Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christoblog

Sur les chemins noirs

Même si l'ensemble de ce film n'est pas vraiment catastrophique, il faut reconnaître que rien n'y est bon.

Le pire est peut-être la façon dont il est écrit. Le scénario alterne les prises de vues en pleine nature avec de courts flash-backs qui ne présentent généralement aucun intérêt, et qui sont de plus raccordés fort maladroitement au temps présent.

L'interprétation de Jean Dujardin, qui entre parenthèses ressemble de plus en plus à Gilles Lelouche, n'est pas très convaincante. C'est un peu dur de le dire abruptement, mais sa crédibilité en intellectuel est assez faible, et il n'incarne pas à l'écran la rugosité dérangeante de Sylvain Tesson. Les autres personnages ne sont que des silhouettes grossièrement dessinées et mises en scène d'une façon souvent pataude (l'esthétique porno chic des scènes avec Joséphine Japy par exemple).

Si comme moi vous n'êtes pas fan des aphorismes pontifiants de Tesson, vous risquez de vous ennuyer ferme, et de regretter que le vertige de la marche au long cours, et en pleine nature, ne soit pas plus sensuellement rendu.

Le film réduit l'expérience physique extrême du personnage principal (1300 km tout de même) à une enfilade de cartes postales insipides dont on s'attend à voir surgir un Michel Drucker qui lancerait un sonnant "Formidable !" au spectateur, du haut du Mont Lozère ou d'une barque sur la Loire. 

Sur les chemins noirs respire le manque de talent dans toutes ses composantes.

 

1e

Voir les commentaires

Houria

Houria souffre des comparaisons.

Tout d'abord, son thème rappelle irrésistiblement celui d'En corps : une danseuse classique se blesse, sa vie et sa santé mentale en sont bouleversées, mais elle va se reconstruire en tissant de nouveaux liens sociaux et en s'initiant à la danse contemporaine. Mais là où le film de Klapisch emportait son spectateur, certes parfois avec maladresse, le film de Mounia Meddour semble figé dans son propos, et n'exalte pas vraiment les corps. 

Je n'ai pas été bouleversé par les malheurs de Houria, et sa rédemption ne m'a semblé ni crédible, ni jouissive : il y a un manque d'incarnation dans la façon dont Lyna Khoudri danse.

L'autre comparaison dont souffre Houria, c'est celle qu'on ne manque de faire avec le film précédent de la réalisatrice, Papicha : même actrice principale, même façon façon de filmer nerveuse, thèmes semblables (une jeune fille empêchée dans la réalisation de son destin artistique par la violence de la société algérienne).

Là où Papicha touchait toujours juste (profondeur du contexte, intensité des émotions, lente évolution du contenu narratif) Houria rate à peu près tout : les péripéties sont survolées (les combats du début par exemple), les relations entre les personnages ne sont qu'esquissées et le film apparaît au final comme un gentil portrait plutôt que comme un destin brisé.

On attend maintenant que la réalisatrice Mounia Meddour mette son talent, qui est grand, au service d'une histoire plus complexe et plus ambitieuse.

Mounia Meddour sur Christoblog : Papicha - 2019 (***)

 

2e

Voir les commentaires

The whale

Darren Aronofsky est le seul cinéaste capable de produire des films qui tantôt m'enthousiasment au plus haut point (The wrestler) et tantôt m'exaspèrent comme aucun autre (Mother !).

Il y a donc toujours pour moi une curiosité inquiète au moment de découvrir un nouvel opus de ce réalisateur.

Malgré les réticences de nombreux critiques, je dois dire que j'ai cette fois-ci beaucoup aimé The whale. J'ai apprécié l'incroyable composition de Brendan Fraser, et je trouve que le personnage de Charlie (230 kilos) est filmé avec une grande tendresse, et non, comme le certains le disent, avec complaisance. Comme souvent, je pense que les accusations de complaisance reflètent au moins autant l'état d'esprit de celui qui regarde (le spectateur est gêné de voir les choses en face pour des raisons qui lui sont propres) que celui du réalisateur, qui ne fait que montrer une réalité pas toujours amusante.

J'ai aimé beaucoup d'éléments dans le film : la mécanique rigoureuse de la pièce de théâtre, la fluidité extraordinaire de la mise en scène (le film est une leçon de technique en milieu confiné), la subtilité des sentiments que le film expose et procure, la puissance de jeu de l'actrice Hong Chau.

Le seul point qui m'empêche de mettre la note maximale tient à quelques facilités un soupçon trop mélodramatiques (les flashbacks de plage par exemple). Pour le reste, The whale est décemment émouvant, et le portrait qu'il dessine d'un homme à la fois égaré et résolu est passionnant.

Darren Aronofsky sur Christoblog : The wrestler - 2008 (****) / Black swan - 2010 (****) / Mother ! - 2017 (*)

 

3e

Voir les commentaires

Concours Leila et ses frères : Gagnez 3 DVD (Terminé)

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3 exemplaires du DVD du meilleur film de 2023, selon moi (lire ma critique), Leila et ses frères.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : quel est le film précédent du réalisateur Saeed Roustaee ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 29 mars 20 h.
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite le DVD envoyé par le distributeur. NB : un des trois DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

Voir les commentaires

Petites

J'ai l'impression d'avoir vu ces dernières années beaucoup d'histoires autour de jeunes en difficulté vivant dans des centres d'accueil, accompagnés par des éducateurs "très impliqués mais néanmoins humains". Dans des genres très différents, me reviennent en mémoire : Benni, La prière, La tête haute, La Mif, Hors norme...

C'est donc avec une sorte de lassitude que je me suis rendu, avec quelques semaines de retard, à une séance de rattrapage du film de Julie Lerat-Gersant.

Bien m'en a pris : Petites est un très joli film, qui s'intéresse à une problématique peu traitée au cinéma, celle des ados dont la grossesse est trop avancée pour un avortement, et qui envisagent donc de faire naître leur enfant sous X - ou pas. 

Le sujet est ici traité avec à la fois beaucoup de délicatesse et une grande profondeur. Le script explore toutes les facettes du problème : relation avec la mère et ses amants, interaction institutions / famille, présence fantomatique du père de l'enfant. Il évite tous les pièges possibles, de la rudesse inutile à l'angélisme militant, pour faire vivre un vrai suspense psychologique et donner à voir de très beaux portraits de femme.

Une réussite à tout point de vue, servie par un casting parfait. Romane Borhinger et la jeune Pili Groyne sont impeccables.

 

3e

Voir les commentaires

Everything everywhere all at once

A quoi ressemble le grand vainqueur des Oscars 2023 ? 

Pas facile à dire : il commence comme un film d'auteur de type Sundance (avec des petits bruits bizarres qui s'expliqueront plus tard), se poursuit comme un Matrix ludique, avant de devenir un mash-up improbable de plusieurs genres (du style boum boum Marvel au spleen romantique de In the mood for love), pour se finir en comédie dramatique familiale.

Est-ce que tout cela forme un film qui tient la route ? Pas vraiment. J'ai été tour à tour intrigué, momentanément séduit, mais le plus souvent submergé par une masse d'informations, d'inputs intellectuels, de stimulis sensitifs qui donnent l'impression d'être dans un tambour de machine à laver narrative.

Dans cette avalanche d'idées en tout genre, il y a forcément quelques pépites. J'ai beaucoup aimé par exemple le monde alternatif dans lequel les doigts des humains sont remplacés par des saucisses, ou celui dans lequel les deux héroïnes sont des ... cailloux, dont les dialogues apparaissent dans des bulles (on dirait un script de Quentin Dupieux).

J'ai conscience que cette chronique, si vous n'avez pas vu le film, doit vous paraître complètement barrée, mais elle reflète assez bien la démesure non maîtrisée du gloubi-boulga pop et tendance des Daniels.

A défaut d'être pleinement convaincant, ce long clip halluciné est étonnant dans sa démesure.

 

2e

Voir les commentaires

Raining in the mountain

Je pensais progresser en wu xia pan (film de sabre chinois) en regardant un des films les plus connus du maître du genre, King Hu.  

Mais je n'ai pas choisi le bon film : Raining in the Mountain est plus une comédie burlesque qui évoque Molière (j'ai pensé à Scapin notamment), mâtiné de réflexion philosophique sur le sens de la vie. Les premiers vrais combat n'arrivent dans le film que vers la fin, et ils ne m'ont pas vraiment plu. S'ils sont extraordinaires (les combattants volent réellement, et ce n'est pas une métaphore), la réalisation de 1973 est un peu datée (Tigres et dragons, et tous les autres, sont depuis passés par là).

L'intérêt de Raining in the mountain réside donc plutôt pour moi dans son aspect de comédie morale : il y a dans le film des méchants très politiques, des sages rudement malins, de courageux gentils qui ont bien du mal à parvenir à leurs fins, des voleurs qui s'amendent et une foule de rebondissements autour d'un mystérieux parchemin. 

Ce Nom de la rose chinois se déroule dans un écrin formidable, un monastère immense et qui semble souvent déserté, dans lequel les personnages s'agitent inutilement, un peu comme si leurs préoccupations, pour la plupart mesquines, s'égaraient dans le grand vide de la méditation bouddhique.

Une découverte profondément originale : je n'avais jamais rien vu de tel.

 

2e

Voir les commentaires

Glass onion

On retrouve dans cette deuxième histoire "A couteaux tirés" la plupart des éléments qui faisaient le sel du premier opus : un Daniel Craig à la fois perspicace et délicieusement lunaire (ces vêtements !), des personnages typés, une intrigue à tiroir, un décor très bien exploité.

Le film se regarde donc avec un plaisir distrait. J'ai apprécié la composition d'Edward Norton en méchant manipulateur, la magnificence des décors futuristes, la complexité de l'histoire. Contrairement au film précédent, qui déroulait une intrigue linéaire dans laquelle le coupable potentiel changeait régulièrement, Glass Onion s'appuie sur un effet Rashomon géant : on revoit dans la deuxième partie tous les évènements de la première partie sous un angle différent. C'est très plaisant.

Ceci étant dit, j'ai légèrement préféré A couteaux tirés, pour lequel l'effet de surprise était complet, et qui me semblait un peu plus dense et maîtrisé.

La précision de l'écriture et les performances d'acteur méritent tout de même que vous regardiez ce joli divertissement.

 Rian Johnson sur Christoblog : Looper - 2012 (**) / Star wars - Les derniers Jedis - 2017 (**) / A couteaux tirés - 2019 (***)

 

2e

Voir les commentaires

Concours Un varón : Gagnez 3x2 places (Terminé)

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3x2 places pour découvrir le film colombien Un varón présenté à la dernière Quinzaine des Réalisateurs, et qui sort le 15 mars.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : dans quel ville se déroule l'action du film  ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 15 mars 20h
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite les places envoyé par le distributeur. NB : un des trois lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)

Voir les commentaires

Mon crime

Ce dernier opus de François Ozon est une sucrerie acidulée et colorée.

Une pièce de théâtre oubliée et un peu ringarde des années 30 est ici le véhicule d'un propos délibérément dans l'air du temps, important sur le fond (les femmes actrices de leur accomplissement, contre les hommes en majorité malfaisants) et léger sur la forme (les personnages sont réduits à des silhouettes, les jeux de mots approximatifs pleuvent à volonté, le film est émaillé de citations cocasses).

Il ne faut donc chercher ici ni profondeur psychologique, ni mise en scène ébouriffante, ni écriture élaborée : nous sommes dans un monde de carton-pâte dans lequel chaque acteur/trice fait son petit numéro, par ailleurs convaincant dans l'ensemble, dans un registre qui relève plus du théâtre de boulevard que du film d'auteur. Les artifices de mise en scène (les inserts en noir et blanc, les coupures de journaux du générique de fin) relèvent clairement du burlesque.

L'ambiance est donc à l'amusement, et la dose de poison et de mauvais esprit qu'Ozon aime instiller habituellement dans ses films est ici très, très légère. J'avais pour ma part préféré Potiche, dans le genre "numéro d'acteur + guimauve + comédie noire".

Mon crime est un divertissement honorable devant lequel il est légitime de sourire, et qui a également le mérite de mettre sur le devant de la scène deux grandes actrices, Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz (un couple à la Audrey Hepburn / Marylin Monroe), qu'on n'a pas fini de voir sur les écrans.

François Ozon sur Christoblog : 8 femmes - 2001 (**) / Swimming pool - 2003 (**) / Angel - 2007 (*) / Potiche - 2010 (***) / Dans la maison - 2012 (**) /  Jeune et jolie - 2013 (*) / Une nouvelle amie - 2014 (***) /  Frantz - 2016 (***/ L'amant double - 2017 (**) / Grâce à Dieu - 2019 (****) / Eté 85 - 2020 (**) / Tout s'est bien passé - 2021 (**)

 

2e

Voir les commentaires

La romancière, le film et le heureux hasard

On peut classer les films de Hong Sang-Soo en 3 grandes catégories : les comédies grinçantes décortiquant les relations humaines et en particulier les relations hommes femmes (plutôt le début de sa carrière), les essais conceptuels souvent accompagnés d'une déstructuration du récit (plutôt son milieu de carrière) et enfin les récits dépouillés teintés de spleen, qui creusent une veine plus onirique ou plus sensible (plutôt ses derniers films).

La romancière, le film et le heureux hasard s'inscrit bien dans cette dernière catégorie. Le personnage principal est une romancière d'un certain âge qui ne parvient plus à écrire. Elle rencontre une jeune comédienne qui ne tourne plus. Leur rencontre, qui ne se produit que par la grâce d'un heureux hasard, conduira à la réalisation d'un film, sorte d'épiphanie inespérée pour l'une et l'autre, illustrant le titre du film, qui en est donc aussi le programme.

Le connaisseurs retrouveront ici les tics du réalisateurs (tablée s'abreuvant d'alcool, morceaux de dialogues voyageant de bouche en bouche, moment de gêne intense, zooms grossiers), mais le plus important se situe ici dans la grande délicatesse du projet, aboutissant finalement à un très beau "Je t'aime" lancé par l'actrice Kim Min-hee à son compagnon réalisateur.

Il y a dans cet opus de très bonnes choses (une photographie en noir et blanc très particulière, des scènes d'anthologie - comme celle dans laquelle le réalisateur se fait brutalement congédier), mais aussi de longs moments durant lesquels on a vaguement l'impression qu'il s'agit de meubler. Le tout est émaillé d'étrangetés propres au cinéaste (comme la dispute en voix off de la toute première scène) qui suscite ce frisson de stimulation intellectuelle propre au cinéma de Hong Sang-Soo.

Un film qui intéressera les fidèles, et qui ennuiera probablement les autres. Comme d'habitude !

 

2e

Voir les commentaires

La grande magie

Quel drôle de projet !

Noémie Lvovsky nous propose un film en costume, dans une ambiance bourgeoise et champêtre. Cela m'a inévitablement rappelé Ma loute, de Bruno Dumont, d'autant plus que dans les deux cas, les acteurs n'hésitent pas à surjouer.

On peut donc dire que La grande magie ne se situe pas dans les courants les plus contemporains du cinéma français, d'autant plus qu'il se permet d'être une comédie musicale, dont les morceaux sont écrits par Feu! Chatterton. Si à ce stade, vous n'avez pas encore fui, j'ajouterai que l'histoire qui nous est racontée est profondément triste, et que la fin du film est d'une noirceur extrême.

Malgré tous ces éléments disparates et pas forcément attractifs, le film possède un charme propre qui m'a tout de même séduit. Cela est peut-être dû à l'envie de cinéma que dégage la mise en scène de Noémie Lvovsky, au charme irrésistible qui émane de la jeune Rebecca Marder, à la délicate fragilité de l'excellente Judith Chemla, à l'abattage comique de l'ogre Sergi Lopez, ou à mon état d'âme conciliant le soir de la projection.

En résumé, je serais bien en peine de vraiment le conseiller (trop risqué !), mais pour ma part j'ai passé un très bon moment, me régalant de tant d'originalité sombre, réjouissante et décalée. 

Noémie Lvovsky sur Christoblog : Camille redouble - 2012 (****) / Demain et tous les autres jours - 2017 (***)

 

2e

Voir les commentaires

Empire of light

Dans le cinéma de Sam Mendes, tout est propre et net, chaque chose est parfaitement à la place requise, et rien de dépasse.

Empire of light ne déroge pas à cette règle : les lieux abandonnés, même envahis par les pigeons, y sont aussi propres et esthétiques que ne l'étaient les jolies tranchées proprettes de 1917

Pour ma part, cette recherche constante de perfection me fatigue. Je me lasse très vite des plans hyper-symétriques et des travellings onctueux, d'autant que le propos du film est nimbé d'une ambiance doucereuse assez indigeste. On est ici dans un monde où la dépression se matérialise par un bain avec des bougies, et la joie par un pigeon qui s'envole.

Dans cet univers aseptisé dans lequel tous les personnages secondaires semblent réduits à des caricatures ou des ectoplasmes (la mère de Stephen par exemple est très mal jouée, me semble-t-il), j'ai eu bien du mal à croire dans l'histoire d'amour qui m'était contée. Michael Ward est aussi lisse que les décors du film, et il faut le génie d'Olivia Colman pour sauver - un peu - Empire of light, et sortir le film de sa gangue de formalisme forcené.

Pour finir, ne cherchez pas ici de déclaration d'amour au septième art, la thématique de la séance de cinéma n'intervient que très tardivement dans le film, et de façon absolument accessoire.

Pour les adeptes d'esthétisme réfrigéré et de performance d'actrice.

Sam Mendes sur Christoblog : Les noces rebelles - 2008 (*)  / Skyfall - 2012 (**) / 007 Spectre - 2015 (*) / 1917 - 2022 (**)

 

2e

Voir les commentaires

Concours Comme une actrice : Gagnez 3x2 places (Terminé)

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3x2 places pour découvrir le nouveau film de Sébastien Bailly.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : dans quel film de Bertrand Tavernier Julie Gayet a-t-elle joué  ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 8 mars 20h
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite les places envoyé par le distributeur. NB : un des trois lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)

Voir les commentaires

La syndicaliste

La syndicaliste s'essaye à plusieurs styles, mais ne parvient à être convaincant dans aucun d'entre eux. 

Le film esquisse par exemple une explication de l’imbroglio ayant impliqué Areva et EDF, mais la façon dont le scénario survole les enjeux de ces grandes manœuvres n’aide en rien la compréhension des évènements. Il n'est donc pas un bon film politique.

La syndicaliste dresse également le portrait d’une militante de la CFDT dans l’exercice de son métier, mais c’est peu dire qu’Isabelle Huppert approche ici le degré 0 de la crédibilité : on a l’impression que le métier de syndicaliste consiste à répondre au téléphone, faire des effets de manches et se dorer la pillule au bord du lac d’Annecy dans une maison dont la valeur doit approcher les deux millions d’euros au bas mot. 

Alors peut-être le film est il un thriller métaphysique qui montre à quel point la vérité est difficile à saisir ? Cela aurait pu être le cas, à condition de ménager un suspens plus équilibré jusqu’à la fin du film, par exemple en prêtant à l'enquêteur un comportement un peu moins antipathique (Pierre Deladonchamps est plus caricatural que jamais en méchant flic).

Tentons une dernière hypothèse : La syndicaliste serait avant tout un beau portrait de femme. Cela aurait été à mon avis le meilleur film à faire, mais il aurait fallu une interprète plus subtile qu’Isabelle Huppert, qui ne sait plus jouer qu'elle même en train de jouer l'inflexibilité résolue.

Au final, voici le film que j'ai vu : l’illustration maladroite d’un fait divers passionnant, assez mal réalisée et souffrant d'un problème de rythme, recouverte d’un vernis politico-féministe inoffensif.

 

2e

Voir les commentaires

Le retour des hirondelles

Le retour des hirondelles réussit ce que peu de films parviennent à faire : filmer avec grâce le dénuement.

Pendant 2h13, la caméra suit au plus près les corps et les visages des deux acteurs principaux : lui est un pauvre hère taciturne et timide, elle est une femme méprisée, battue et incontinente.

Nos deux héros modestes et honnêtes ne fréquentent personne. Il ne sont victimes d'aucun méchant maléfique : ils ne doivent finalement que survivre, c'est à dire construire une maison, cultiver du blé et du maïs, honorer les ancêtres en brûlant du papier monnaie, apprendre à se connaître, et ce faisant, à s'aimer. 

Le propos est ténu, et il faut beaucoup de talent pour faire de cette histoire d'amour en creux une oeuvre intéressante. Le jeune réalisateur chinois Li Ruijun réussit ici un coup de maître. Sens du rythme imparable, adaptation continuelle aux conditions (le temps qu'il fait est un personnage du film), photographie splendide, sens du cadrage : tout indique qu'on tient ici un futur grand nom du cinéma asiatique.

Emotions et beauté, un premier film très prometteur.

 

3e

Voir les commentaires

Falcon lake

Ce premier film de Charlotte LeBon est formidable par sa forme.

Sa photographie crépusculaire, ses cadres de Polaroïd et son atmosphère moite, ses acteurs sensibles : tout cela contribue à donner à Falcon lake la patine d'un souvenir humide et cotonneux.  

La mise en scène aérienne de Charlotte LeBon fait merveille dans ce registre sensible.

L'intrigue n'est malheureusement pas totalement à la hauteur des autres qualités du film, et Falcon Lake n'avait notamment pas besoin de cette fin bancale, qui se veut ouverte et mystérieuse, mais qui ne fait qu'embrouiller un propos jusqu'alors limpide.  

Charlotte LeBon prend ici rendez-vous, et on a hâte de voir comment elle va négocier le délicat tournant du deuxième film.

 

2e

Voir les commentaires

La nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé

La première série de Xavier Dolan commence bien.

J'ai été intrigué par les deux premiers épisodes, pendant lesquels je me suis vraiment demandé quels étaient les ressorts qui agitaient les différents personnages, tous plus déjantés les uns que les autres.

La mise en scène est dolanienne, fiévreuse, près des visages. Le québécois ne recule pas devant les passages obligés du format série : cliffhangers, effets faciles, rebondissements divers. Anne Dorval est formidable et Julie LeBreton une vraie découverte.

Malheureusement, mon intérêt a nettement baissé à partir du troisième épisode pour plusieurs raisons. Tout d'abord, j'ai deviné assez tôt ce qui s'était vraiment passé lors de la fameuse nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé, ce qui, évidemment, nuit à l'intensité du suspense. La disparition du personnage de la mère nuit également beaucoup à la qualité de la série : en son absence, j'ai eu l'impression que les enfants ne faisaient que meubler un temps imparti, et que les longueurs se multipliaient.

La mise en scène finit par lasser, les intrigues secondaires (Eliott et sa copine, la vie sexuelle de Chantal, l'avenir du couple Julien/Chantal) tournent court, et les flashbacks lourdingues ne sont pas du meilleur goût.

Au final, cette mini-série de cinq épisodes laisse un arrière goût d'inachevé. Dolan peut sûrement mieux faire.

 

2e

Voir les commentaires

Black book

Parfait.

Voilà le mot qui me vient à l'esprit pour résumer ce que je pense de ce film de Paul Verhoeven, vraiment à la hauteur de l'excellente réputation dont il bénéficie (4,1 presse et 4,0 spectateurs sur Allociné).

L'écriture de Black book est remarquable. Chaque scène suit la précédente avec une précision chirurgicale, donnant à la narration un rythme époustouflant. Le script ne fait pourtant aucune concession à la facilité : l'intrigue est complexe, constituée de nombreux chausse-trappes, mais paradoxalement limpide à suivre.

La mise en scène de Verhoeven fait merveille. Les Pays-Bas sous domination nazie sont reconstitués avec un brio bluffant : la caméra du néerlandais virevolte, survole et se faufile dans des décors de toute beauté.

L'interprétation est enfin parfaite. L'actrice Carice van Houten crève l'écran, radieuse et combattante, séduisante et déterminée. Elle campe une héroïne comme on en a rarement vu au cinéma. On a aussi beaucoup de plaisir à retrouver Sebastian Koch (La vie des autres, L'oeuvre sans auteur), impeccable. Tous les personnages secondaires, et il y en a beaucoup, sont très convaincants.

Il y enfin la patte provocatrice de Verhoeven, ici atténuée et mise au service de l'histoire, mais qui donne au film une tonalité de réalisme absolu et adulte, puisque sexe, violence, humiliation et mort cruelle sont montrés frontalement.

Un film admirable, un des plus forts réalisés sur la seconde guerre mondiale et peut-être le meilleur de son auteur.

Paul Verhoeven sur Christoblog : Total recall - 1990 (**) / Elle - 2016 (****) / Benedetta - 2021 (***)

 

4e

Voir les commentaires

The Fabelmans

Certaines des dernières productions de Steven Spielberg (Le bon gros géant, West side story, Cheval de guerre) me donnaient l’impression que sa carrière amorçait une pente descendante, de celles qui mènent progressivement à l’académisme formaté, aux bons sentiments naphtalisés.

Je n’attendais donc pas grand-chose de The Fabelmans, dont le sujet ouvertement autobiographique laissait plutôt augurer d’un regain de sentimentalisme engoncé à haut potentiel lacrymal.

Je me trompais.

Ce nouvel opus est un bijou qui déjoue tous mes pronostics. Si la forme a bien cette patine un peu proprette et légèrement artificielle qui prévaut chez Spielberg depuis une dizaine d'année, le fond explore des domaines d’une grande complexité.

The Fabelmans est avant tout pour moi un magnifique portrait de femme. Michelle Williams trouve probablement ici son meilleur rôle : drôle, séduisante, fragile, forte. Elle campe à merveille cette femme qui se souhaiterait libre, mais est née à la mauvaise époque. Tour à tout explosive et dépressive, elle introduit dans le film une part d’instabilité chronique qui en fait une grande œuvre et lui donne ce rythme un peu lâche, peu habituel chez Spielberg.

Le second grand sujet du film est évidemment la réflexion sur le pouvoir du cinéma, génialement traité à travers de multiples étapes tirés de la vie du cinéaste. Deux sont particulièrement émouvants : les plans accidentels qui révèle l’infidélité de la mère (on pense évidemment à Blow up) et surtout la leçon de cinéma que constitue le reportage effectué à la plage. Durant cette dernière séquence, j’ai été littéralement bluffé par la démonstration que fait Spielberg de l’art du réalisateur : on aura rarement aussi bien montré comment le cadrage, le choix de ce qu’on filme, l’emplacement de la caméra et le montage donnent du sens à l’œuvre finale. Du très grand art.

Je pourrais encore évoquer mille aspects du film, de la direction artistique irréprochable à l’apparition extraordinaire de David Lynch dans un rôle improbable, mais cela m’obligerait probablement à trop dévoiler du film.

The Fabelmans se pose d’ors et déjà comme un des meilleurs films de l’année et je vous conseille, une fois n’est pas coutume, de consulter les 25 pages que lui consacrent les Cahiers du Cinéma ce mois-ci. A découvrir absolument.

Steven Spielberg sur Christoblog : Cheval de guerre - 2011 (*) / Lincoln - 2012 (**) / Le pont des espions - 2015 (***) / Pentagon papers - 2017 (***) / West side story - 2021 (**)

 

4e

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 > >>