut-être moins convainquante, jusqu'au moment - sublime - de la rencontre à l'hospice, et de l'obligation faite au héros de chanter des chansons paillardes dans un but universitaire.

Sinon les moments d'anthologie égrillardes de succèdent : un Tour de France alcoolisé dans lequel le mont Ventoux au whisky se révèle fatidique, la visite de l'assistante sociale "Fuckodey" dont la petite culotte sera explorée, la course cycliste à poil, le concours de beuverie, etc...

C'est un miracle que cette accumulation de vomi entraîne l'empathie, comme si Bienvenue chez les ch'tis croisait Affreux Sales et Méchants.

Et au final, les deux scènes de père et de fils, courant en baskets neuves dans les champs et apprenant à faire du vélo : ne sont-elles pas les pépites cachées au coeur de la merditude des choses ?

 

3e

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Hunger

Michael Fassbender. Becker Films InternationalAttention chef d'oeuvre.

Le premier long métrage du vidéaste Steve Mc Queen est un coup de maître. On aurait pu craindre un objet expérimental pour public branchouillé, et c'est une vraie histoire qui nous est comptée ici. Celle de Bobby Sands, prisonnier politique de l'IRA qui est décédé suite à une grève de la faim, comme 7 de ses camarades. Le film m'a appris beaucoup de chose sur cette période, que je ne connaissais pas (les menaces pesant sur les gardiens de prison, la grève de l'hygiène).

 

La force de la volonté de ces hommes et le pouvoir qu'ils se donnent sur leur propre corps sont hallucinants. La fermeté de Thatcher est d'une violence inouie et sa simple voix off donne des frissons. D'une certaine façon, on a du mal à admettre que ces évènements aient pu se passer chez nous, en Europe, il y a si peu de temps.

Mais le film dépasse le genre du film de prison, ou du film politique, pour visiter autre chose : la capacité qu'à une caméra à capter la réalité des sens et à la restituer aux spectateurs. Et là, c'est peut être la formation première de Steve McQueen qui joue à plein car la réussite est totale : on sens le flocon de neige se poser sur le visage, on entend ces cris furieux puis ces silences assourdissants, on inspire cette odeur de crasse et de pisse, on souffre du contact de la pommade sur les plaies, on inspire la fumée de cigarette.


Hunger est une réflexion sur le don de soi, sur la matérialité des choses, mais c'est également un objet cinématographique parfaitement conçu et réalisé. L'intérêt porté aux personnages secondaires (gardien de prison, long plan séquence magistral - 22 minutes ! - de la conversation avec le prêtre, jeune soldat terrorisé par les bastonnades) densifie le propos tout en le recentrant.

Du grand art. Et que dire de l'acteur, Michael Fassbender ? Au delà de la performance physique il donne à voir son âme.

 


Peut être le plus beau film de l'année, plastiquement, émotionnellement, intellectuellement.


4e

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Le meilleur de ce début 2011

Le festival de Cannes marque toujours un tournant dans l'année. Avant le grand rendez-vous, voici mon best of de ce début 2011 en 6 films seulement.

Cliquez sur l'affichette pour accéder directement à la critique sur Christoblog :

 

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Les réponses

Et voici les réponses (si vous avez des idées pour enrichir ce jeu, n'hésitez pas à me le communiquer par le formulaire Contact ou en laissant un commentaire ci-dessous) : 

JJ Abrams Lost / The Office (US) / Alias
Gus Van Sant Boss
David Lynch Twin peaks
Jean Marc Vallée Sharp objects / Big little lies
Jacques Audiard Le bureau des légendes
Martin Scorsese Boardwalk empire
Steven Spielberg Columbo / Band of brothers
Fabrice Gobert Les revenants
Jodie Foster Black Mirror / Orange is the new black / House of cards
John Cassavetes Columbo
Damien Chazelle The Eddy
Rian Johnson Breaking bad
Steven Soderbergh The Knick
Jonathan Demme Columbo
Eric Rochant Le bureau des légendes
Quentin Tarantino Les experts / Urgences / (+ acteur dans Alias !)
Asif Kapadia Mindhunter
Cédric Klapisch Dix pour cent
David Fincher House of cards / Mindhunter
Todd Haynes Mildred Pearce
Jane Campion Top of the lake
Dominik Moll Tunnel
   

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Hill of freedom

Hill of freedom marque dans la filmographie de Hong Sang-Soo le début d'un travail intense sur la destruction de la trame logique et temporelle de la narration, qui culminera dans ses deux films suivants, Un jour avec, un jour sans, puis plus encore Yourself and yours.

Ici, le montage obéit à un concept ludique assez bien trouvé  : une femme lit une longue lettre, les feuilles tombent dans un escalier et les scènes vont être assemblées dans cet ordre aléatoire. 

Le résultat est stimulant intellectuellement. S'il n'est pas très difficile de "recoller" les différents éléments de l'histoire pour en faire un tout cohérent, le procédé apporte au film une coloration légèrement décalée, qui est très agréable, renforcée par le caractère étrange de certains dialogues métaphysiques (sur le temps par exemple). L'aspect ludique de la construction du film va jusqu'à inclure (si je puis dire) des scènes "manquantes" (comme la bagarre), ou des rêves, pour mieux nous égarer.

Le sujet du film est probablement l'incommunicabilité entre les êtres humains (et surtout entre les hommes et les femmes), comme souvent chez HSS. Tout amène ici les protagonistes à mal se comprendre : le problème de la langue (le personnage principal est japonais et ne parle pas coréen), les malentendus, les occasions manquées, les histoires avortées.

Le cinéma du coréen trouve ici une expression quasiment parfaite dans sa forme : légère comme une fugue de Bach, ne s'encombrant d'aucun effet accessoire, parfaitement maîtrisée dans sa structure dépouillée. Les personnages du film semblent être des mouches se heurtant obstinément à une vitre, et une sorte de nihilisme forcené émane de Hill of freedom

 

3e

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The night of

Dans l'univers feutré et un peu confidentiel des mini-séries (sont-ce des films à rallonge ou des séries avortées ?) The night of s'impose comme un must-see.

Le pitch est pourtant d'un classicisme inquiétant : un jeune pakistanais très propre sur lui, après une soirée arrosée, se réveille aux côtés d'une jeune fille poignardée à mort. Il ne se souvient de rien.

La série aurait pu se contenter d'égrener les constats éculés : le racisme, c'est pas bien, et les médias devraient faire leur boulot. Au lieu de cela, les scénaristes nous font douter nous-mêmes de la culpabilité de Naz, et c'est bien plus subtil. Le sage jeune homme s'avère devenir lors de son incarcération provisoire un criminel sans état d'âme. Et si finalement, il était bien l'assassin ? 

L'acteur Riz Ahmed est excellent, et vient à juste de titre de remporter l'Emmy award du meilleur acteur dans une mini-série, mais The night of vaut aussi (et surtout) par la performance comme toujours sidérante de John Turturro, qui campe un avocat déclassé atteint d'une maladie de peau sur les pieds (beurk !) absolument irrésistible.

Aux manettes se trouve entre autres Richard Price, scénariste des saisons 3, 4 et 5 de Sur écoute, ce qui constitue un gage indubitable de haute qualité. A voir absolument.

 

4e 

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Empire of light

Dans le cinéma de Sam Mendes, tout est propre et net, chaque chose est parfaitement à la place requise, et rien de dépasse.

Empire of light ne déroge pas à cette règle : les lieux abandonnés, même envahis par les pigeons, y sont aussi propres et esthétiques que ne l'étaient les jolies tranchées proprettes de 1917

Pour ma part, cette recherche constante de perfection me fatigue. Je me lasse très vite des plans hyper-symétriques et des travellings onctueux, d'autant que le propos du film est nimbé d'une ambiance doucereuse assez indigeste. On est ici dans un monde où la dépression se matérialise par un bain avec des bougies, et la joie par un pigeon qui s'envole.

Dans cet univers aseptisé dans lequel tous les personnages secondaires semblent réduits à des caricatures ou des ectoplasmes (la mère de Stephen par exemple est très mal jouée, me semble-t-il), j'ai eu bien du mal à croire dans l'histoire d'amour qui m'était contée. Michael Ward est aussi lisse que les décors du film, et il faut le génie d'Olivia Colman pour sauver - un peu - Empire of light, et sortir le film de sa gangue de formalisme forcené.

Pour finir, ne cherchez pas ici de déclaration d'amour au septième art, la thématique de la séance de cinéma n'intervient que très tardivement dans le film, et de façon absolument accessoire.

Pour les adeptes d'esthétisme réfrigéré et de performance d'actrice.

Sam Mendes sur Christoblog : Les noces rebelles - 2008 (*)  / Skyfall - 2012 (**) / 007 Spectre - 2015 (*) / 1917 - 2022 (**)

 

2e

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States of Grace

Il y a à l'évidence quelque chose dans States of Grace qui attire potentiellement le cynisme. Une interprétation hyper-sensible de l'actrice Brie Larson, un sentimentalisme parfois un peu trop tape-à-l'oeil (exemple : la demande en mariage), des personnages un peu bisounours, un air général de "performance pour Sundance", des effets pas toujours discrets.

Et pourtant, on s'immerge avec beaucoup de douceur dans ce tableau d'une jeune femme fissurée qui gère elle-même un centre d'accueil pour enfants en difficulté. Le mérite en revient bien sûr à l'extraordinaire performance de Brie Larson, mais aussi à la mise en scène habitée de Destin Cretton. Chaque jeune filmé est en quelque sorte une voix qui constitue un choeur de souffrance, et le chant qu'entonne le film est une ode à la bienveillance, à la résilience et à l'espoir.

Le film a donc les défauts de ses qualités : il pourra paraître réaliste ou misérabiliste, naïf ou sincère. Pour ma part, il me semble être un beau morceau de cinéma écorché.

 

 3e    

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